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gieuses; elles avalent peut-être aussi de petits poissons, mais elles ne s'attaquent jamais à de gros animaux: en réalité, les baleines sont des êtres fort inoffensifs.

Les navires baleiniers, destinés à faire de longues campagnes et à être aventurés dans des régions inhospitalières, sont construits solidement, et, en général, du port de trois à cinq cents tonneaux. Suivant leur dimension, ils sont équipés de six ou huit fortes chaloupes et sont montés par trente à cinquante hommes. Un grand nombre de harpons, de lances, de crocs servant à haler les baleines, de grands couteaux, des haches et des cordages de toutes sortes, sont entassés à bord.

Pendant longtemps on chassait les baleines surtout dans les mers du Nord. Les côtes du Groënland, du Spitzberg, de l'Islande, de la Norwége, etc., étaient particulièrement explorées. On en prenait aussi sur les côtes de l'ouest de la France. Dans ces dernières années, il en est venu échouer quel ques-unes vers l'embouchure de la Seine; mais aujourd'hui le cas est trop rare pour que l'on songe à exercer cette pêche si près de nous.

Durant le siècle dernier, les Basques pratiquaient la pêche des baleines sur leurs propres côtes. Chaque année, principalement vers les mois d'act et de septembre, on en voyait depuis le cap Finistère jusqu'à l'embouchure de la Gironde. Saint-Jean-de-Luz a été l'un des ports les plus célèbres pour ja chasse de la baleine; mais ce port avait un fond de roches; des bancs de sable venaient de plus en plus en fermer l'entrée; à ces obstacles s'ajoutait la rareté plus grande des baleines. La chasse fut à peu près abandonnée dans ce pays vers 1760. A cette époque encore, un mémoire avait été adressé au roi ; on demandait que le port de Saint-Jean-de-Luz fût amélioré. On n'obtint rien de ce côté; ce fut bientôt une industrie de moins pour le pays. Il fallut, en France, acheter des Hollandais l'huile et les fanons, que nos pêcheurs n'y procuraient plus.

Il est à peine besoin de dire quel avantage on retirait de la pêche pratiquée sans déplacement. La présence des baleines se manifestait par le bruit qu'elles font en rejetant l'eau par leurs évents; alors les canots se mettaient à la mer; on allait harponner les énormes cétacés, pour les tirer ensuite à terre, les y dépecer et convertir leur lard en huile sur la place même.

La pêche de la baleine pouvant donner des produits considérables, et cette industrie ayant l'avantage de former de bons marins, des hommes endurcis, les gouvernements ont souvent encouragé les expéditions.

Il y eut en Angleterre une Compagnie établie pour faire la pêche des baleines au Spitzberg, au Groënland et dans le détroit de Davis. Le Parlement d'Angleterre accordait une gratification de 40 shillings par tonneau aux navires qui armaient pour ces expéditions.

Plus tard, les Hollandais furent les plus nombreux à rechercher la baleine dans ces contrées, et les Anglais visitèrent de préférence les côtes de l'Amérique septentrionale.

Le Spitzberg a été pendant longtemps une sorte de rendez-vous des baleiniers de toutes les nations. Chaque peuple avait son port particulier, ses chaudières et tous les ustensiles nécessaires pour extraire l'huile.

Les Etats généraux de Hollande ont souvent accordé des patentes à des particuliers pour faire la pêche sur ces côtes.

Pierre ler, de Russie, voulut aussi, pour former des marins, introduire dans ses Etats la pêche de la baleine. Il y eut, dans ce but, de grands préparatifs en 1719: le projet fut momentanément abandonné par suite de sa mort; mais, en 1725, la czarine ordonna l'installation d'un établissement pour cette pêche; elle s'engageait à fournir aux vaisseaux baleiniers les vivres et les instruments nécessaires. On vint même à Saint-Malo engager quelques harponneurs expérimentés.

La France ne paraît pas avoir moins fréquenté les parages du Nord que les nations voisines; maintenant c'est surtout dans l'océan Pacifique que se rendent nos baleiniers, et le nombre n'en est pas considérable. Sous l'Em: pire, il n'était plus question, en France, de la pêche de la baleine. Le 8 février 1816, parut une ordonnance par laquelle le gouvernement offrait une prime considérable aux armateurs. Dans les premières années, les équipages devaient être composés à la fois de matelots étrangers ayant pratiqué cette pêche, et de marins français destinés à l'apprendre. Plus tard, la prime fut augmentée pour les baleiniers dont les équipages et les officiers étaient tous Français. Notre port du Havre est le seul aujourd'hui où l'on arme pour cette pêche; encore n'en part-il chaque année que bien peu de navires. En 1852, deux navires baleiniers seulement sont entrés dans le port du Havre, cinq en sont partis.

Les parages de l'île de Socotora, au sud de l'Arabie, ont souvent été explorés avec succès. A une époque, les baleines étaient abondantes aussi dans la mer du Japon, dans le voisinage des îles Philippines; on assure qu'on en rencontrait jadis en quantité prodigieuse au cap de Galles, à la pointe de Ceylan.

Dans la baie de Sainte-Hélène, de Saint-Vincent, au nord de Corée, vers le cap de Bonne-Espérance, cette pêche a été souvent fructueuse, mais partout la diminution des grands cétacés n'a cessé de se faire sentir; aujourd'hui les baleines ne sont même plus fort abondantes dans les glaces des deux pôles, qui sont encore, toutefois, les régions les plus productives.

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A peu près partout, la pêche de la baleine a lieu de la même manière. Des hommes sont placés en guetteurs, soit sur des parties élevées de la côte, soit sur les hunes du navire, pour apercevoir les baleines qui viennent se montrer à la surface de l'eau. Quand un de ces animaux a été signalé, les chaloupes sont aussitôt mises à la mer et, à force de rames, l'on tâche de s'en approcher. Parvenus près de l'animal, les harponneurs lui lancent leurs terribles instruments, la baleine, se sentant blessée, plonge avec une étonnante rapidité; il devient nécessaire de laisser filer avec une grande prestesse la corde aux harpons; les rameurs se hâtent de suivre la direction prise par l'animal, pour éviter que la chaloupe ne soit chavirée. La baleine reparaissant à la surface de l'eau, de nouveaux harpons lui sont lancés. Enfin, quand elle est épuisée par la perte de son sang, on l'achève à coup de lances et de masses.

Le métier de harponneur demande beaucoup d'adresse; il y a de ces marins expérimentés qui réussissent à lancer leur instrument à l'endroit le plus favorable, c'est-à-dire au-dessus des nageoires. Les hommes bien exer

cés connaissent d'avance, presque à point nommé, l'instant où l'animal va revenir respirer; ils dirigent la chaloupe en conséquence pour être prêts à jeter le harpon au moment propice. On conçoit aisément pour quelle part est l'adresse des hommes dans les résultats de la pêche. Parfois, de petits navires, montés par un faible équipage, se trouvent, après une campagne, mieux pourvus que de gros bâtiments, montés par un équipage nombreux relativement.

L'huile est d'un usage si général, que, chez toutes les nations maritimes, même les plus arriérées en civilisation, on s'est livré à la pêche de la baleine. Les moyens employés par quelques peuples sont trop curieux dans leur simplicité pour n'être pas rapportés ici. Sur les côtes du Japon, où l'on se sert aussi des embarcations et des harpons, on cherchait à forcer les baleines à se réfugier dans une anse. Ce premier résultat obtenu, on fermait la communication avec la mer au moyen de grands filets de cordes, de façon à retenir les gros cétacés jusqu'au moment où la marée descendante les faisait échouer.

On a souvent cité le merveilleux procédé à l'usage des sauvages de l'Amérique du Nord pour s'emparer d'une baleine. Un de ces animaux a-t-il eté aperçu, quelques hommes se jettent dans un canot pour aller le joindre, et cela sans être pourvus d'autres ustensiles que de plusieurs chevilles de bois et d'une petite masse. Au moment où la baleine reparaît assez près de l'embarcation, un homme se précipite sur son dos; il gagne la tête et enfonce une de ses chevilles dans l'un des évents; la baleine s'enfonce dans l'eau; le sauvage, qui est habile nageur, se tire d'affaire et regagne son embarcation pour attendre de nouveau l'animal. Dès qu'il reparaît, l'homme recommence sa manœuvre pour aller enfoncer une cheville dans le second évent; la baleine, ne pouvant plus respirer, se jette ordinairement vers la côte, où les Indiens parviennent facilement à la tuer.

VI.

Nous venons d'indiquer sommairement les moyens de pêche de la bajeine: un mot maintenant de la rude préparation à faire, quand on s'est emparé d'un de ces énormes cétacés. Suivant les parages où l'on se trouve, l'animal est tiré à terre, ou hissé sur le flanc du navire, de façon à être élevé au-dessus de l'eau, pour être dépecé. Les hommes chargés de couper le gras sont entièrement habillés de cuir. Avec de grands couteaux ils enlèvent d'abord une première pièce près de yeux; c'est la tranche la plus grande et la plus épaisse. On taille ensuite d'autres pièces le long du dos, sur les côtés et sous le ventre. Ces grandes pièces sont hissées à bord, où d'autres hommes les taillent par morceaux et les jettent dans de vastes chaudières placées sur de grands fourneaux. C'est ainsi que l'on fond la graisse. Lorsqu'une baleine est entièrement dépecée et ses fanons enlevés, on abandonne le corps, qui flotte à la dérive et bientôt sert de pâture aux oiseaux de proie et aux poissons voraces.

Dès que le gras commence à fondre, on le verse dans une chausse le conduisant dans des cuves de bois, où l'on a eu soin de mettre de l'eau; P'huile surnage et les corps étrangers se précipitent an fond. Pour refroidir

l'huile et la clarifier le mieux possible, on l'arrose fréquemment avec de P'eau, et, ainsi préparée, on la verse dans des barriques.

Certains baleiniers rapportent tout simplement le gras dans leurs barriques; mais ce mode, plus expéditif, a le grave inconvénient d'infecter le navire et de donner un chargement plus considérable pour le même produit. En outre, on assure que l'huile retirée de cette graisse conservée pendant longtemps est toujours de qualité inférieure.

L'exploitation des animaux marins est une source de grandes richesses pour les nations; nous en avons vu un côté, il nous en reste beaucoup d'autres à examiner. (Nouveau journal des Connaissances utiles.}

EMILE BLANCHARD.

BOURSE DE PARIS. Octobre 1854. L'impatience du résultat principal de l'expédition de Crimée, encore plus que la longueur inévitable d'une opération aussi importante qu'un siége en règle, ont paralysé presque entièrement les mouvements sur les fonds publics, qui se sont encore assez bien soutenus, bien qu'ils fussent à des cours regardés généralement comme élevés. Les actions de banques et de chemins de fer ont généralement monté, mais toutes ne se sont pas maintenues au-dessus du cours d'ouverture du mois. La Banque de France, le Crédit mobilier, le Nord, l'Est, le Lyon, la Méditerranée, le Cherbourg et le Grand Central, sont les valeurs qui ont montré le plus de dispositions à se maintenir en hausse. Le Crédit foncier (actions et obligations), Saint-Germain, Orléans, Havre, Genève, Saint-Rambert, Midi et Dieppe, sont restés, au contraire, plus faibles qu'au commencement du mois. Les Rouen et Ouest ont été sans variations.

La hausse sur les actions du Crédit mobilier est due à l'importante opération qu'il vient de contracter avec le gouvernement autrichien; on sait que de concert avec plusieurs maisons allemandes et entre autres la Banque de Darmstadt, il s'est chargé de l'achat, moyennant deux cents millions 1o des lignes du chemin de fer autrichien, partant de la frontière de Saxe (ligne de Dresde) et aboutissant à Sémendria, sur le Danube, après avoir passé par Prague, Olmultz, Brunn, Presbourg, Pesth et Temeswar, ainsi que de la concession du petit chemin de fer de Cravicza à Banasch. Sur une longueur totale de 1,176 kilomètres, il n'en reste que 112 à achever, et 83 à construire complétement; 2o de la mine de houille de Brandeisch; 3° d'une superficie de 30 à 40 kilomètres carrés, à choisir dans le bassin houiller de Fonfkirchen; 4° de diverses propriétés industrielles et domaniales de l'Etat. Le gouvernement autrichien garantit à la Compagnie un minimum d'intérêt de 5 pour 100. La Société à laquelle le Crédit mobilier fera apport sera au capital de 300 millions; les 100 millions de surplus étant destinés, tant à l'achèvement du chemin de fer qu'à la mise complète en opération (fonds de roulement compris) de toutes les concessions obtenues 1.

1 Voir un article détaillé sur cette grande opération industrielle et financière, plus haut, p. 250.

Les fonds étrangers et les valeurs industrielles se sont ressentis de l'absence de nouvelles concluantes du théâtre de la guerre; elles n'out donné lieu qu'à fort peu d'affaires.

A. COURTOIS.

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(1852), jouiss. 22 septembre 1854.
(1825), jouiss. 22 septembre 1854.
(Emp. 1854), jouiss. 22 sept. 1854.
%, jouiss. 22 septembre 1854.

% jouiss. 22 juin 1854...........
3 % (Emp. 1854), jouiss. 22 juin 1854.....
Banque de France, jouiss. juillet 1854..
Crédit foncier, actions, jouiss. juill. 1854..
obligations j. mai 1854....
j. mai 1854...
Tout. Crédit mobilier, jouiss. juill. 1854...
Tout. Paris à Saint-Germain, jouiss. oct. 1854..
Tout. Paris à Orleans, jouiss. Oct. 1854..
Tout. Paris à Rouen, jouiss. juillet 1854.......
»Tout. Rouen au flavre, jouiss. oct. 1854....
Strasbourg à Båle, jouiss. janvier 1854...
Nord, jouiss. juillet 1854........
Est (Paris à Strasbourg), jouiss. avril 1854.
nouvelle émission
Paris à Lyon, jouiss. juill. 1854.
Lyon à la Mediterranée, jouiss. oct. 1854.
Lyon à Genève, jouiss. juill. 1854....
Ouest, jouiss. oct. 1854......

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1000 Obl. ville 1849.j oct. 54 1060 1000 1852, j. juill. 1854 1185 1000 Obl. Seine, j. juill. 1854 1010 1000 Obl.liste civ., j.mai 1854 1050 100 Belgiq. 3%, J.août 1854 4 1/2, j. mai 1854 100 Piém., 5%, j. juill. 1854 100-3%, j. jul. 1854... 1000-Obl. 1834, j. juill. 1854 1005 1000-Obl. 1848,j. oct. 1854 1000-Obl. 1851, j. août 1854 100 Rome, 5%, J. juin 1854 100 Autriche,5,Ang.j.j.54 100---- 5%.. 100 Naples, 5%, cert. Roths. 100 Espag.3%,ext.j.juill. 54 109-3 int., j. Juill. 1854 100-3, differ., j. jul. 54 1000 Haiti. Ann.,j. juill. 1844 100 toll. 2 1/2 %, j. juill. 54 100 Turquie, 6%...... 532 50 Banque de Darmstadt..

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Situation de la BANQUE DE FRANCE ET DE SES SUCCURSALES, aux 8 juin, 13 juillet, 10 août, 14 septembre, 12 octobre et 9 novembre 1854. — Du 12 octobre, jour du précédent compte rendu mensuel de la Banque, au 9 novembre, époque de la dernière situation, l'encaisse métallique a subi une notable diminution. Cette diminution s'élève à près de 50 millions, et se partage entre Paris et les succursales; savoir: près de

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