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cultivée; de sorte qu'en évaluant au huitième de la surface totale, o millions environ d'hectares, l'étendue susceptible d'être drainée avantage, on doit être bien près de la vérité, tandis que la surface que entière de l'Angleterre en avait besoin. On y travaillait littérale dans l'eau, et l'assainissement, sous toutes ses formes, avait toujour la difficulté principale de la culture.

Secondement, le défaut d'argent chez la plupart de nos propriét et cultivateurs. On peut varier beaucoup sur le prix de revient du nage, mais on admet assez généralement que la moyenne est de 2 par hectare; or, comment demander une dépense de 250 fr. par he à des gens qui n'ont même pas les moyens de faire des avances moins coûteuses, comme l'augmentation et l'amélioration du bétail troduction de quelques machines, etc.?

Troisièmement, le peu de diffusion des connaissances agricoles. suffit pas de drainer une terre humide, il faut encore savoir en partie après qu'elle est drainée; et si vous n'avez pas d'avance adop bon assolement, si vous ne connaissez pas la culture des prairies cielles, si vous reculez devant l'emploi bien entendu des amende et des engrais, si enfin vous n'êtes pas en mesure de faire utile d'autres dépenses, qui sont comme le complément de celle-là, vou quelque raison de ne pas l'entreprendre : avant de perfectionner l'i ment, il faut commencer par perfectionner l'ouvrier.

En un mot, le drainage, tel qu'on entend aujourd'hui ce mot, à-dire l'assainissement par tuyaux souterrains de terre cuite, suppo état agricole si avancé, qu'il n'est possible que dans les parties les riches de la France; partout ailleurs, il ne peut être pour long qu'une exception.

Je ne puis donc partager complétement les espérances qu'on mettre dans la propagation de ce nouveau moyen de production, pu par lui-même, sans aucun doute, quand il est employé à propos. peu à la portée de l'immense majorité des agriculteurs français. l'état actuel de notre agriculture, sur la plus grande partie du terri il y a plus d'un progrès qui doit passer avant celui-là, comme plus ple, plus facile, moins cher, plus généralement adapté aux cond ordinaires du sol et du climat. Essayer d'introduire le drainage pa avant de s'être rendu compte, non-seulement du degré d'hu du sol, mais des autres conditions agricoles et économiques, c'est, me permette cette expression rurale, mettre la charrue avant les b

Cette réserve faite, il n'en reste pas moins vrai que ce drai comme le pratiquent aujourd'hui les Anglais, est une invention me leuse qui doit changer la face des terres humides, et que, parto cette humidité coïncide avec les capitaux, les débouchés et les co sances agricoles, on n'a rien de mieux à faire, même en France, q se mettre à l'œuvre.

Le gouvernement a donc eu raison de rendre une loi pour faciliter ce drainage; cette loi sera, pour les pays arriérés et pauvres, ce qu'a déjà été une loi non moins utile en principe, celle de 1845 sur l'irrigation, une lettre morte; mais elle profitera plus que la loi sur l'irrigation à l'agriculture française, parce que les parties de la France où le drainage est avantageux sont, en général, plus riches et plus en état de faire des avances que celles où l'irrigation serait productive.

En même temps, les hommes spéciaux font très-bien de multiplier les études, les publications, les expériences sur ce sujet; quand on n'arriverait ainsi à faire drainer qu'un million d'hectares, par exemple, ce serait énorme; car, quand le drainage est possible et efficace, il n'y a pas d'argent mieux placé, soit dans l'intérêt public, soit dans l'intérêt privé. Voilà ce qui fait l'importance réelle du Manuel du drainage, par M. Barral, L'art du draineur est devenu un art difficile, compliqué, qui exige la connaissance de toutes les sciences, chimie, physique, mécanique, etc. C'est, comme nous disions à l'Institut national agronomique, du génie rural. Pour apprécier si une terre a besoin d'être drainée, à quelle profondeur et à quelle distance doivent être placés les drains, comment on peut leur donner la pente nécessaire, les faire jeter les uns dans les autres, assurer l'écoulement de l'eau au dehors, il faut de véritables ingénieurs agricoles. M. Barral traite à fond toutes ces questions. Il ne donne pas moins de détails sur la manière de fabriquer les tuyaux, sur les meilleures machines à employer, les meilleurs modes de préparation de la terre, etc. C'est, en un mot, un traité complet de la matière, accompagné de planches, et rédigé avec pleine connaissance de cause par l'auteur, à son double titre d'ancien répétiteur de chimie à l'Ecole polytechnique, et de directeur actuel du Journal d'agriculture pratique.

Elevée à cette hauteur, la science agricole est au niveau des plus belles études du génie humain, et il est bien désirable que toute notre agriculture puisse rapidement monter jusque-là :

C'est avoir profité que de savoir s'y plaire.

Pour le moment, la région du nord-ouest, où se concentre de plus en plus la richesse nationale, et qui a déjà atteint, à peu de chose près, le développement agricole de l'Angleterre, est le seul théâtre où le drainage puisse sérieusement s'étendre. Les beaux départements de Seineet-Oise, de Seine-et-Marne, de l'Oise, de l'Aisne, de la Somme, du Pasde-Calais, du Nord, doivent y trouver le moyen d'augmenter encore leur prospérité.

Le point de départ du drainage en France, c'est le département de Seine-et-Marne; c'est, en effet, un de ceux qui peuvent en retirer les plus grands avantages. La nature extrêmement argileuse du sol et du soussol, la culture dominante, qui est celle des céréales, l'extrême proximité de Paris, la richesse déjà ancienne et générale des propriétaires et des

fermiers, tout se réunit pour y appeler l'invention anglaise. Aussi on déjà une féconde émulation s'y produire. M. Gareau, à Bréau, venir le premier une machine à fabriquer des tuyaux; de toutes d'autres fabriques s'élèvent; M. de Rotschild, M. Stoffingues, les puissants capitalistes, donnent leur concours; des terres entière aujourd'hui drainées; et, d'après ces résultats obtenus, il ne sera impossible que ce beau département, un des greniers de la capitale vînt prochainement à doubler sa production en céréales.

Après Seine-et-Marne, les départements les plus avancés sont ce l'Aisne et de l'Oise; là aussi, de grands efforts sont faits, et avec s Les départements du Nord ont été un peu plus longs à se décider, ils arrivent.

Quant au reste de la France, il assiste de loin à ce spectacle, y prendre part; çà et là, de brillantes exceptions apparaissent, c celle de M. Duchâtel, en Médoc. Mais, sur beaucoup de points, le nage serait inutile, et sur presque tous il est impossible, faute d'a Bon nombre de cultivateurs ne sont que trop autorisés à faire, à qui leur parlent de drainage, la fameuse réponse du pouvoir spir Non possumus. L. DE LAVERG

SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE.

Réunion du 5 octobre. - Présidence de M. Ch. DUNOYER, memb de l'Institut.

A QUELLES CAUSES PRINCIPALES PEUT-ON ASSIGNER LE SUCCÈS DE L'ÉMIGE DANS L'AMÉRIQUe du Nord?

Dans cette réunion, présidée par M. Charles Dunoyer, memb l'Institut, et à laquelle assistaient, comme invités, M. Jules Avigdo puté au Parlement sarde par la ville de Nice, et M. Caggiati, profe de clinique à Parme, la conversation a eu pour objet la détermi des causes principales qui peuvent expliquer le succès de l'én tion dans l'Amérique du Nord, et par contre l'insuccès des de colonisation tentés en Afrique. Cette question était posée par M. le teur Juglar, qui a publié, dans le Journal des Economistes, une étendue sur l'Algérie.

M. HORACE SAY, qui s'est récemment préoccupé de la question émigrations, prend le premier la parole. Après avoir constaté qu'i tous les ans d'Europe environ six cent mille émigrants pour le Nou Monde, l'honorable membre dit que la cause première de ce déplace est le malaise des populations, surtout en Irlande et dans quelques ties de l'Allemagne.-En Irlande, par suite de la disette de 1846-47

la maladie des pommes de terre, la mortalité devint effrayante. L'Angleterre se préoccupa vivement de cette situation, et deux mesures furent bientôt prises pour y remédier. Une de ces mesures a été l'expropriation des possesseurs de terres obérées, qui ont passé des mains des vieux propriétaires, incapables de les faire valoir avantageusement, entre celles des créanciers hypothécaires. Cette transformation a réussi; elle est favorable à la culture et à l'intérêt des cultivateurs. En second lieu, l'Angleterre a favorisé l'émigration de ceux qui n'avaient pas de quoi vivre. Il a été institué une Commission qui a dirigé cette émigration, laquelle a peuplé les colonies de travailleurs européens. Dans ces colonies, les terres soumises en valeur ont été déclarées terres de la couronne et concédées aux nouveaux colons. Les choses s'étaient ainsi passées en 1810 aux ÉtatsUnis, où les terres furent déclarées fédérales, et données ensuite aux cultivateurs qui se présentèrent, moyennant une minime redevance de 5 fr. l'acre. La Commission d'émigration a exercé un patronage efficace; elle a fourni des instructions et des ressources aux passagers; elle a rédigé des règlements sanctionnés par l'autorité supérieure.

Cette impulsion, cette direction et ce patronage de la Commission, ont été la seconde cause principale des émigrations.

Les dispositions et les règlements de la Commission ont inspiré, quelque temps après, des commissions d'émigration, qui ont été créées à Brême et à Anvers. Mais le gouvernement belge ayant poussé la prétention des émigrants trop loin, ceux-ci ont pris, de préférence, la voie plus libre de Brême. En effet, on en était venu, à Anvers, jusqu'à exiger que les émigrants ne pussent emporter que des vivres sortant de chez les fournisseurs agréés par la Commission, à telle enseigne que des voyageurs qui pouvaient emporter des jambons de Mayence, par exemple, étaient obligés de se munir des jambons de la Campine, à bon droit fort peu renommés. Le gouvernement belge n'a pas tardé à comprendre la faute qui avait été faite et à offrir même aux émigrants une diminution de 30 pour 100 sur le passage du chemin de fer, qu'il exploite, comme on sait, à son compte. Depuis quelque temps les émigrants se représentent en grand nombre sur les quais d'Anvers.

M. H. Say explique également comment le courant de l'émigration allemande qui avait commencé par traverser la France, pour aller s'embarquer au Havre à partir de 1816, s'est ensuite détourné de cette voie, à cause des mesures prohibitives prises par le gouvernement français. Celui-ci, redoutant que le flot croissant des émigrants ne s'écoulât pas entièrement par le Havre, et ne déposât des mendiants sur le territoire français, a exigé le dépôt à la frontière d'entrée d'un capital de 400 francs, qui est rendu à la sortie, au port d'embarquement1. Mais cette obligation de dépôt et

'Une Commission a été récemment instituée par un arrêté du ministre du commerce, afin d'étudier les questions qui se rattachent à l'émigration. Cette Com

de formalités a découragé les émigrants, aujourd'hui au nombre de cent mille qui vont s'embarquer à Brême et de nouveau à Anvers, la ville de Hambourg cherche aussi à attirer de son côté.

Une autre cause qui fait fuir d'Europe les populations allemand sont les tracas politiques venus à la suite de l'agitation de 1848 1849. Se sentant tourmentées et ennuyées dans leurs pays, elle volontiers parties pour une contrée plus libre, où il ne leur est de aucun compte du passé, fuyant la protection prussienne et autrich qui s'est manifestée dans quelques localités par des garnisaires t nants et très-coûteux. C'est ainsi que jadis la persécution reli faisait partir les populations. Les succès et le bien-être des pr arrivés attire les autres, partant d'autant plus facilement qu'ils v trouver un autre Rhin allemand sur les bords de l'Ohio et du Miss Une fois arrivés, ils se font les auxiliaires des Américains, qui, cinquante ans, sont de grands entrepreneurs de défrichements, dant aux pionniers qui repoussent les Indiens devant eux. Peu à d'auxiliaires ils deviennent propriétaires et citoyens fixes de la famille de l'Union.

Au reste, il y a des communes allemandes, chargées de pauvre ne cherchent pas à émigrer et qui ne le peuvent pas; mais des sociét tectrices se sont organisées pour faciliter l'embarquement de ces g en leur complétant une somme nécessaire de 100 dollars (500 et moyennant la renonciation des partants au domicile de secours qu'ils ne retombent pas à la charge de leur commune en retour.

M. le docteur JUGLAR, en observant ce qui se passe en Algérie et se passe dans l'Amérique du Nord, dont vient de parler M. Say pouvoir indiquer comme cause principale de ce mouvement d'én tion auquel nous assistons, la facilité pour un émigrant aux Etats-U se constituer propriétaire complet, absolu, en toute sécurité; n'est malheureusement pas le cas en Algérie, où l'autorité peut à c instant venir dire au colon qu'il n'a pas rempli telle ou telle con de la loi ou des règlements civils ou militaires, et que par conse il va être exproprié.

M. WOLOWSKI met au nombre des causes principales dont s'en la réunion la facilité d'acquérir aux Etats-Unis le droit de citoy les avantages qui en découlent. Il suffit d'avoir vingt-et-un ans e ans de séjour pour être naturalisé et avoir tous les droits du c américain, moins celui d'être nommé président, avec tous les avar économiques et politiques qui y sont attachés à ce titre.

mission, sous la présidence du directeur général de l'agriculture, se comp maire du Havre, de celui de Strasbourg, du directeur des colonies, du di de la Société générale, du chef de division de l'exploitation du chemin de fe

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