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preffion, quoiqu'elle foit tranfmife bien loin, n'étant pas fuivie d'autres compreffions, ne cause pas des vibrations dans les particules de l'air, & la force fe perd & fe diffipe dans la propagation. Il faut,. pour former le Son, des compreffions réiterées, c'est-à-dire, que chaque particule de l'air doit avoir un véritable mouvement vibratoire, enforte qu'elle foit comprimée & rarefiée alternativement, & que l'organe de l'ouye en reçoive des impreffions réiterées. C'est le nombre de ces impreffions reçues dans l'organe de l'ouye, dans un tems fixé, qui détermine l'effence du Son, & qui fait que nous jugeons s'il eft grave ou aigu. Les vibrations font-elles promptes & très fréquentes? C'est un Son aigu; & ce Son eft d'autant plus aigu, que les vibrations font plus promptes & plus fréquentes. Par la même raifon, plus elles font lentes, plus le Son eft grave. Une corde plus courte qu'une autre, mais également tenduë,rend unson plus aigu;parce qu'elle fait dans un tems égal un plus grand nombre de vibrations, que celle qui eft plus grande. De là le Son des cordes qui font les plus longues eft le plus grave.

D'ABORD que le mouvement vibra-
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toire eft arrêté, le Son ceffe fubitement; & il ne fe forme plus d'impreffions dans l'air, dès que la corde ne lui en imprime plus. Le favant Monfieur Euler, Membre de l'Académie des Sciences de Petersbourg, & Directeur de la Claffe de Mathématique de celle de Berlin, m'a fait la grace de me communiquer une très belle Differtation qu'il a lû il y a quelque tems à l'Académie, dans la quelle il fait une remarque qui me paroit très utile. Je citerai ici fes propres mots. Il me femble que Mr. de Mairan n'a pas fait affez de réflexion à cette circonftance dans les Lettres qu'il a écrites à ce fu,, jet à M. Cramer. Car, pour expliquer la diverfité des Sons l'air eft capable de nous faire apercevoir, il croit qu'il y a dans l'air autant de particules ,, différentes par rapport au reffort, qu'il ,, y a de Sons différens, & qu'il n'y a ,, qu'une espèce de ces particules qui foient mifes en mouvement par cha,, que Son. Mais, outre qu'il eft très difficile à concevoir comment une infini,, té de particules d'un reffort différent ,, peuvent être en équilibre entre elles, il feroit bien aifé de faire voir que la diverfité des Sons vient uniquement du

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,, mouvement de la corde, ou autre corps fonore & que l'air eft indiférent à ,, toutes fortes de Sons; car du reffort de l'air dépend uniquement la propagation des impreffions reçues. Ce reffort étant plus ou moins grand, la propagation fe fait plus ou moins vite, fans ,, changer la nature du grave ou de l'ai,, gu dans le Son; & cette même pro,, pagation dépend uniquement du mou、 ,, vement vibratoire de la corde, dont ,, chaque vibration communique à l'air une impreffion. De là nous tirons cette définition du Son: qu'il est une fuite des impreffions fucceffives produites dans les particules de l'air.

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§. III.

Sur quelques effets du Son.

ORSQU'ON pince la corde d'un Inftrument, le Son fe communique à une corde d'un autre Inftrument qui fe trouve à l'uniffon de celle qu'on a pincée; parce que la prémière corde ayant. communiqué fes vibrations à l'air, l'air les communique à la feconde: & comme la reffemblance qui fe trouve entre ces R 5 deux

deux cordes fait que les vibrations émanées de la prémière font propres à la feconde, & trouvent prife fur elle, une autre corde qui n'eft point à l'uniffon ne fauroit les recevoir, & par conféquent être muë; parce que les recevoir, c'eft les faire dans le même tems.

Tous les différens effets que produit la Mufique, foit fur certains Malades qu'elle guérit, foit fur des Gens fains qu'elle ravit & qu'elle enchante, peuvent être expliqués en deux mots. Le Son de la voix & des Inftrumens agite les fibres, fur-tout celles qui font à l'uniffon, remue les efprits animaux, & leur rend leur cours naturel. L'Ame fe reffent de l'état du Corps, & jouït de la douceur de l'harmonie. On a plus ou moins de goût pour la Mufique, felon que les fibres de l'organe de l'ouye font plus ou moins fufceptibles de vibrations fonores. Le Père Regnault raconte un fait très fingulier & très plaifant.,, Il n'eft pas étonnant, dit-il, que des Hommes foient plutôt touchés que d'autres par les Sons harmonieux de la Voix & des Inftrumens. Parmi les Animaux les plus ftupides, il s'en trouve qui par le même principe apparemment n'y font

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pas infenfibles.

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Un jour, comme je jouois de la flûte ,, à bec, affis fur le bord d'un ruiffeau dans une prairie, un Ane qui paiffoit à vingt pas, leva la tête dès qu'il m'entendit, s'approcha de moi, s'arréta quelque tems à huit ou dix pas tou,, jours fort attentif; puis il vint fi près, ,, qu'il avoit la tête prefqu'audeffus de la mienne. Il m'écouta tranquilement dans cette fituation pendant un demi ,, quart d'heure environ uniquement occupé du fon de la flûte. Je ne fai s'il fe laffa; mais enfin, après avoir écouté fort attentivement, il prit avec les dents mon chapeau fur ma tête, & le ,, porta du moins à dix pas; & tournant la tête, il s'enfuit au galop, & alla chercher au milieu de la prairie une nouriture plus folide.

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LES fremifemens caufés par le Son dans certaines liqueurs, les tremblemens dans les parties du verre qui fe rompt & fe brife quelques fois, font produits par les mêmes caufes qui remuent les fibres, les nerfs, & les cordes qui font à l'uniffon.

СНА

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