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ture qu'il reçoit, il eft naturel qu'il s'éteigne par le défaut de cette même nouriture. Ses parties fe diffipant peu à peu en fumée, le Feu ceffe, & ne fauroit plus avoir lieu.

UN grand vent, un foufle trop violent éteint la flamme, parce qu'il la détaché tout-à-coup du corps combuftible qui lui fourniffoit de la nouriture. Si elle peut au contraire avoir affez de maffe pour refifter au vent, il ne fait que lui donner de nouvelles forces en augmentant fon agitation par la percuffion.

LES Liqueurs, qui ne font pas fulfureu fes, éteignent le Feu. L'eau, par exemple, produit cet effet; parce que fe gliffant dans les pores & dans les interstices des corps embrafés, elle arrête le mouvement des fubftances ignées, fe lie avec elles, & les change en fumée. Mais lorfque le Feu eft violent, une petite quantité d'eau lui donne plus de force; parce qu'elle ne fait pour lors qu'empêcher la diffipation des corpufcules ignés. L'eau que l'on jette dans la forge ne fert qu'à rendre le Feu plus violent.

LE Feu s'éteint, ainfi que je l'ai déja dit, par le défaut & le manque d'air, qui lui donne le moyen de fe répandre & de fe

diffiper. Il s'éteint auffi lorfqu'il eft dans un endroit trop ferré, parce que les corpufcules de Feu y perdent leur agitation, fans pouvoir fe réparer. Si le Feu fe met à la cheminée, & qu'on bouche l'ouverture avec un drap mouillé, le Feu ceffe, la flamme fe change bien-tôt en fumée. Si l'on allume du Feu dans un caveau, & que l'on en bouche les foupiraux, il s'éteint.

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S. VIII.

Pourquoi le Feu Je ralume aifément.

L refte encore dans les corps ou le Feu vient de s'éteindre un grand nombre de parties fort agitées, qui n'ont befoin pour s'enflammer de nouveau que d'un leger accroiffement d'agitation; ainfi ces corps doivent s'enflammer plus aifément que les autres. Si l'on approche une bougie allumée d'une bougie qu'on vient d'éteindre, & qui fume encore, la flamme va la chercher, parce qu'elle eft pouffée avec plus de force vers la bougie par l'air extérieur,qu'elle n'eft repouffée par l'air rarefié qui fe trouve entre elle & la bougie. Il en eft de même des autres corps com. buftibles que de la bougie; & les mêmes rai

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raifons qui la font ralumer aifément, lorf qu'elle fume encore, agiffent fur un tifon qui étoit mal éteint.

CHAPITRE SECOND.

Sur le Son.

S. I.

Sur la ressemblance des propriétés du Son & de la Lumière.

I de la Lumière une très grande refLy a entre les propriétés du Son & femblance, qui confiderée avec foin peut fervir beaucoup à découvrir de quelle manière is agiffent. C'est par des lignes droites la Lumière & le Son parvien nent tous les deux jufqu'à nous, nous affectent, & nous caufent des fenfations diverfes, lorfqu'il n'y a aucun obstacle qui empêche ce mouvement direct.

que

Nous voyons fouvent la Lumière pat refléxion & par refraction. Cette refléxion & cette refraction fe trouvent également dans le Son. L'Echo nous rend le Son par refléxion, comme le mi

roir nous préfente les objets. La Lumière paffant d'un milieu plus denfe dans un milieu plus rare, ou d'un plus rare dans un plus denfe, effuye toujours quelque changement dans fa direction. Cette même refraction fe trouve dans le Son, qui passe au travers d'une muraille ou de quelque autre corps pour parvenir jufqu'à nous. Alors la refraction, ou le changement de direction que foufre le Son, fait qu'on fe trompe en jugeant de l'endroit où il eft parti.

L

§. II.

Comment le Son eft produit.

E Son confifte dans un mouvement vibratoire des particules de l'air. C'est une vérité dont on ne fauroit douter, & qu'on peut démontrer à chaque instant, Une cloche qu'on fonne, une corde de violon pincée ne fauroient produire que des vibrations, des fremiffemens dans le fluïde qui les environne: or elles produifent le Son; donc il eft caufé par des vibrations dans ce fluïde. Ces vibrations doivent être de l'air,puifque, lorfqu'on a pompé l'air dans la Machine du R 3 Vuide

Vuide, l'on ne peut entendre le Son d'une clochette.

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L'air

Le mouvement vibratoire des particules de l'air qui produifent le Son, eft d'une grande viteffe. On a vérifié, par plufieurs expériences, que le Son fait cent quatre-vingt toifes en une feconde. Si nul obftacle étranger ne s'opofoit à fon cours, il feroit deux cens quatre vingt lieuës de France dans une heure. étant un fluïde élastique, d'abord qu'une de fes parties vient à être compriméc par quelque caufe qui la fait fortir de fon état naturel, fon reffort en devenant plus grand fe débande, & comprime les parties voifines, qui à leur tour communiquent cette impreffion à celles qui les environnent; de forte qu'elle fe fait fentir à des distances très confidérables, quoique l'effet en devienne continuellement plus petit. La viteffe avec laquelle une pareille compreffion fe répand, dé pend de l'élasticité & de la denfité conjointement; car elle eft proportionnelle à la racine quarrée de l'élafticité divisée par la denfité.

UNE feule compreffion dans quelques particules de l'air n'eft pas capable de produire aucun Son; parce que cette com

preffion

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