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quife Du Châtelet, & quelques autres Philofophes font du Feu une espèce de fubftance fpirituelle. Oferai-je le dire? Il a été un tems, où l'impiété conduifoit les Hommes au matérialifme. L'envie de briller, & le defir d'écrire des chofes nouvelles & fingulières, les pouffe aujourd'hui au fpiritualifme. Le Père Mallebranche a dit qu'il n'y avoit aucune preuve Métaphifique qu'il y eut des corps. Inceffemment on affurera qu'il n'y en a point. On a déjà avancé que les premières parties qui les compofoient ne font pas matière. N'eft-ce pas avoir fait un chemin confidérable? Je crois que c'eft être arrivé au but.

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§. IV.

Des matières qui produifent le Feu.

ANS tous les Feux, on trouve des fels, des foufres, de l'air, & de la matière étherée mélée enfemble. Dès qu'une de ces fubftances manque, le Fèu ne peut avoir lieu. Dès qu'elles font réunies, il paroit & fe manifefte aux yeux par le moyen du mouvement On ne peut donc s'empêcher de conclure que fa na

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ture doit refulter du mélange de ces différentes fubftances. Si une vient à manquer, il n'y a point de Feu. L'air, la matière étherée, & les foufres mêlés enfemble n'en produifent point. Les fels, les foufres, & la matière étherée n'en donnent pas davantage. Le Feu s'éteint dans la Machine du vuide, dès qu'on a pompé l'air. Il eft vrai qu'il y a quelques Feux qui s'y foutiennent. C'est parce qu'ils font compofés de fels volatils, & de foufres extrêmement exaltés. Le peu d'air qui refte dans le récipient fuffit pour compofer, avec la matière étherée & les deux autres fubftances, un Feu qui peut fubfifter.

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PLUSIEURS Chimiftes foutiennent que les foufres font inflammables fans étre mêlés avec des fels. Pour le prouil faudroit qu'il y eut des foufres exemts de fel qui puffent s'enflammer; mais il n'y en eut jamais. C'est ce que le Père l'Ozeran de Fieze a très bien objecté aux Chimiftes. Selon eux, dit-il,

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l'huile,ou le foufre,fe tire toujours im,, pure des mixtes, étant toujours mêlée ,, avec des efprits, comme les huiles de Romarin & de Lavande qui furnagent fur l'eau. Or ces efprits ne font que Q5

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des fels volatils extrèmement exaltés. Ou elle eft remplie de fels qu'elle entraine dans la diftillation, comme les huiles de Buis,deGayac &de Gerofle, qui ,, fe précipitent dans l'eau. Pour le foufre commun & minéral, on fait qu'avec l'huîle il contient du fel: on en tire

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?? un efprit qui n'eft qu'un fel vitrioli.

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,, que. Tout cela étant avoué par les Chimiftes mémes, qui veulent que les foufres ou les huîles foient inflam,, mables, fur quoi peuvent-ils appuyer ,, leur fentiment?

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LA matière immédiate du Feu confifte donc dans un mêlange de fels, de foufre, d'air, de matière étherée; & les petites parties de ces quatre fubftances doivent être defunies, entièrement mê. lées, & affez dégagées de toutes fubftances étrangères, pour n'en être point embaraffées; fans cela, elles feroient liées par des parties hétérogènes qui les tiendroient féparées, & les ferrant les contraindroient à demeurer en repos. Or fans le mouvement, il ne peut jamais y avoir de Feu. Les fubftances qui le compofent ne font fans lui qu'un Corps fans ame. Le mouvement qui leur donne la forme du Feu eft un mouvement de tour

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billon, qui fait tourner toutes leurs par- ties chacune autour de fon propre centre, & plufieurs autour d'un centre commun. La fumée, dit le Phificien que je , viens de citer, qui fe change en flamme, eft compofée de la même matière que le Feu; mais elle n'a pas encore aflez de mouvement pour être Feu: elle ne devient flamme, que lorfque le mouve,,ment des parties a acquis la viteffe néceffaire. Or il eft certain que le mou,,vement des parties de cette fumée eft un mouvement de tourbillon. On ,, le voit à l'œil. On voit la viteffe de ce mouvement augmenter à mesure que la fumée qui fort du bois eft prête à ,, s'enflammer. Cette viteffe eft fi rapi,, de, l'inftant qui précède l'inflammation, , qu'on a peine à l'apercevoir. Donc lé ,, mouvement de ces mêmes parties,

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l'instant fuivant, c'eft-à-dire lorfque cette fumée eft enflammée, eft encore un mouvement de tourbillon, le mouvement qu'elles avoient n'ayant fait qu'augmenter à chaque inftant, & n'y ayant aucune caufe qu'on puisse ,, foupçonner légitimement d'un mouve,, ment différent. On doit d'autant moins. foupçonner ce changement, que le » grand

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,, grand éclat de cette fumée, l'instant ,, qui précède fon inflammation, vient ,, apparemment de ce qu'il y a plufieurs parties qui ont affez de viteffe pour être feu, & donner de la lumière; lu mière fans doute qui vient de leur mouvement de tourbillon, puifqu'il est ,, certain qu'elles ont alors ce mouve

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ment.

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Le mouvement de tourbillon qu'on ,, voit dans les parties de la flamme ,, lorfqu'elle s'eft changée en fumée, nous ,, prouve encore affez bien que le mouvement étoit un mouvement de tourbillon avant que la flamme fut changée en fumée. L'expérience nous montre que l'éclat de la flamme s'affoiblit peu à peu, jufqu'à ce que changée en fumée, elle ne donne plus de lumiè re. Cette diminution qui fe fait par degrés de la lumière de la fiamme, ne de l'affoibliffement ou que ,, peut venir de la diminution du mouvement des parties de la flamme, & non du ,, changement de leur mouvement en un ,, mouvement d'une autre espèce.

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