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niens qu'il polit lui-même, & qui lui rendirent plufieurs fervices. Ne feroit-il pas étonnant que nous ne puffions pas trouver au milieu des Nations policées ce qu'il rencontra chez des Barbares?

JE finirai ces réfléxions par une remarque qui me paroît très utile. Bien des Gens fe lient fans réfléxion & fans examen des Perfonnes qu'ils connoiffent à peine. Ils ont enfuite fujet de s'en plaindre, & déclament contre la Société. C'est contre eux que ces Gens doivent être fâchés. Ils auroient dû refléchir qu'il faut connoître, avant d'aimer; & qu'on ne doit former une étroite union, qu'avec les Perfonnes dont on connoît le caractère. La néceffité d'être affuré de la probité & de la fageffe de ceux avec qui l'on veut vivre, eft auffi effentielle, que celle de jouïr d'une Société agréable, puifque l'une de ces deux chofes ne va point fans l'autre. La Fontaine a eu raifon de dire

Rien n'eft fi dangereux qu'un ignorant Ami: Mieux vaudroit un fage Ennemi.

FIN.

LET

LET TRE

DE

MADEMOISELLE CO**.

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OS Réfléxions fur la Société font le fruit de l'expérience que vous avez acquis dans le Monde. Elles font véritablement inftructives, & tendent au but que devroient fe proposer tous ceux qui écrivent. On voit que vous avez voulu les rendre utiles. C'eft employer l'efprit à l'ufage pour lequel il a été créé, que de s'en fervir pour rendre les Hommes bons, & pour exciter à la Vertu. C'est en même tems travailler à les rendre heureux; car il n'eft de vrai bonheur, que dans la Vertu. C'est le feul véritable bien de la vie. Tous les autres ne font ordinairement que de pures chimères, qui, bien loin de rendre l'Homme heureux, lui caufent mille inquiétudes. Un Homme fenfé peut-il prifer les préfens de la Fortune autant que le font les Gens du Monde? On n'eft redevable de ces prefens, qu'au hazard; & fi le mérite y a quelque part, cette fatisfaction n'éloigne

pas

pas les foins & les embarras, que ces prétendus biens entrainent avec eux. Plus on veut être heureux, & moins l'on y parvient, lorsque l'on prend une autre route que celle de la Vertu. L'ambition qui conduit à la grandeur, accable de mille remords: elle rend les victimes de cette même grandeur les Gens qu'elle y élève. Mais dans quelque rang que nous place la Vertu, elle nous fait jouir d'un fort heureux. Un Homme, privé de ces richeffes & de ces plaifirs, qu'on recherche avec tant d'avidité, eft mille fois plus heureux par la fimple probité, que celui qui fe trouve dans l'abondance fans elle. Les plaifirs des Sens ne fatisfont point entiérement l'Ame. Sans les douceurs de la Vertu, elle n'eft jamais parfaitement contente; j'entens de cette Vertu aimable, amie des plaifirs purs & innocens, auxquels un Homme peut s'abandonner fans crainte. C'est cette Vertu qui fait l'ame, le lien, le foutien, la durée de toutes les Sociétés aimables, comme vous l'avez fort bien remarqué. Sans elle, on ne goute jamais une parfaite joye. En vain l'on cherche à s'étourdir au fein des plaifirs les plus bruyans; la Vérité fe fait connoître; nous la fenTome I.

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tons

tons au fond du cœur. Nous avons beau l'éviter; elle nous fuit en tous lieux veillant fans ceffe à nos actions. Nous l'entendons fouvent nous les reprocher même avant leur effet; & quelque foin que nous prenions pour ne pas l'apercevoir, elle fait naître les remords, dès le moment que nous avons l'idée du crime. La Nature, fage & prudente dans fes loix, l'a attachée intimement à l'Humanité; & le cœur de l'Homme, quelque vicieux qu'il foit, ne peut fe refufer à fa clarté. La Confcience peut être voilée; mais elle ne peut être détruite. L'oppofition qu'on apporte à fes mouvemens, ne fert fouvent qu'à les rendre plus forts; & qui veut être heureux & tranquile, doit être ab folument vertueux. Il me paroit effentiel d'établir cette vérité comme le fondement de la bonne Société; & c'eft ce qui a occafionné ce que je viens de vous eft dire. Je fais &c.

DISSERTATION,

Par Monfieur Marquis d'Arg.

Sur le Feu, fur le Son, fur la Lu mière, & fur les Couleurs.

CHAPITRE PREMIER.

S. I.

S'il y a un Feu Elementaire.

MAL

ALGRE les peines que fe font données les Philofophes anciens & modernes, pour connoître la nature des Feux que l'Auteur de l'Univers a placés à de grandes distances de la Terre, tout ce qu'ils ont pu découvrir fe reduit à la diverfité & à la régularité des mouvemens fenfibles & apparens de ces Feux. Nous n'avons donc aucune connoiffance certaine de la conftitution du Soleil & des Etoiles. Les Phificiens ont fait à ce fujet plufieurs Sifthèmes. Ils font tous également faux, puifqu'il fe trouve dans tous des difficultés infurmontables.

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