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Comptait déjà dans sa pensée

Tout le prix de son lait, en employait l'argent;

Achetait un cent d'oeufs, faisait triple couvée bed kid

La chose allait à bien par son soin diligent..
<< Il m'est, disait-elle, facile

D'élever des poulets autour de ma maison;

Le renard sera bien habile FAA

S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son;
Il était, quand je l'eus, de grosseur raisonnable:
J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon.

Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau?
Perrette là-dessus saute aussi, transportée :

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Le lait tombe; adieu veau, vache, cochon, couvée. hone

La dame de ces biens, quittant d'un œil marri 2‹
Sa fortune ainsi répandue,

Va s'excuser à son mari,

En grand danger d'être battue.

Le récit en farce en fut fait;
On l'appela le Pot au lait.

Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus,1 la Laitière, enfin tous,

Autant les sages que les fous.

Chacun songe en veillant; il n'est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes;

Tout le bien du monde est à nous,

1 In Rabelais's "Gargantua" (I, 33), Picrochole, after the wildest dreams of conquest, is brought back to earth by Échéphron, who says: "J'ay grand peur que toute ceste entreprinse sera semblable à la farce du pot au lait." Pyrrhus, king of Epirus, dreamed of conquering the world. See life of Pyrrhus in Plutarch's "Lives"; also Boileau, "Épîtres," I, lines 61-90.

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Tous les honneurs, toutes les femmes.

1

Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi; 13 p
Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi; 1 Schah
On m'élit roi, mon peuple m'aime;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même,
Je suis gros Jean 2 comme devant,

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Cobbles

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« Fables», Book VII, 10

1678 prati

LE SAVETIER ET LE FINANCIER

Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir;
C'était merveilles de le voir,
'Merveilles de l'ouïr; il faisait des passages,

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Plus content qu'aucun des sept sages.

Son voisin, au contraire, étant tout cousu d'or,
Chantait peu, dormait moins encor;

C'était un homme de finance.

Si, sur le point du jour, parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l'éveillait ;
Et le Financier se plaignait

Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.

En son hôtel il fait venir

Le chanteur, et lui dit : «Or çà, sire Grégoire,

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4actes.

Que gagnez-vous par an? - Par an? Ma foi, Monsieur,

Dit, avec un ton de rieur,

Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte; et je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
J'attrape le bout de l'année;

Chaque jour amène son pain.

-Eh bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
-Tantôt plus, tantôt moins: le mal est que toujours
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes),
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chômer; on nous ruine en fêtes;
L'une fait tort à l'autre ; et Monsieur le curé

De quelque nouveau saint charge toujours son prône. »

1 Title given formerly to the sovereign of Persia.

3 "hummed melodies."

2 "plain John."

10

15

20

25

30

35

5

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Le Financier, riant de sa naïveté,

Lui dit : « Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus; gardez-les avec soin,

Pour vous en servir au besoin. >>

Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
Avait, depuis plus de cent ans,
Produit pour l'usage des gens.

Il retourne chez lui; dans sa cave il enserre
L'argent, et sa joie à la fois.

Plus de chant: il perdit la voix,

enj

Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis;

Il eut pour hôtes les soucis,

Les soupçons, les alarmes vaines ;

Tout le jour, il avait l'œil au guet; et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,

Le chat prenait l'argent. A la fin le pauvre homme
Sen courut chez celui qu'il ne réveillait plus :
«Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus. »

« Fables », Book VIII, 2

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воделения

LE PAYSAN DU DANUBE

Il ne faut point juger des gens sur l'apparence.
Le conseil en est bon, mais il n'est pas nouveau.
Jadis l'erreur du Souriceau1

Me servit à prouver le discours que j'avance :
J'ai, pour le fonder à présent,

Le bon Socrate, Ésope, et certain paysan
Des rives du Danube, homme dont Marc-Aurèle
Nous fait un portrait fort fidèle.

On connaît les premiers; quant à l'autre, voici
Le personnage en raccourci.

Son menton nourrissait une barbe touffue;
Toute sa personne velue Compet

Représentait un ours, mais un ours mal léché :
Sous un sourcil épais il avait l'œil caché,
Le regard de travers, nez tortu, grosse lèvre,

1 The fable of "Le Cochet, le Chat et le Souriceau," Book VI, 5.

Rowash

2

2 This story is not found in Marcus Aurelius. La Fontaine got it from a translation of "Marco Aurelio con el reloj de principes,” by Guevara. I

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Ne pénétrât alors, et ne portât les mains.
Le député vint donc, et fit cette harangue :
« Romains, et vous Sénat assis pour m'écouter,
Je supplie avant tout les Dieux de m'assister:
Veuillent les Immortels, conducteurs de ma langue,
Que je ne dise rien qui doive être repris!
Sans leur aide, il ne peut entrer dans les esprits
Que tout mal et toute injustice:

Faute d'y recourir, on viole leurs lois.

Témoin nous que punit la romaine avarice :

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15.

Rome est, par nos forfaits, plus que par ses exploits,

L'instrument de notre supplice.

Craignez, Romains, craignez que le Ciel quelque jour me

Ne transporte chez vous les pleurs et la misère;
Et mettant en nos mains, par un juste retour,
Les armes dont se sert sa vengeance sévère,
Il ne vous fasse, en sa colère,
Nos esclaves à votre tour.

تر

Et pourquoi sommes-nous les vôtres ? Qu'on me die1
En quoi vous valez mieux que cent peuples divers.
Quel droit vous a rendus maîtres de l'univers ?
Pourquoi venir troubler une innocente vie?

Nous cultivions en paix d'heureux champs; et nos mains
Étaient propres aux arts, ainsi qu'au labourage.

Qu'avez-vous appris aux Germains?

Ils ont l'adresse et le courage:

S'ils avaient eu l'avidité,

Comme vous, et la violence,

Peut-être en votre place ils auraient la puissance,
Et sauraient en user sans inhumanité.
Celle que vos préteurs ont sur nous exercée

N'entre qu'à peine en la pensée.

La majesté de vos autels

Elle-même en est offensée ;

Car sachez que les Immortels

Ont les regards sur nous. Grâces à vos exemples,

1 For dise.

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Ils n'ont devant les yeux que des objets d'horreur,
De mépris d'eux et de leurs temples,

D'avarice qui va jusques à la fureur.

Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome:
La terre et le travail de l'homme

Font pour les assouvir des efforts superflus.
Retirez-les on ne veut plus

Cultiver pour eux les campagnes.

Nous quittons les cités, nous fuyons aux montagnes ;
Nous laissons nos chères compagnes ;

Nous ne conversons1 plus qu'avec des ours affreux,
Découragés de mettre au jour des malheureux,
Et de peupler pour Rome un pays qu'elle opprime.
Quant à nos enfants déjà nés,

Nous souhaitons de voir leurs jours

bientôt bornés.pa

Vos préteurs au malheur nous font joindre le crime.
Retirez-les: ils ne nous apprendront

Que la mollesse et que le vice;

Les Germains comme eux deviendront

Gens de rapine et d'avarice.

C'est tout ce que j'ai vu dans Rome à mon abord.
N'a-t-on point de présent à faire,

Point de pourpre à donner: c'est en vain qu'on espère
Quelque refuge aux lois; encor leur ministère
A-t-il mille longueurs. Ce discours, un peu fort,
Doit commencer à vous déplaire.

Je finis. Punissez de mort

Une plainte un peu trop sincère. »

A ces mots, il se couche; et chacun étonné
Admire le grand cœur, le bon sens, l'éloquence

Du sauvage ainsi prosterné.

On le créa patrice; et ce fut la vengeance
Qu'on crut qu'un tel discours méritait. On choisit
D'autres préteurs; et par écrit

Le Sénat demanda ce qu'avait dit cet homme,
Pour servir de modèle aux parleurs à venir.

On ne sut pas longtemps à Rome

Cette éloquence entretenir.

dura

- Fables », Book XI, 7

1 Converser here means "to live with."

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