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Vous êtes satisfaite, et la voilà partie; fot
fas
Mais je n'approuve point une telle sortie 1
C'est une fille propre aux choses qu'elle fait,
Et vous me la chassez pour un maigre sujet.

ply (PHILAMINTE

Vous voulez que toujours je l'aie à mon service
Pour mettre incessamment mon oreille au supplice?
Pour rompre toute loi d'usage et de raison,
Par un barbare

de vices d'oraison,2

De mots estropies, cousus par

par intervalles,

De proverbes traînés dans les ruisseaux des Halles ?

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BÉLISE

Il est vrai que l'on sue à souffrir ses discours :
Elle y met Vaugelas en pièces tous les jours;
Et les moindres défauts de ce grossier génie

foure

Sont ou le pléonasme, ou la cacophonie.- Be contre de sons

répétition d'un

met

CHRYSALE

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Qu'importe qu'elle manque aux lois de Vaugelas,
Pourvu qu'à la cuisine elle ne manque pas?

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J'aime bien mieux, pour moi, qu'en épluchant ses herbes,
Elle accommode mal les noms avec les verbes,

Et redise cent fois un bas ou méchant mot,
Que de brûler ma viande, ou saler trop mon pot.
Je vis de bonne soupe, et non de beau langage.
Vaugelas n'apprend point à bien faire un potage;
Et Malherbe et Balzac, si savants en beaux mots,
En cuisine peut-être auraient été des sots.

PHILAMINTE

Que ce discours grossier terriblement assomme !
Et quelle indignité pour ce qui s'appelle homme
D'être baissé sans cesse aux soins matériels,

1 Philaminte, a femme savante, wife of Chrysale, has dismissed her servant, Martine,
because of the inelegance of her language.

2 " speech."

3 Vaugelas (1585-1650), a French grammarian, one of the first members of the French Academy, author of "Remarques sur la langue française" (1647).

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preciever

MOLIÈRE

Au lieu de se hausser vers les spirituels !
Le corps, cette guenille, est-il d'une importance,
D'un prix à mériter seulement qu'on y pense,
Et ne devons-nous pas laisser cela bien loin?

CHRYSALE

Oui, mon corps est moi-même, et j'en veux prendre soin :
Guenille, si l'on veut, ma guenille m'est chère.

BÉLISE

Le corps avec l'esprit fait figure,1 mon frère;
Mais si vous en croyez tout le monde savant,
L'esprit doit sur le corps prendre le pas devant;

Et notre plus grand soin, notre première instance, -esa

Doit être à le nourrir du suc de la science.

CHRYSALE

Ma foi! si vous songez à nourrir votre esprit,
C'est de viande bien creuse,2 à ce que chacun dit,
Et vous n'avez nul soin, nulle sollicitude

Pour...

umark, &tio.

PHILAMINTE

"adding Ah! sollicitude à mon oreille est rude :
I put étrangement son ancienneté.

8

BÉLISE

de

65

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Il est vrai que le mot est bien collet monté. out fale at that time.

CHRYSALE

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Voulez-vous que je dise? il faut qu'enfin j'éclate,
Que je lève le masque, et décharge ma rate.
De folles on vous traite, et j'ai fort sur le cœur . . .
Vous deux

dimulai 1

Comment donc ?

PHILAMINTE

CHRYSALE

...

C'est à vous que je parle, ma sœur.

Le moindre solécisme en parlant vous irrite;
Mais vous en faites, vous, d'étranges en conduite.

Vos livres éternels ne me contentent pas,

Et hors un gros Plutarque à mettre mes rabats, collar,

1 "Joined to the mind the body is of some importance."

2 t very unsubstantial nourishment."

8 From the form puir; the modern form is puer.

4 " antiquated"; the collets montés had at that time passed out of fashion.

20

25

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dans incon

Vous devriez brûler tout ce meuble inutile,
Et laisser la science aux docteurs de la ville;
M'ôter, pour faire bien, du grenier de céans
Cette longue lunette à faire peur aux gens,
Et cent brimborions dont l'aspect importune;ncem.
Ne point aller chercher ce qu'on fait dans la lune,
Et vous mêler un peu de ce qu'on fait chez vous,
Où nous voyons aller tout sens dessus dessous.
Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes,
Qu'une femme étudie et sache tant de choses.
Former aux bonnes mœurs l'esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage, avoir l'œil sur ses gens,
Et régler la dépense avec économie,

Doit être son étude et sa philosophie.

Nos pères sur ce point étaient gens bien sensés,
Qui disaient qu'une femme en sait toujours assez
Quand la capacité de son esprit se hausse

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A connaître un pourpoint d'avec un haut-de-chausse.
Les leurs ne lisaient point, mais elles vivaient bien;
Leurs ménages étaient tout leur docte entretien,
Et leurs livres un dé, du fil et des aiguilles,

Dont elles travaillaient au trousseau de leurs filles.
Les femmes d'à présent sont bien loin de ces mœurs
Elles veulent écrire, et devenir auteurs.
Nulle science n'est pour elles trop profonde,
Et céans beaucoup plus qu'en aucun lieu du monde
Les secrets les plus hauts s'y laissent concevoir,
Et l'on sait tout chez moi, hors ce qu'il faut savoir;
On y sait comme vont lune, étoile polaire,
Vénus, Saturne et Mars, dont je n'ai point affaire ;
Et, dans ce vain savoir, qu'on va chercher si loin,
On ne sait comme va mon pot, dont j'ai besoin.
Mes gens à la science aspirent pour vous plaire,
Et tous ne font rien moins que ce qu'ils ont à faire;
Raisonner est l'emploi de toute ma maison,

Et le raisonnement en bannit la raison:

L'un me brûle mon rôt en lisant quelque histoire ;
L'autre rêve à des vers quand je demande à boire;
Enfin je vois par eux votre exemple suivi,
Et j'ai des serviteurs, et ne suis point servi.
Une pauvre servante au moins m'était restée,
Qui de ce mauvais air n'était point infectée,
Et voilà qu'on la chasse avec un grand fracas,

priedinte

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acclaimed

A cause qu'elle manque à parler Vaugelas.
Je vous le dis, ma sœur, tout ce traifi-la me blesse
(Car c'est, comme j'ai dit, à vous que je m'adresse).
Je n'aime point céans tous vos gens à latin,
Et principalement ce Monsieur Trissotin:
C'est lui qui dans des vers vous a tympanisées;
Tous les propos qu'il tient sont des billevesées;
On cherche ce qu'il dit après qu'il a parlé,
Et je lui crois, pour moi, le timbre un peu fêlé.
avoir la tête dérangée

PHILAMINTE

Quelle bassesse, ô Ciel, et d'âme, et de langage!

BÉLISE

Est-il de petits corps un plus lourd assemblage 1
Un esprit composé d'atomes plus bourgeois!
Et de ce même sang se peut-il que je sois !
Je me veux mal de mort d'être de votre race,
Et de confusion j'abandonne la place.

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5

choses Priveles chimern

IO

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Act II, scene 7

15

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sur fide & nature, simple, veis courts: mome

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sirejeto, couple, bis de 3-12 syllabes

ΤΟ

5

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actiment

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JEAN DE LA FONTAINE

Château-Thierry, 1621-1695, Paris

After an indolent childhood in which there was little that pointed to future greatness, La Fontaine, at the age of nineteen, took up the study of theology. But, apparently incapable of serious application in any line, he decided before the expiration of two years that theology was not his vocation. Law, which he next turned to, seemed no more congenial. In 1664 he returned to ChâteauThierry, succeeded his father as "maître des eaux et forêts," and married a girl twelve years his junior, but continued, nevertheless, his aimless, irresponsible manner of life.

Meanwhile he was becoming interested in literature. His first volume appeared in 1654, an adaptation of Terence's "Eunuchus." He was introduced to Fouquet in 1657, and wrote, under his patronage, a number of poems of varied form and value, the best being the “Élégie aux nymphes de Vaux” (1661), occasioned by Fouquet's disgrace. But his fame does not rest on the occasional poems which appeared from time to time, nor on his various plays and romances; it rests on the "Contes et nouvelles" (1665, 1666, 1671, 1674), and, particularly, on the twelve books of "Fables," the first six books of which appeared in 1668, five more books in 1678, the last book in 1694. The vivid, picturesque, graceful, and at the same time personal touch of these little poems places La Fontaine in the first rank, not only as a writer of fables, in which he is unsurpassed, but also as a poet.

Having wasted his patrimony, La Fontaine spent the last half of his life drifting about enjoying the hospitality of his friends, as unconcernedly as a child. He was received into the Academy in 1684.

10 chesis 1 1 k j

LE CORBEAU ET LE RENARD

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage:

« Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau.

Que vous êtes joli! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. >>
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,

Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

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