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François-Marie Arouet, son of a well-to-do notary, was born at Paris in 1694. He received his education in the Jesuit college, Louis-le-Grand, showing in his studies marks of unusual brilliancy and a particular aptitude for writing verse. His reputation for versifying, in fact, soon got him into trouble, for, accused of writing satirical and malicious verses against the Regent and others, he was first exiled from Paris (1716), and then imprisoned in the Bastile for nearly a year (1717-1718). During this imprisonment he wrote part of the "Henriade," an epic poem, which did not, however, appear until 1723. In 1718 he won his first literary success, with a tragedy entitled "Œdipe." At this time he assumed the name of Voltaire. Fortune seemed now for a time to smile upon him, but his sharp wit again got him into trouble, and, as a result of a quarrel with the chevalier de Rohan-Chabot (December, 1725), he was again imprisoned, and was released five months later, only to go to England in exile (1726). The next three years he spent in England, making, in the meantime, the acquaintance of many of the greatest English thinkers, and becoming an admirer of England's literature and of her social and political institutions. He returned to France in 1729, and then appeared in quick succession "Brutus" (1730), a tragedy; the "Histoire de Charles XII" (1731); "Zaïre" (1732), a tragedy inspired by "Othello"; the "Lettres philosophiques" or "Lettres anglaises" (1734).

After the publication of the "Lettres anglaises," in which Voltaire expresses his sympathy for England, he found it necessary to leave Paris. He took refuge with Madame du Châtelet at Cirey, and spent most of the next fifteen years with her, working now at the sciences or philosophy, now at literature, and bringing out, among other things, “Alzire” (1736), a tragedy; "Mérope" (1743), a tragedy; "Zadig” (1747), a story. He was received into the Academy in 1746.

For some years Voltaire had been in correspondence with Frederick the Great of Prussia, and finally, in 1750, he yielded to the repeated solicitations of the king and went to Berlin. He was received with the greatest enthusiasm, but, in less than three years, annoyances of one kind or another made his residence in the Prussian capital impossible. Meanwhile, in 1751, he had published the "Siècle de Louis XIV," one of his most important works.

Two years after leaving Prussia Voltaire settled at "Les Délices," on the outskirts of Geneva (1755). However, he found Protestant Geneva no more tolerant than Catholic Paris, and in 1758 he again crossed the border and bought an estate at Ferney on the French frontier. There he passed the last twenty years of his life, keeping up a correspondence with the most distinguished men of Europe, in the full possession and enjoyment of the glory,

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influence, and fortune which his success had brought him. Early in 1778 he decided to visit Paris, and it was there, idolized by a people on whom his writings had had so great an influence, that he died, May 30, 1778, at the age of eighty-four.

In addition to the volumes of lyric, epic, and dramatic poetry, of history, philosophy, criticism, and fiction (particularly "Candide"), Voltaire left a very extensive and most remarkable correspondence, which, with his historical works, forms perhaps the most interesting part of his productions.

173/CHARI

CHARLES XII A BENDER1

ستر

L'ordre est donné dans le moment: les Turcs marchent aux retranchements: les Tartares les attendaient déjà, et les canons commençaient à tirer. Les janissaires d'un côté, et les Tartares de l'autre, forcent en un instant ce petit camp. A peine vingt Suédois tirèrent 5 l'épée; les trois cents soldats furent enveloppés et faits prisonniers sans résistance.

Le roi était alors à cheval entre sa maison et son camp, avec les généraux Hord, Dardoff, et Sparre; voyant que tous les soldats s'étaient laissé prendre en sa présence, il dit de sang-froid à ces trois 10 officiers: «Allons défendre la maison; nous combattrons, ajouta-t-il en souriant, pro aris et focis.2» ****

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Aussitôt il galope avec eux vers cette maison, où il avait mis environ quarante domestiques en sentinelle, et qu'on avait fortifiée du mieux qu'on avait pu.

Ces généraux, tout accoutumés qu'ils étaient à l'opiniâtre intrépidité de leur maître, ne pouvaient se lasser d'admirer qu'il voulût de sangfroid et en plaisantant se défendre contre dix canons et toute une armée : ils le suivirent avec quelques gardes et quelques domestiques, qui faisaient en tout vingt personnes.

Mais quand ils furent à la porte, ils la trouvèrent assiégée de janissaires; déjà près de deux cents Turcs où Tartares étaient entrés par une fenêtre et s'étaient rendus maîtres de tous les appartements, à la réserve d'une grande salle où les domestiques du roi s'étaient retirés. Cette salle était heureusement près de la porte par où le roi voulait

1 After being defeated by the Russians at Pultava (1709), Charles XII (1682-1718), king of Sweden, with a few followers, among them his faithful lieutenants, Hord, Dardoff, and Axel Sparre, took refuge at Bender in Turkey. The Sultan, however, having signed a treaty with Russia, was forced to ask Charles to leave his states, and, on his refusal to do so, to send against him a small army of janizaries commanded by a pasha, and Tartars commanded by a khan.

2 "for our altars and our hearths."

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entrer avec sa petite troupe de vingt personnes: il s'était jeté en bas
de son cheval, le pistolet et l'épée à la main, et sa suite en avait fait
autant.

5

Les janissaires tombent sur lui de tous côtés; ils étaient animés par la promesse qu'avait faite le bacha de huit ducats d'or à chacun de ceux qui auraient seulement touché son habit, en cas qu'on pût le prendre. Il blessait et il tuait tous ceux qui s'approchaient de sa personne. Un janissaire qu'il avait blessé lui appuya son mousqueton sur le visage; si le bras du Turc n'avait fait un mouvement, causé par la foule qui allait et qui venait comme des vagues, le roi était 10 mort; la balle glissa sur son nez, lui emporta un bout de l'oreille et alla casser le bras au général Hord, dont la destinée était d'être toujours blessé à côté de son maître.1

Le roi enfonça son épée dans l'estomac du janissaire; en même temps, ses domestiques, qui étaient enfermés dans la grande salle, en 15 ouvrent la porte; le roi entre comme un trait, suivi de sa petite troupe; on referme la porte dans l'instant, et on la barricade avec tout ce qu'on peut trouver. Voilà Charles XII dans cette salle, enfermé avec toute sa suite, qui consistait en près de soixante hommes, officiers, gardes, secrétaires, valets de chambre, domestiques de toute espèce.

Les janissaires et les Tartares pillaient le reste de la maison, et remplissaient les appartements. «Allons un peu chasser de chez moi ces barbares », dit-il; et, se mettant à la tête de son monde, il ouvrit lui-même la porte de la salle qui donnait dans son appartement à coucher; il entre, et fait feu sur ceux qui pillaient.

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25

Les Turcs, chargés de butin, épouvantés de la subite apparition de ce roi qu'ils étaient accoutumés à respecter, jettent leurs armes, sautent par la fenêtre, ou se retirent jusque dans les caves; le roi, profitant de leur désordre, et les siens animés par le succès, poursuivent les Turcs de chambre en chambre, tuent ou blessent ceux qui ne fuient 30 point, et en un quart d'heure nettoient la maison d'ennemis.

Le roi aperçut, dans la chaleur du combat, deux janissaires qui se cachaient sous son lit; il en tua un d'un coup d'épée; l'autre lui demanda pardon en criant amman.2 « Je te donne la vie, dit le roi au Turc, à condition que tu iras faire au bacha un fidèle récit de ce que 35 tu as vu. » Le Turc promit aisément ce qu'on voulut, et on lui permit de sauter par la fenêtre comme les autres.

1 He had been wounded at Pultava.
2 "pardon."

ΙΟ

Les Suédois étant enfin maîtres de la maison, refermèrent et barricadèrent encore les fenêtres. Ils ne manquaient point d'armes; une chambre basse, pleine de mousquets et de poudre, avait échappé à la recherche tumultueuse des janissaires; on s'en servit à propos: les 5 Suédois tiraient à travers les fenêtres, presque à bout portant, sur cette multitude de Turcs, dont ils tuèrent deux cents en moins d'un demi-quart d'heure.

Le canon tirait contre la maison, mais, les pierres étant fort molles, il ne faisait que des trous et ne renversait rien.

Le kan1 des Tartares et le bacha, qui voulaient prendre le roi en vie, honteux de perdre du monde et d'occuper une armée entière contre soixante personnes, jugèrent à propos de mettre le feu à la maison pour obliger le roi de se rendre. Ils firent lancer sur le sur le toit, contre les portes et contre les fenêtres, des flèches entortillées de 15 mèches allumées: la maison fut en flammes en un moment; le toit tout embrasé était près de fondre sur les Suédois. Le roi donna tranquillement ses ordres pour éteindre le feu. Trouvant un petit baril plein de liqueur, il prend le baril lui-même, et, aidé de deux Suédois, il le jette à l'endroit où le feu était le plus violent. Il se trouva que ce baril 20 était rempli d'eau-de-vie; mais la précipitation, inséparable d'un tel embarras, empêcha d'y penser. L'embrasement redoubla avec plus de rage: l'appartement du roi était consumé; la grande salle où les Suédois se tenaient était remplie d'une fumée affreuse, mêlée de tourbillons de feu qui entraient par les portes des appartements voisins; 25 la moitié du toit était abîmée dans la maison même; l'autre tombait en dehors en éclatant dans les flammes.

Un garde, nommé Walberg, osa, dans cette extrémité, crier qu'il fallait se rendre. «Voilà un étrange homme, dit le roi, qui s'imagine qu'il n'est pas plus beau d'être brûlé que d'être prisonnier ! » Un autre 30 garde, nommé Rosen, s'avisa de dire que la maison de la chancellerie, qui n'était qu'à cinquante pas, avait un toit de pierre et était à l'épreuve du feu; qu'il fallait faire une sortie, gagner cette maison et s'y défendre: «Voilà un vrai Suédois!», s'écria le roi. Il embrassa ce garde et le créa colonel sur-le-champ. «< Allons, mes amis, dit-il, prenez 35 avec vous le plus de poudre et de plomb que vous pourrez, et gagnons la chancellerie l'épée à la main. »

Les Turcs, qui cependant entouraient cette maison tout embrasée, voyaient avec une admiration mêlée d'épouvante que les Suédois n'en 1 The title of sovereign princes in Tartar countries.

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sortaient point, mais leur étonnement fut encore plus grand lorsqu'ils
virent ouvrir les portes et le roi et les siens fondre sur eux en déses-
pérés. Charles et ses principaux officiers étaient armés d'épées et de
pistolets: chacun tira deux coups à la fois à l'instant que la porte
s'ouvrit, et, dans le même clin d'œil, jetant leurs pistolets et s'armant 5
de leurs épées, ils firent reculer les Turcs plus de cinquante pas; mais
le moment d'après, cette petite troupe fut entourée: le roi, qui était
en bottes, selon sa coutume, s'embarrassa dans ses éperons et tomba.
Vingt et un janissaires se jettent aussitôt sur lui; il jette en l'air son
épée pour s'épargner la douleur de la rendre. Les Turcs l'emmènent 10
au quartier du bacha, les uns le tenant sous les jambes, les autres sous
les bras, comme on porte un malade que l'on craint d'incommoder.

Au moment que le roi se vit saisi, la violence de son tempérament
et la fureur où un combat si long et si terrible avait dû le mettre firent
place tout à coup à la douceur et à la tranquillité: il ne lui échappa 15
pas un mot d'impatience, pas un coup d'œil de colère. Il regardait les
janissaires en souriant, et ceux-ci le portaient en criant: Allah! avec
une indignation mêlée de respect. Ses officiers furent pris au même
temps, et dépouillés par les Turcs et par les Tartares. Ce fut le 12
février de l'an 1713 qu'arriva cet étrange événement, qui eut encore 20
des suites singulières.
- « Histoire de Charles XII », Book VI

lettre

ive

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J'ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain ;1 je vous en remercie. Vous plairez aux hommes, à qui vous dites leurs vérités, mais vous ne les corrigerez pas. On ne peut peindre avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine, dont notre 25 ignorance et notre faiblesse se promettent tant de consolations. On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes: il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre, et je 30 laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. Je ne peux non plus m'embarquer pour aller trouver les 1 The "Discours sur l'origine de l'inégalité."

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