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APPELER, ÉVOQUER, INVOQUER. Nous appelons les hommes, les animaux qui vivent autour de nous; nous évoquons les esprits; nous invoquons la divinité.

APPLAUDISSEMENTS, LOUANGES. Le premier semble plus propre aux choses, le second aux personnes. On applaudit en public et au moment où l'action se passe; on loue dans toutes sortes de circonstances. Les applaudissements partent de la sensibilité; les louanges ont leur source dans le discernement de l'esprit.

APPLICATION, MIDITATION, CONTENTION. L'ap plication est une attention suivie et sérieuse; la méditation est une attention détaillée et réflechie; la contention est une attention forte et pénible.

APPOSER, APPLIQUER. Appliquer, c'est imposer une chose sur une autre; apposer n'est que du style de pratique. On appose le scellé; on applique un emplâtre.

APPRECIATION, ESTIMATION, ÉVALUATION, PRISÉE. L'estimation se fait par experts, et se dit de toutes sortes d'objets; la prisée se fait par huissier, et se dit des meubles; l'évaluation se fait des choses qui consistent en poids, nombre et mesure; l'appréciation se fait de marchandises dont les parties ne sont pas convenues du prix.

APPRÉCIER, ESTIMER, PRISER. Apprécier, c'est juger du prix courant de la vente et de l'achat des choses; estimer, c'est juger la valeur; priser, c'est mettre un prix.

APPRENDRE, ÉTUDIER. Étudier, c'est travailler à devenir savant; apprendre, c'est y travailler avec

succès.

APPRENDRE, S'INSTRUIRE. On apprend d'un maitre; on s'instruit par soi-même. On peut apprendre sans étude, on ne s'instruit que par elle.

APPRETER, PRÉPARER, DISPOSER. On apprête pour ce qu'on va faire; on prépare pour être en état de le faire; on dispose pour s'arranger à pouvoir le faire.

APPRÉTÉ, COMPOSÉ, AFFECTE, AFFÉTÉ. L'homme apprété est recherché dans ses manières et dans ses discours; l'homme composé est grave, froid, réservé, circonspect, recherché dans son air et sa contenance; l'homme affecté n'a point la modération, la mesure qu'il convient de garder; l'homme affeté se distingue par de petites manières recherchées. La précieuse est apprétée; la prude, composée; la petite maitresse, affectée; la minaudiere, affétée.

APPRIVOISI, PRIVÉ. Les animaux privés le sont naturellement; les animaux apprivoisés le sont par l'art.

APPROBATION, AGRÉMENT, GONSENTEMENT, RATIPICATION, ADHÉSION. Approbation se rapporte également aux opinions de l'esprit et aux actes de la volonté il s'applique au présent, au passé et à l'avenir; agrément ne se rapporte qu'aux actes de la volonté, et s'applique aux trois circonstances du temps; consentement et ratification sont relatifs aux actes de la volonté : le second ne se dit que des actes du passé; adhésion n'a rapport qu'aux opinions et à la doctrine.

APPROPRIER (s),S'ARROGER, S'ATTRIBUER. S'approprier, prendre pour soi; s'arroger, requérir avec hauteur; s'attribuer une chose, se l'adjuger. L'homme avide s'approprie; l'homme vain s'ar

roge; l'homme jaloux s'attribue. On s'attribue une intention, on s'arroge des titres, on s'appro prie un champ.

APPUI, SOUTIEN, SUPPORT. L'appui fortifie, on le met tout auprès; le soutien porte, on le place au-dessous; le support aide, il sert de jambage.

APPUYER, ACCOTTER. Appuyer indique l'élévation d'un corps à côté d'un autre; accotter exprime la position à côté. Accotter, c'est appuyer

contre.

APTITUDE, DISPOSITION, PENCHANT. L'aptitude tient à l'esprit; la disposition au tempérament; le penchant au cœur.

ARIDE, SEC. Une longue sécheresse canse l'aridité. Un terrain sec peut redevenir fertile par l'arrosement; un sol aride est frappé de stérilité: il absorbe inutilement l'eau dont on l'arrose.

ARME, ARMURE. Arme, ce qui sert pour l'attaque, pour la défense; armure n'est d'usage que pour ce qui sert à défendre.

ARMES, ARMOIRIES. On dit armes, lorsqu'il s'agit de telles armes en particulier : les armes d'Espagne; on dira plutôt armoiries, si l'on considère ces symboles en général.

AROMATE, PARFUM. L'aromate est le corps d'ou s'élève l'odeur; le parfum est l'odeur qui s'élève. Parfum se prend aussi pour le corps qui parfume; mais aromate ne se dit jamais de l'odeur même. Le parfum ne s'adresse qu'à l'odorat; l'aromate flatte l'odorat et le goût.

ARKACHER, RAVIR. On arrache un arbre, une dent, un clou, une fille des bras de sa mère; on ravit des biens, une proie, des choses mal gardées,

ARRANGER, RANGER. On range ce que l'on met à sa place, à son rang, un livre, un habit; on ar range ce que l'on met en ordre, une bibliothèque, des meubles, un appartement.

ARRÊTER, RETENIR. Pour arrêter, il suffit d'interrompre momentanément le mouvement; pour re tenir, il faut le suspendre: on arrête un voleur, on le retient en prison.

ART, MÉTIER, PROFESSION. Le métier fait l'ovvrier, l'homme de travail; la profession fait l'homme d'un tel ordre, d'une telle classe; l'art fait l'artisan, l'artiste, l'homme habile. Le métier demande un travail de la main, la profession, un travail quelconque; l'art un travail de l'esprit, sans exclure comme sans exiger le travail de la

main.

ARTISAN, OUVRIER, ARTISTE. L'artisan excree un art mécanique; l'ouvrier fait un genre d'ouvrage manuel; le peintre, le sculpteur sont des artistes.

ASCENDANT, EMPIRE, INFLUENCE. L'ascendant est le pouvoir d'une supériorité légitime, celui d'un vieillard respectable, d'un père vertueux; empire est le pouvoir de la force; influence celui de l'elo quence, de la persuasion, de l'insinuation, de l'er traînement.

ASYLE, REFUGE. L'asyle est un lieu de sûreté, d'où l'on ne peut être arraché; le refuge est un asyle contre un danger pressant. Dans l'asyle, o est hors de danger; dans le refuge, on n'echapp qu'à la poursuite.

ASPECT, VUE. Le deuxième se dit de celui qu voit, le premier de l'objet qu'il voit : on a une bell vue, une vue très-étendue sur une campagne inon dée ou stérile dont l'aspect est désagréable. ASPIRER, PRÉTENDRE, Le désir fait aspirer aprè

la possession d'un bien; si l'on y a des droits, il est juste d'y prétendre; tous les hommes aspirent au bonheur, la vertu seule permet d'y prétendre. ASSEMBLER, JOINDRE, UNIR. On assemble les pièces d'une machine pour les mettre dans l'ordre nécessaire; on les joint pour juger de leur effet; puis on les unit pour les dresser et s'en servir.

ASSEMBLER, RASSEMBLER. On assemble une armée par la réunion des corps épars, par des levées; on la rassemble en rappelant les troupes qui en avaient été séparées par des opérations, ou en rappelant les militaires en semestre.

ASSEL, SUFISAMMENT. Assez a rapport à la quantité qu'on veut avoir; suffisamment, à la quantité qu'on veut employer. L'avare n'a jamais assez d'argent; le prodigue n'en a jamais suffisamment.

ASSOCIER, AGRÉGER. On associe à une entreprise; on aggrege à un corps: certains corps ont des cgrégés, d'autres des associés; tantôt ils constituent le corps même, tantôt ils n'y sont que comme ajoutés.

ASSUJETTISSEMENT, SUJETION. Le premier désigne un état habituel; le second la situation actuelle. Les lois, les bienséances nous assujettissent; les soins, les travaux sont des sujétions.

ASSURER, AFFIRMER, CONFIRMER. On se sert du ton de la voix pour assurer, du serment pour affirmer, d'une nouvelle preuve pour confirmer.

ASTRONOME, ASTROLOGUE. L'astronome connaît le Cours et le mouvement des astres; l'astrologue raiBonne sur leur influence, prédit les évènements.

ment dits: car,

ATHEE, MATERIALISTE. L'athée prétend croire qu'il n'y a point de Dieu; le matérialiste voit Dieu dans la matière, ou comme intelligente et active, on comme indentifiée à Dieu qui en est l'ame; dans le premier cas, il est athée, dans le second, il deTent presque theiste. Il n'y a pas d'athées propresi rien dans l'univers ne peut être leur Dieu, ils s'en font un d'eux-mêmes, de leur être. ATRABILAIRE, MÉLANCOLIQUE. Le mélancolique a le cour attendri, sa tristesse est morne et inquiete; Tatrabilaire a le cœur en durci, sa tristesse est sombre et farouche. Le mélancolique évite les hommes; Tatrabilaire les repousse.

ATTACHE, ATTACHEMENT. L'attache est un lien; Tattachement une liaison. Lesecond vient du cœur. ATTACHEMENT, ATTACHE, Dévouement. L'attacheMead unit à ce que nous aimons; l'attache, à ce que nous estimons comme précieux ;l'attachement, de dévouement sont plus généreux que l'attache, qui prend sa source dans l'égoïsme; le dévouement soumet à la volonté de ceux que nous désirons

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ATTENTION, MÉDITATION. L'attention se fixe sur les objets extérieurs; la méditation s'arrête à ses propres pensées : « Faites attention à ce précepte pour le retenir et le méditer. >>

ATTENUER, BROYER, PULVÉRISER. Il faut fondre et dissoudre pour atténuer; il faut broyer pour pulvériser.

ATTITUDE, POSTURE. La posture est une manière momentanée de poser le corps; l'attitude est une contenance plus durable.

ATTRACTION, TRACTION. Traction se dit d'une des puissances qui tirent par le moyen d'une corde, etc.; attraction, de l'action qu'un corps exerce pour attirer à lui sans intermédiaire. La traction d'un chariot par un cheval; l'attraction du fer par l'ai

mant.

ATTRIBUER, IMPUTER. On attribue les choses; on impute surtout la valeur des choses. Vous attri buez un ouvrage à celui que vous en croyez l'auteur; vous imputez un évènement à celui que vous préjugez en être la cause. Imputer se prend alors en mauvaise part.

AUDACE, HARDIESSE, EFFRONTERIE. La hardiesse marque du courage et de l'assurance; l'audace, de la hauteur et de la témérité; l'effronterie, de l'impudence. Hardicsse se prend le plus souvent en bonne part; noble, heureuse hardiesse; audace, effronterie, en mauvaise part; on est hardi dans le danger, audacieux dans ses entreprises, effronté dans ses propositions, ses discours, sa conduite.

c'est

AUGMENTER, CHOITRE. Croître, c'est acquérir plus de hauteur ou de longueur; augmenter, s'agrandir dans quelque sens que ce soit.

AUGURE, PRÍSAGE. Nous augurons; les choses présagent; et nous présageons. On tire l'augure, on voit certains présages. L'augure est une conjecture futile, légère, hasardée; le présage, une conjecture légitime ou raisonnable. Le présage cst certain ou incertain; l'augure, bon ou mauvais.

AUSTÈRE, SEVERE, RIGOUREUX. L'homme austère ne s'écarte point des règles; l'homme sévère exige que les autres ne s'en écartent point; celui qui est rigoureux met de l'excès dans la sévérité.

AUSTÈRE, SEVERE, RUDE. On est austère par la manière de vivre; sévère par la manière de penser; rude par la manière d'agir.

AUSTERE, ACERBE, APRE. Ce qui est acerbe a besoin d'être adouci; ce qui est austère a besoin d'être mitigé; ce qui est apre a besoin d'être corrigé par quelque chose d'onctueux.

AUTORITÉ, PUISSANCE, POUVOIR. L'autorité est le droit du plus grand; la puissance, le droit du plus fort; le pouvoir, l'agent de l'un et de l'autre.

AUTORITÉ, POUVOIR, EMPIRE. L'autorité laisse plus de liberté dans le choix; le pouvoir parait avoir plus de force; l'empire est plus absolu.

AUTOUR, prép. A L'ENTOUR, adv. Ce qui est autour est plus près, ce qui est à l'entour plus loin: les échos d'à l'entour; les maisons autour de l'église.

AVANT, DEVANT. Avant est pour l'ordre du temps; devant, pour l'ordre des places.

AVANTAGE, PROFIT, UTILITÉ. L'avantage naît de la commodité, des moyens; le profit, du gain; l'utilité, du service. Le livre est utile; ces leçons sont profitables; le débit en est avantageux. [Encyclop.]

AVARE, AVARICIEUX. Avare convient lorsqu'il

s'agit de la passion de l'avarice; avaricieux se dit lorsqu'il n'est question que d'un acte de cette passion.

AVENIR, FUTUR. Le futur est relatif à l'existence des évènements; l'avenir, aux révolutions des évènements.

AVERTIR, INFORMER, DONNER AVIS. En avertissant d'une conjuration, on dirige l'attention sur elle; celui qui est informé des détails, en donne avis à ceux qu'il veut sauver.

AVERTISSEMENT, AVIS, CONSEIL. L'avertissement instruit on réveille l'attention; l'avis et le conseil ont aussi pour but l'instruction. L'avis n'emporte aucune idée d'obligation, de supériorité; le conseil emporte toujours une de ces idées, quelquefois les deux.

AVEU, CONFESSION. L'aveu suppose l'interrogation; la confession tient un peu de l'accusation. On avoue ce qu'on a eu envie de cacher; on confesse ce qu'on a en tort de faire.

AVEUGLÉMENT, A L'AVEUGLE. Qui agit à l'aveugle n'est pas éclairé; qui agit aveuglément ne suit pas les lumières naturelles. Le premier ne voit pas, le second ne veut pas voir.

AVISÉ, PRUDENT, CIRCONSPECT. L'homme avisé trouve des expédients, l'homme prudent emploie les moyens de les faire réussir, et l'homme circonspect évite les inconvénients qui pourraient les faire manquer.

AVOIR, POSSÉDER. On n'est pas possesseur de tout ce que l'on a entre les mains. Tel homme a beaucoup de réputation, qui ne la possédera pas long-temps. On a par le fait; on possède par le droit.

AVORTON, EMBRYON, FOETUS. L'embryon est l'animal informe; le foetus a une forme sensible; on lui donne le nom d'avorton s'il naît avant terme.

AXIOME, MAXIME, SENTENCE, APOPHTEGME, APHORISME. L'axiome est une vérité capitale, évidente; la maxime est une proposition majeure faite pour guider; la sentence est un enseignement court, déduit de l'observation, ou puisé dans la conscience; c'est une espèce d'oracle; l'apophtegme est un dit mémorable qui, parti d'une ame énergique, fait une vive impression; l'aphorisme résume en préceptes abrégés ce qu'il s'agit d'apprendre c'est la substance d'une doctrine.

:

B.

BABIL, BAVARDAGE, CAQUET. Le babil est un excès de paroles, qui n'a pour but que le plaisir de parler; le bavardage est un flux de paroles qui prend sa source dans la sottise; le caquet prend sa source dans une vanité puérile. Un enfant a du babil; un fat, du bavardage; une femme, du caquet. BABILLARD, BAVARD. Le babillard parle trop par légèreté; il dit des riens, il lui suffit de parler; le bavard parle continuellement, par prétention; le babillard peut amuser; le bavard déplait.

rête

BADAUD, BENEL, NIAIS, NIGAUD. Le badaud s'ar

par curiosité devant tout ce qu'il voit; le benet, par bonhomie, se prête à tout ce qu'on veut; le niais, dépourvu d'expérience, ne sait ni ce qu'il faut penser, ni ce qu'il faut dire, ni comment se tenir; le nigaud, par ineptie, reste toujours

enfant.

BAILLEMENT, HIATUS. Báillement, terme gram

matical, exprime l'état de la bouche pendant l'emission des sons; hiatus, l'espèce de cacophonie qui résulte de ces sons. L'hiatus est l'effet du bail. lement.

BAISSER, ABAISSER. Baisser se dit des choses qu'on place plus bas : on baisse la tête. Abaisser se dit des choses faites pour en couvrir d'autres, mais qui, étant relevées, les laissent à découvert: on abaisse les paupières.

BALANCER, HESITER. Lorsqu'il y a des considé rations à peser, on balance; des obstacles à vaincre, on hésite. L'incertitude fait balancer; la faiblesse fait hésiter.

BALBUTIER, BEGAYER, BREDOUILLER. Celui qui balbutie ne parle que du bout des lèvres; celui qui bégaie s'arrête à certaines articulations, coupe et répète les syllabes; celui qui bredouille roule precipitamment ses paroles les unes sur les autres.

BANQUEROUTE, FAILLITE. Faire banqueroute, c'est disparaitre de gré ou de force du commerce, par inpossibilité de payer; faire faillite, c'est se déclarer hors d'état de payer. La banqueroute exprime la cessation du commerce; la faillite, la chute du commerce: le premier est plus odieux.

BARBARIE, CRUAUTÉ, FEROCITÉ. La barbarie livre à la mort les victimes de ses passions; la cruauté fait précéder la mort par des tortures; la ferocité jouit de leur spectacle.

BAS, ABJECT, VIL. Ce qui est bas manque d'élévation; ce qui est abject est dans une grande bassesse; ce qui est vil, dans un grand décri. Un homme est bas, lorsqu'il déroge la dignité de son état; il est abject lorsqu'il se ravale jusqu'à faire oublier ce qu'il est; il est vil, s'il renonce à sa propre estime et à celle des autres.

BASSESSE, ABJECTION. L'abjection se trouve dans l'obscurité, le peu d'estime, le rebut, les situations humiliantes; la bassesse se trouve dans le peu de

mérite et de fortune.

BATAILLE, COMBAT. La bataille est une action générale; le combat, une action particuliere: combat a plus de rapport l'action de se battre. Dans cette bataille, le combat fut opiniâtre.

BATTRE, FRAPPER. Pour battre, il faut redoubler les conps; pour frapper, il suffit d'en donner un

BEATIFICATION, CANONISATION. Dans l'acte de beatification, le pape accorde à un ordre reli gieux le privilege de rendre an béatifié un culte particulier; dans l'acte de canonisation, il deter mine le culte qui doit être rendu par l'église an

nouveau saint.

BEAU, JOLI. Le beau est grand, noble, régulier, imposant; le joli, est délicat, mignon, agréable Le beau s'adresse à l'ame : le joli parle aux sens: le beau étonne, entraîne; le joli séduit, amuse. leur règle commune, c'est celle du vrai.

BEAUCOUP, PLUSIEURS. Beaucoup est d'usage pow le calcul, la mesure ou l'estimation; plusieur n'est jamais employé que pour le nombre.

BENI. -IE, BENIT. -TE. Le premier a un sens mora et de louange; le second, un sens légal et de con sécration. L'homme charitable ou les pauvres son bénis de Dieu; le pain est bénit.

BÉNIN, DOUX, HUMAIN. Bénin marque l'inclina tion à faire du bien : il reçoit une teinte légère d dédain; doux indique une caractère qui rend tre sociable et ne rebute personne; humain dénot une sensibilité compatissante aux maux d'autru

BESACE, BISSAC. L'ouvrier, le paysan porte un bissac; le mendiant porte une besace.

BETE, BRUTE, ANIMAL. Bête se prend par opposition à homme; animal convient à tous les êtres organisés vivants; la bête s'appelle brute dans son dernier degré de stupidité.

BETE, STUPIDE, IDIOT. On est bête par défaut d'intelligence; stupide, par défaut de sentiment; idiot, par défaut de connaissance.

BETISE, SOTTISE. Un sot, qui voit de travers et décide, est plus dangereux qu'une bête qui ne voit pas et se tait. L'un a l'esprit bouché, l'autre faux. On dit l'une; on dit, et l'on fait l'autre.

BEVUE, MÉPRISE, ERREUR. Celui qui voit mal fait des bévues: celui qui se trompe dans le choix, commet une méprise; celui qui se trompe dans l'application de ses intentions, commet une erreur. La bévue vient d'un défaut de réflexion; la méprise, d'un défaut de connaissance; l'erreur, d'un défaut d'attention.

BIEN, BEAUCOUP, ABONDAMMENT, COPIEUSEMENT, A FOISON. Beaucoup dénote une grande quantité vague et indéfinie; bien, une quantité surprenante ou très-remarquable; abondamment, une quantité de certains objets pris en grand, supérieure à la quantité d'usage; copieusement, une grande quantité d'objets de consommation, excédant la mesure suffisante; à foison, la très-grande quantité de choses qui semblent pulluler et ne point s'épuiser. BIENFAISANCE, BIENVEILLANCE. La bienveillance est le desir de faire du bien; la bienfaisance est l'action même.

BIENFAIT, GRACE, SERVICE, BON OFFICE, PLAISIR. Le bienfait est un acte libre par lequel on rend meilleure la condition de quelqu'un; la grace est an bien auquel celui qui la reçoit n'avait aucun droit; le service est un secours par lequel on contribue à faire obtenir quelque bien; le bon office est l'emploi des moyens pour faire réussir; le plaisir est une chose obligeante faite pour autrui.

BIZARRE, BOURRU, CAPRICIEUX, QUINTEUX, FANTASQUE. Les deux premiers mots ne sont jamais synonymes. Le bizarre a des goûts, des sentiments singuliers; le capricieux, faute de principes, de règles, ne sait à quoi se fixer; le fantasque change au gré de son imagination fantastique; le quinteur, par des changements subits d'humeur, passe d'un sentiment à un autre, de l'aménité à l'humeur; le bourru, plus constant, est dur, bref dans ses réponses, repoussant dans ses gestes, et cependant il peut être meilleur et plus aimé que tous les autres. BLAMER, CENSURER, REPRIMANDER. Tout homme vertueux a le droit de blâmer celui qui se conduit mal; le magistrat, le supérieur ont seuls le droit de censurer; un père de famille, un précepteur réprimandent les enfants.

BLESSURE, PLATE. La blessure est la marque d'un coup reçu; la plaie l'ouverture faite à la peau, soit par le coup, soit par la malignité des humeurs. La blessure n'est quelquefois qu'une contusion; la plaie suppose nécessairement une séparation dans les chairs. La blessure produit une plaie. Au figuré, blessure signifie tort, dommage, détriment, mal fait à l'honneur, à la réputation, au repos. On donne le nom de plaie à des maux beaucoup plus grands que de simples blessures, aux grandes afflictions, à des pertes funestes, aux vives douleurs.

Tome II.

BLUETTE, ÉTINCELLE. La bluette, pâle, faible, luit dans les cendres remuées et s'évanouit presque aussitôt; l'étincelle ardente, éclatante, jaillit, pétille, produit souvent l'incendie. On dit : Des bluettes d'esprit, des étincelles de génie.

Bors, CORNE, t. de vénerie. La corne est permanente, le bois tombe dans une saison, et repousse. La corne est simple, le bois est rameux.

BOITER, CLOCHER. Boiter, c'est marcher en vacillant, par douleur ou faiblesse; clocker, c'est marcher avec un pied trop court, en penchant d'un côté.

BONHEUR, CHANCE. Bonheur embrasse les évènements, les circonstances qui rendent un homme heureux ; chance n'a de rapport qu'aux évènements qui dépendent du hasard. On peut nuire ou contribuer à son bonheur; la chance est hors de notre pouvoir.

BONHEUR, FÉLICITÉ. La félicité est la jouissance intime, sans trouble et presque sans perspective de trouble, du bonheur.

BONHEUR, PROSPÉRITÉ. Le bonheur est l'effet du hasard; la prospérité est le succès de la condition.

BONHEUR, FÉLICITÉ, BEATITUDE. Bonheur marque l'état de la fortune; félicité exprime l'état du cœur disposé à goûter le plaisir; béatitude désigne l'état de l'imagination satisfaite.

BONTE, BENIGNITÉ, DÉBONNAIRETÉ. La bonté porte à faire du bien, la bénignité, à le faire noblement; la débonnaireté, à le faire généreusement, en le rendant même pour le mal. La bonté touche; la bénignité charme; la débonnaireté étonne et comble.

BONTE, HUMANITÉ, SENSIBILITÉ. La bonté est dans le cœur; l'humanité dans la réflexion ; la sensibilité dans l'organisation. On peut, sans être bon, être humain et même sensible.Combien de femmes sensibles refusent leurs secours au malheureux dont l'état les émeut; elles le fuient! L'homme bon peut aussi être distrait de la pitié; mais l'homme humain réfléchit sur le sort de la pauvre espèce humaine, il songe que lui-même est de cette espèce, il se secourt pour ainsi dire lui-même dans le malheureux.

BORD, COTE, RIVE, RIVAGE. Le bord touche l'eau; la côte s'élève au-dessus; la rive et le rivage sont ses limites: le rivage est une rive étendue. La mer seule a des côtes; la mer, les fleuves, les grandes rivières ont des rives; toutes les eaux ont des bords.

BOUDERIE, FACHERIE, HUMEUR. La bouderie vient d'une extrême délicatesse de sentiments qui souffre du moindre tort, et l'exprime par le silence, n'osant employer la plainte : la bouderie fomente l'amour dans son sein; la fâcherie, moins tendre, plus capricieuse, plus irascible, s'irrite et s'alimente par des torts mutuels : elle s'exprime hautement, avec aigreur, et son indiscrétion peut éveiller la haine; l'humeur est, dans le tempérament, comme une mer orageuse qu'un souffle agite, qui s'apaise d'elle-même lorsqu'on ne lui oppose aucune

résistance.

BOUFFON, FACETIEUX, PLAISANT. Celui-ci a du sel, de la finesse, même de la malice dans l'esprit; il plaît, récrée sans efforts; le second fait plus de frais; il rit avec éclat, en s'abandonnant à son humeur enjouée, sans jamais mordre; le bouffon emploie beaucoup de gestes, il joue sur les mots pour faire rire de tout, sans retenue, sans goût, et même sans délicatesse.

BOULEVARD, REMPART. Le rempart présente une fortification simple; le boulevard, une fortification composée, compliquée, ajoutée au rempart. Aux entrées d'un état, il faut des boulevards; aux places moins importantes, des remparts suffisent.

BOUT, EXTRÉMITÉ, FIN. Le bout répond à un autre bout; l'extrémité, au centre; la fin, au commencement. On parcourt une allée d'un bout à l'autre; on pénètre de l'extrémité d'un pays jusqu'à son centre, on suit une chose depuis son origine jusqu'à sa fin.

BREF, COURT, SUCCINCT. Le temps seul est bref; la matière et les temps sont courts; le discours seul est succinct.

BROUILLER, EMBROUILLER. Celui qui brouille met la confusion dans les choses; celui qui embrouille ne fait pas l'arrangement qu'il devait. On brouille toutes sortes de choses; on n'embrouille figurément que les choses qui demandent de l'ordre, de la clarté.

BUT, VUES, DESSEIN. Le but est fixe : c'est où l'on 'veut aller; les vues sont plus vagues : c'est ce qu'on veut se procurer; le dessein est plus ferme : c'est ce qu'on veut exécuter. On se propose un but; on a des vues; on forme un dessein.

C.

CABALE, COMPLOT, CONSPIRATION, CONJURATION. La cabale est l'intrigue d'un parti pour tourner à son gré les évènements; le complot est un concert clandestin de quelques personnes pour détruire, par un coup décisif et inopiné, ce qui leur fait peine; la conspiration est une trame sourde pour abattre un pouvoir odieux; la conjuration est une confédération pour opérer, par des entreprises violentes, une révolution.

CABANE, HUTTE, CHAUMIÈRE. Le pauvre habite une cabane, il ne peut guère y être heureux; le sauvage, une hutte; le pauvre laboureur, une chaumière; le bonheur y habite souvent avec lui : l'insouciance animale réside dans la hutte du sauvage; la misère et la résignation se fixent dans la cabane du pauvre.

CABARET, TAVERNE, AUBERGE, HÔTELLERIE. Cabaret, lieu où l'on vend du vin en détail; taverne, lieu où l'on a coutume de boire à l'excès et de se livrer à la crapule; auberge, lieu où l'on donne à manger en repas réglés; hôtellerie, lieu où les voyageurs et les passants sont logés, nourris et couchés pour de l'argent.

CACHER, DISSIMULER, DÉGUISER. On cache par un profond secret; on dissimule par une conduite réservée; on déguise par des apparences contraires. On cache par le silence, on dissimule par les démarches; on déguise par les discours. La prudence cache sa vie, l'art déguise, la fausseté dissimule.

CADUCITÉ, DECREPITUDE. Décrépitude se dit et ne peut se dire que des êtres animés; caducité se dit de même de certaines choses inanimées. La caducité mène à la décrépitude.

c'est

CALCULER, COMPTER, SUPPUTER. Compter, énumérer; supputer, c'est combiner des nombres pour en avoir le total; calculer, c'est faire des opérations arithmétiques.

CALAMITÉ, MALHEUR, InFortune. La malheur est un coup du sort qui frappe un individu, le condamne à l'infortune; s'il atteint de ses coups un

grand nombre de personnes, il devient calamité. Le renchérissement d'une denrée de première nécessité est une calamité qui réduit à l'infortune ceux qui ont le malheur de manquer d'ouvrage ou de santé.

CALENDRIER, ALMANACH. L'indication des mois, des jours, des fêtes, n'est que l'objet du calendrier; l'almanach contient de plus des observations astronomiques, etc.

CANDEUR, NAÏVETÉ, Ingénurré. La candeur est pure comme la couleur blanche qui est son image; la naïveté, fille de la simple nature, est parente de la niaiserie; l'ingénuité, sœur de la brusque franchise, mais plus douce qu'elle, est plus indiscrète parce qu'elle est plus innocente, elle est dans l'ame; la naïveté dans le ton et le style; la candeur dans l'une et l'autre. Un enfant a de la candeur, une jeune fille de l'ingénuité; le vieillard même peut être naïf. L'ingénuité, la naïveté peuvent se dire ironiquement pour l'effronterie. « La réponse est naïve, l'aveu est ingénu, » dira-t-on d'un coupable qui ne rougit pas de sa faute.

CAPACITÉ, HABILETE. Capacité a plus de rapport à la connaissance des préceptes; habileté, à leur application. Qui a de la capacité, peut; qui a de l'habileté, réussit.

CAFTIF, ESCLAVE, PRISONNIER. L'esclave est un captif que les Maures ont pris et condamné aux travaux en refusant de lui rendre la liberté. Le prisonnier, privé momentanément de sa liberté par l'ennemi, peut et doit être échangé; on rachète un captif, on affranchit un esclave. Un jolie femme rend d'abord captif, et la passion qu'elle enflamme par ses charmes fait esclave.

CARESSER, FLATTER, CAJOLER, FLAGorner. On 04resse ceux que l'on aime; on flatte ceux qui peuvent servir ou nuire; on cajole des gens ciles à tromper et à gagner, on flagorne des supé

rieurs.

fa

CARNASSIER, CARNIVORE. Carnivore signific, qui mange de la chair; carnassier, qui en fait sa nourriture habituelle. Carnassier se dit de l'animal qui ne peut vivre que de chair; l'animal carnivoren'est pas réduit à cet unique aliment. Le lion est carnas sier; l'homme est carnivore.

CASSER, BRISER, ROMPRE. On casse du bois, du verre, en le frappant, le heurtant; on rompt da fer, en le faisant céder, fléchir, enfoncer, ployer sous le poids; on brise une pierre, une statue, en la frappant à grands conps, en l'écrasant, la divisant d'une manière violente, jusqu'à la destruction. CAUSTIQUE, SATIRIQUE, MORDANT. L'homme naturellement satirique aperçoit les défauts, les ridicu les; s'il se contente de piquer l'amour-propre les reprenant, il n'est que caustique; il est mordant s'il enfonce le trait et fait une blessure à l'honneur : l'esprit satirique se jone avec malice et gaite; le caustique est taquin, il a de l'humeur; le mordant est méchant, il a de la haine.

en

CAUTION, GARANT, RÉPONDANT. La caution s'oblige à satisfaire à un engagement ou à indemniser, si celui qu'elle cautionne manque de foi ou de fidelité; le garant s'oblige à faire jouir de la chos» vendue; le répondant s'oblige à réparer les torts de celui dont il répond. La caution s'engage pour intérêts pécuniaires; le garant, pour des possessions; le répondant pour des dommages. Le premier s'engage à payer; le second à poursuivre; le troi

des

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