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Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu'un aurait-il jamais cru
Qu'un lion d'un rat eat affaire ?
Cependant il avint qu'au sortir des forêts.
Ce lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissemens ne le purent défaire.
Sire rat accourut, et fit tant par ses dents,
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.
Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.

FABLE IX.

LA COLOMBE ET LA FOURMI.

L'autre exemple est tiré d'animaux plus petits.

Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe:
Quand sur l'eau se penchant une fourmi y tombe;

Et dans cet océan l'on eût vu la fourmis

S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La colombe aussitôt usa de charité:

Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la fourmi arrive.
Elle se sauve. Et là-dessus

Passe un certain croquant qui marchait les pieds nus.
Ce croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu'il voit l'oiseau de Vénus,
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu'à le tuer mon villageois s'apprête,
La fourmi le pique au talon.

Le vilain retourne la tête:

La colombe l'entend, part, et tire de long.
Le soupé du croquant avec elle's'envole:
Point de pigeon pour une obole.

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LE LOUPET la cigogne, cul
: tupro til Jitted

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Les loups mangent gloutonnement.
Un loup done étant des frairiesov 10
Se pressa, dit-on, tellement, iM
Qu'il en pensa perdre la vie

!

Un os lui demeura bien avant au gosierjen od bolq mot
De bonheur pour ce loup, qui ne pouvait crier,
Près de là passe une cigogne.

Il lui fait signe; elle accourt.

Voilà l'opératrice aussitôt en besogne.

Elle retira l'os; puis, pour un si bon tour,

Elle démanda son salaire.And.

Votre salaire! dit le loup:

3.

Vous riez, ma bonne commèrenia.
Quoi! ce n'est pas encor beaucoup

D'avoir de mon gosier retiré votre cou ?
Allez, vous êtes une ingrate

Ne tombez jamais

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patte.

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FABLE XI...

LE LION ABATTU PAR L'HOMME, Þ boca ed

On exposait une peinture

Où l'artisan avait tracé

Un lion d'immense stature

Par un seul homme terrassé.
Les regardans en tiraient gloire.
Un lion en passant rabattit leur caquet:
Je vois bien, dit-il, qu'en effet
On vous donne ici la victoire;
Mais l'ouvrier vous a déçus;
Il avait liberté de feindre.
Avec plus de raison nous aurions le dessus,
Si mes confrères savaient peindre. (od ro

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Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins, mûrs apparemment, ob icri
Et couverts d'une peau v

vermeille.

Le galant en eût fait volontiers un repas.

IL

Mais comme il n'y pouvait atteindre:

Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?

FABLE XIII.

་་་

LE GEAI PARÉ DES PLUMES DU PAON.

Un paon muait: un geai prit son plumage;
Puis après se l'accommoda;

Puis parmi d'autres paons tout fier se panada,
Croyant être un beau personnage.

Quelqu'un le reconnut: il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué,

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Et par messieurs les paons plumé d'étrange sorte;
Même vers ses pareils s'étant réfugié,
Il fut par eux mis à la porte.

Il est assez de geais à deux pieds comme lui, no′′a
Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui,

Et que l'on nommé plagiaires.

Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui:{}} Ce ne sont pas là mes affaires. Printabur

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Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre ;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
L'âne n'en sait juger que par ce qu'il en voit:
Le renard, au contraire, à fond les examine,
Les tourne de tout sens; et, quand il s'aperçoit
Que leur fait n'est que bonne mine,
Il leur applique un mot qu'un buste de héros

Lui fit dire fort à propos.

C'était un buste creux, et plus grand que nature.
Le renard, en louant l'effort de la sculpture :!
Belle tête, dit-il; mais de cervelle point.

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Combien de grands seigneurs sont bustes en ce point! JOAN ZUBNI ZAnab turing sin

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Socrate un jour faisant bâtir,

Chacun censurait son ouvrage :

L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
Indignes d'un tel personnage

avis

ong sid L'autre blâmait la face, et tous étaient d'a Que les appartemens en étaient trop petits. Quelle maison pour lui! l'on y tournait à peine. Plât au ciel que de vrais amis,

Telle qu'elle est, dit il, elle pût être pleine!

Le bon Socrate avait raison

De trouver pour ceux-là, trop grande sa maison.
Chacun se dit ami; mais fou qui s'y repose:

Rien n'est plus commun que ce nomery asl
Rien n'est plus rare que la chose.

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