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PRÉFACE.

La mort de M. Walckenaer avait interrompu la suite des Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, au grand regret du public qui a su apprécier le mérite de cette œuvre historique si consciencieuse, si intéressante, et qui nous introduit auprès de Mme de Sévigné dans ce grand siècle où cette femme illustre occupe dans le genre épistolaire le même rang que Corneille dans la tragédie, Molière dans la comédie et La Fontaine dans l'apologue.

M. Monmerqué était, par ses études spéciales, appelé à continuer cette œuvre si bien commencée; mais tout occupé d'une nouvelle et grande édition des Lettres de Mme de Sévigné, il ne put accepter cette tâche que son ami lui léguait, et la mort qui vint aussi bientôt le frapper l'aurait laissé inachevée.

M. Aubenas, qui s'était fait connaître dès 1842 par une Histoire de Madame de Sévigné, de sa famille et de ses amis, suivie d'une Notice historique sur Madame de Grignan, voulut bien se charger de cette continuation; une longue maladie, puis sa nomination aux fonctions de procureur général à

Pondichery l'ont forcé d'interrompre son travail, après toutefois avoir achevé le VI volume, qui s'arrête à l'année 1680.

M. Aubenas, se conformant au plan adopté par M. Walckenaer, s'est efforcé, tout en s'astreignant à la plus grande exactitude, à donner à ses appréciations historiques et littéraires, ce tour élégant qui rend si attachante la lecture de l'ouvrage de M. Walckenaer.

La continuation de ces Mémoires jusqu'à la mort de Mme de Sévigné, en 1694, sera publiée avec le concours d'un ami de MM. Walckenaer et Monmerqué, et qui, comme eux, s'est voué à l'étude et au culte de Mme de Sévigné.

A. F. D.

TOUCHANT LA VIE ET LES ÉCRITS

DE

MARIE DE RABUTIN-CHANTAL,

DAME DE BOURBILLY,

MARQUISE DE SÉVIGNÉ.

fait.

CHAPITRE PREMIER.

1676.

Madame de Sévigné revient de Bretagne à Paris; accueil qui lui est Sa guérison marche lentement. - Elle trouve Paris tout occupé des préparatifs de la nouvelle guerre. Elle repleure Turenne avec le chevalier de Grignan. → Retour sur cette perte. Madame de Sévigné est le plus complet historien de cette grande mort. Ses divers récits; ses appréciations du caractère et des vertus du héros. Turenne l'honorait de son amitié; elle reste l'amie de sa famille. Madame de Sévigné assiste à

ses obsèques à Saint-Denis et console le cardinal de Bouillon. Effet produit par la mort de Turenne : consternation en France; mouvement offensif des coalisés. · L'armée française repasse le Rhin. Belle conduite du chevalier de Grignan à Alteuheim. Défaite du maréchal de Créqui; M. de La Trousse, cousin de madame de Sévigné, est fait prisonnier. - Louis XIV cherche à relever l'esprit public. - Condé est envoyé pour remplacer Turenne et arrêter les Impériaux. Patriotisme de madame de Sévigné. Le coadjuteur d'Arles harangue le roi au nom du clergé ; le roi lui adresse des félicitations. Leçon donnée par Louis XIV aux courtisans qui veulent dissimuler nos échecs.

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T. VI.

Il admirait Turenne, mais l'aimait peu. - Turenne haï par Louvois. Louis XIV et son ministre se préparent à prouver que l'on peut sans Turenne et Condé remporter des victoires.

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A son retour des Rochers à Paris, dans les premiers jours d'avril 1676, madame de Sévigné reçut un accueil plus affectueux encore que par le passé, de ses nombreux amis, qui, l'ayant sue gravement malade en Bretagne, avaient craint de la perdre. Malgré son désir de courir aux nouvelles pour les mander à sa fille, elle se résigna, sur l'ordonnance des médecins, à garder encore la chambre, et elle y resta huit jours « à faire l'entendue '. Pendant ce temps, ce fut chez elle une véritable assemblée. Chacun venait la féliciter et se féliciter de sa convalescence. Faisant la part de sa curiosité bien connue, et par tous comprise et pardonnée, on la mettait à l'envi au courant de ce qui s'était passé pendant son absence; on lui redonnait tous ces mille petits riens, alors l'existence de la ville et de la cour, détails qui importent à l'histoire des mœurs et de la société, et que l'illustre épistolaire a recueillis avec un soin de chaque jour pour le charme de la postérité, en ne songeant qu'à l'amusement de sa fille. Madame de Sévigné se loue auprès de celleci de l'empressement et des soins dont elle est l'objet. Mais c'est surtout aux amies de madame de Grignan qu'elle rend meilleure et plus facile justice : « Vos amies, lui mande-t-elle, vous ont fait leur cour par les soins qu'elles ont eus de moi2. >>

* SÉVIGNÉ, Lettres (18 avril 1676), t. IV, p. 243, édition de M. Monmerqué.

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2 SÉVIGNÉ, Lettres (22 avril 1676), t. IV, p. 267, éd. Monmer

qué.

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