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Ces ouvrages sont ceux qui ont fourni à ma grammaire le plus grand nombre de ses exemples.

J'ai souvent fait usage des écrits de M. Littré. Son Dictionnaire est un monument élevé à la gloire de la France et du XIXe siècle; ses décisions sont les plus respectables que nous possédions, et infiniment plus. sérieuses que celles d'aucun grammairien. Je ne devais donc pas hésiter à lui demander les définitions dont j'avais besoin. Cependant il arrive que je suis en désaccord avec l'illustre savant: dans ces cas, je justifie mon opinion par le raisonnement et par l'autorité des maîtres, la seule que je reconnaisse absolument et sur toute question.

J'avais beaucoup étudié la grammaire latine pour me préparer à mon travail, j'avais surtout examiné l'emploi que César fait du subjonctif dans le De bello gallico. Cette étude ne m'a pas peu servi à comprendre notre subjonctif français. Cependant je me suis abstenu de parler du latin en traitant cette question. J'ai pensé que les Entretiens étant destinés aux écoles, où les élèves n'ont pas étudié les langues anciennes, il serait mauvais d'embarrasser leur esprit par des rapprochements inintelligibles pour eux. Je me suis donc contenté de faire une citation de M. James Hadley sur le subjonctif latin, en tête des entretiens qui traitent de l'emploi de ce mode dans notre langue. Je l'ai faite parce qu'elle s'applique merveilleusement au français, et que je rencontrais sous la plume du savant professeur, que le collége de Yale a perdu, des idées qui étaient les miennes, et que je ne pouvais pas exprimer aussi bien que lui.

En relisant celui des entretiens qui s'occupe du

subjonctif régi par les conjonctions, et qui est imprimé en ce moment, je m'aperçois que je n'ai guère parlé de la conjonction après que. Les raisonnements qui sont produits dans cet entretien suffisent assurément pour expliquer aux lecteurs pourquoi cette conjonction n'amène pas le subjonctif dans le discours. Elle était traitée en latin comme elle l'est dans notre langue, et pour la même raison, que donne ainsi M. J. Hadley: “The Latin subjunctive is used to express an action as looked toward and waited for. So in many dependent sentences, beginning with until and as long as. This forward looking of the subjunctive is illustrated by the fact that it is commonly used with antequam and priusquam, while postquam regularly takes the indicative." C'est précisément ce qui explique que avant que gouverne le subjonctif en français, tandis que après que est suivi de l'indicatif.

Pour les étymologies que j'ai cru devoir donner, quand elles m'ont aidé dans mes explications, je me suis reposé principalement sur M. Littré encore, et sur M. A. Brachet, dont les ouvrages, cités dans mon livre, méritent d'être hautement recommandés.

Quelles sont les personnes qui doivent étudier les Entretiens? À quel moment faut-il les mettre entre les mains des élèves? Dans mon opinion, les jeunes enfants qui auront pour manuel de classe les Causeries avec les enfants n'ont pas à connaître les Entretiens. Ils sont trop jeunes pour commencer des études métaphysiques, abstraites. Aucune loi générale ne peut être comprise par l'enfance. Quant à ceux qui emploieront les Petites causeries, ou les Causeries avec mes Élèves, ils feront bien d'étudier la grammaire,

à condition qu'ils ne la commencent pas avant le jour où ils seront en état de comprendre mon livre écrit en français, et leur professeur qui leur pârlera français uniquement. Les Entretiens étant écrits d'un style simple et facile, ce jour viendra beaucoup plus tôt que les professeurs ne le supposent peut-être ; et dès lors, ils auront à leur disposition, pour instruire et intéresser les élèves, non-seulement un manuel de causeries sur des sujets variés, mais encore ces autres Causeries sur la grave et haute question des lois qui régissent le langage.

Je termine en demandant aux professeurs qui feront usage. des Entretiens la faveur de leurs observations. Si elles sont justes, elles pourront servir à rendre meilleure une prochaine édition de ces études sur la grammaire.

L. S.

BOSTON, le 1 août 1875.

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