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extérieure des mains que de la surface intérieure, et c'est une des raisons pour lesquelles on détourne les mains en remontant, sans les écarter beaucoup

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Voici, selon Deleuze encore, les effets caracté ristiques du somnambulisme magnétique :

Le somnambule a les yeux fermés et ne voit pas par les yeux, il n'entend point par les oreilles, mais il voit et entend mieux que l'homme éveillé.

Il ne voit et n'entend que ceux avec lesquels il est en rapport. Il ne voit que ce qu'il regarde, el il ne regarde ordinairement que les choses sur lesquelles on dirige son attention.

Il est soumis à la volonté de son magnétiseur, pour tout ce qui ne peut lui nuire, et pour tout ce qui ne contrarie point en lui les idées de justice et de vérité.

Il sent la volonté de son magnétiseur.

Il aperçoit le fluide magnétique.

Il voit, ou plutôt il sent l'intérieur de son corps, et celui des autres; mais il n'y remarque ordinairement que les parties qui ne sont point dans l'état naturel et qui troublent l'harmonie.

Il retrouve dans sa mémoire le souvenir des choses qu'il avait oubliées pendant la veille.

el

Il a des prévisions et des présensations qui peulvent être erronées dans plusieurs circonstances, qui sont limitées dans leur étendue.

Il s'énonce avec une facilité surprenante.
Il n'est point exempt de vanité.

Il se perfectionne de lui-même, pendant un certain temps, s'il est conduit avec sagesse; il s'égare s'il est mal dirigé.

Lorsqu'il rentre dans l'état naturel, il perd absolument le souvenir de toutes les sensations et de toutes les idées qu'il a eues dans l'état de somnambulisme, tellement que ces deux états sont aussi étrangers l'un à l'autre que si le somnambule et l'homme éveillé étaient deux êtres différents.

Nous oublions trois commandements de l'honnête Deleuze; il veut 1° qu'un somnambule soit toujours assisté d'un médecin; 2° qu'on ne lui fasse jamais savoir qu'on le consulte sur des maladies pendant son sommeil; 3° que dans aucun cas le magnétiseur ne permette qu'on donne au somnambule, de quelque manière que ce soit, la plus légère marque de reconnaissance.

Un an avant Deleuze, en 1812, Montègre avait publié une brochure contre le magnétisme. En 1819, Virey donna, dans le Dictionnaire des sciences médicales, son remarquable article: Magnétisme animal. Cette même année, Bertrand professait en faveur de la doctrine un cours public. En 1820, des expériences furent commencées dans les divers hôpitaux de Paris, dirigées à l'HôtelDieu par M. Dupotet. Le conseil général des hos

pices les interrompit, sous prétexte que les malades n'étaient pas des sujets à expérimentation. Les résultats publiés dans des procès-verbaux signés de vingt-neuf médecins semblaient devoir être déci sifs; et pourtant il restait encore quelque inquiétude, on sentait le besoin d'en venir à une épreuve suprême.

X.

Première commission nommée par l'Académie de médecine.Le rapport de M. Husson conclut à l'examen. - Deuxième commission d'examen (1826). — Rapport de M. Husson (1831)

Enfin, en 1825, s'ouvrait une époque critique pour le somnambulisme. Le docteur Foissac ap pela l'Académie de médecine à se prononcer. Il lui présentait des somnambules merveilleux pour l'in dication des remèdes. Mes somnambules ne s'é

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cartent jamais des principes avoués de la saine médecine; je vais plus loin leurs inspirations tiennent du génie d'Hippocrate.

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L'Académie nomma une commission pour savoir s'il convenait d'entrer dans cet examen. Georget se déclara pour le magnétisme : « Il a grandi parmi les médecins.... S'il est vrai que le somnambulisme magnétique ait son analogue dans le somnambu lisme naturel, est-il étonnant qu'on puisse déve lopper le premier par de certaines pratiques?... Le

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doute d'abord, l'examen ensuite; telle est la marche qu'indique la raison. » Le rapporteur, M. Husson, conclut affirmativement. Suivant son opinion d'alors, développée plus tard en 1837, quand même le magnétisme n'aurait pas varié depuis 1784, on n'aurait pas le droit de le regarder comme définitivement jugé par le rapport de Bailly et de la Société royale de médecine; on peut toujours en appeler des jugements anciens à de nouveaux jugements. Après que la circulation du sang a été déclarée impossible, l'inoculation de la petite vérole considérée comme un crime, l'émétique interdit par arrêt du Parlement, à la sollicitation de la Faculté, les antiques perruques proclamées infiniment plus salubres que la chevelure naturelle, il convient d'affirmer moins témérairement. D'ailleurs les procédés du magnétisme bnt changé : un fait nouveau, inconnu à ses anciens juges, le somnambulisme est intervenu. Les commissaires d'autrefois ont été nommés par le gouvernement, non par les corps auxquels ils appartenaient, et ils ont infirmé en partie la valeur de leur rapport en avançant qu'ils ont craint d'importuner les malades distingués qui suivaient le traitement magnétique, et en ne se soumettant pas aux conditions demandées par le magnétiseur. L'examen a été fait chez Deslon, non chez Mesmer, et le rapport adopté séance tenante sans discussion préalable. Enfin il y a eu

alors même une protestation d'un homme éminent, de Jussieu. A Berlin, une clinique magnétique est établie, et plusieurs médecins ont des traitements de ce genre avec l'autorisation du gouvernement. A Francfort, à Stockholm, en Russie, le magnétisme est examiné sérieusement; pourquoi en France resterait-on en arrière des peuples du Nord?

En conséquence, l'Académie nomma (1826) une commission composée de MM. Bourdois, Double, Fouquier, Itard, Guéneau de Mussy, Guersant, Leroux, Magendie, Marc, Thillaye et Husson. Cette commission, au bout de cinq ans (juin 1831), fit son rapport par l'organe de M. Husson. On peut y voir qu'elle accepta l'examen dans les conditions demandées comme indispensables par M. Foissac, mais qu'elle garda la haute main dans toutes les expériences.

Elle reconnaît que les effets sont nuls ou insignifiants dans un certain nombre de cas; que, dans quelques-uns, ils sont produits par l'ennui, la monotonie ou l'imagination; mais elle réserve plusieurs faits qu'elle ne peut attribuer à aucune cause connue. C'est un des commissaires, M. Itard, qui, magnétisé dix-huit fois, sans tomber en sommeil complet, est constamment soulagé d'une douleur de tête, ou bien un épileptique chez qui le magnétisme suspend et retarde de huit mois les accès.

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