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raélites. Ces faits ont donné lieu à un grand nombre de commentaires. Quant à nous, nous nous bornerons seulement à les constater ici, en ajoutant que la plupart des commentateurs ont remarqué que rien n'indique qu'il y ait eu chez les Juifs, comme au moyen âge, entre le démon et les sorciers, un pacte réel. Satan, dans la tradition sacrée, n'est jamais ce qu'il fut plus tard, l'esclave obéissant de l'homme; il ne sert point ses passions

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vices; et, comme le dit Bergier, si les faits surnaturels dont il est parlé dans l'Ancien Testament doivent être attribués aux démons, il faut en

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conclure seulement que Dieu consentait à ce que l'esprit infernal les opérât, soit pour faire éclater sa puissance, en opposant aux prodiges des magiciens d'autres prodiges plus nombreux et plus étonnants, soit pour punir les hommes de leur curiosité superstitieuse. Satan reste soumis à la volonté divine. Quand il étrangle, dans la chambre nuptiale, les sept premiers maris de Sara; quand il fait tomber le feu du ciel sur les troupeaux de Job, quand il déchaîne l'ouragan contre sa maison, il n'agit jamais qu'avec la permission de Dieu, et Dieu lui permet d'agir pour éprouver son fidèle serviteur et faire briller sa foi et sa vertu d'un plus grand éclat.

Ainsi, entre la magie et le rôle de Satan dans l'Écriture, et la magie et le rôle de Satan dans le

moyen âge, il y a cette différence essentielle e profonde que, d'un côté, le démon n'est jamais qu'un vaincu qui n'agit que par la permission de Dieu, qui reste entièrement indépendant de l'homme, et qui, dans la sphère même la plus redoutable de son action, n'est encore que l'instru ment docile du souverain maître. Dans la sorcelle rie, au contraire, le démon est asservi à la volonté de l'homme; il se met au service de ses haines; de ses passions. Il se révolte de nouveau contre Dieu, et semble vouloir faire retourner le monde à l'antique idolâtrie. Cette distinction, nettement établie, et sans toucher davantage aux questions qui sont placées par la foi en dehors de la discussion, nous allons marcher à notre aise à travers le rêve et la légende, en nous attachant toujours à porter, autant que possible, l'ordre et la clarté au milieu de ce chaos et de ces ténèbres, et en établissant des classifications rationnelles dans ce su jet, où la plupart des historiens qui l'ont traité marchent au hasard, comme dans un véritable labyrinthe.

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Les sorcières de la Thessalie.

Elle est essentiel

Con

lement maltaisante. Ses pratiques et ses recettes. jurations des sorciers égyptiens.— Circé, Canidie et Sagone. Le spectre du temple de Pallas. Maléfices et talismans païens. - Lois de l'antiquité relatives aux magiciens et aux sorciers.

Les écrivains de l'antiquité, historiens ou poëtes, sont remplis de nombreux témoignages qui attestent l'importance de la magie et de la sorcellerie dans le monde païen. Dans l'Inde, ces prétendues sciences se confondent constamment avec la religion; on les retrouve en Égypte, en Thessalie et en Chaldée, dans la Grèce et à Rome. Quelques-uns des écrivains anciens, grecs ou romains, qui parlent de la magie la divisent en deux branches distinctes: l'une, théurgique, qui relève uniquement de la religion et de la science, et qui ne cherche que le bien; l'autre, goétique, qui n'agit que par l'intermédiaire des génies malfaisants ou des dieux infernaux, et qui ne cherche que le mal. Ces deux branches, de même qu'elles ont un but et un esprit différents, procèdent également par des moyens opposés.

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Dans la théurgie, le cérémonial est grave et sérieux. La première condition imposée à ceux qui la pratiquent, c'est la pureté. Ils ne doivent point se nourrir de choses qui aient vécu ils doivent éviter tout contact avec les cadavres; dans leurs invocations, ils ne s'adressent qu'aux génies bienfaisants, à ceux qui yeillent au bonheur des hommes. Les herbes, les pierres, les parfums. étant chacun le symbole particulier d'une divinité. le théurgiste les offrait aux dieux qu'il voulait se rendre favorables; mais pour que l'opération réussît, il devait nommer tous les dieux et présenter à chacun d'eux l'offrande qui lui était agréable « Une corde rompue, dit Jamblique, dérange toute l'harmonie d'un instrument de musique; ainsi un divinité, dont on a oublié le nom ou à laquelle or n'a point présenté la pierre, l'herbe ou le parfum qui lui plaît, fait manquer le sacrifice. » La théurgie, comme la religion, avait des initiations, de grands et de petits mystères on en attribuai {་ l'invention à Orphée, qui était considéré comm le plus ancien des magiciens. Cette science n changeait rien aux idées que la théogonie païenn se formait des dieux, et toutes deux survaient les mêmes rites pour arriver aux mêmes résultats.

Il n'en était pas de même de la magie goétique qui s'adressait aux divinités malfaisantes ou à celle qui présidaient aux passions. Cette magie avait u

appareil sombre; elle cherchait pour ses opérations les lieux souterrains, les herbes vénéneuses, les ossements des morts, les plus redoutables imprécations, et n'agissait que pour nuire. Du reste, la distinction entre les deux sciences était fort difficile à maintenir; et si quelques esprits supérieurs ont tenté, en se ralliant à la théurgie, d'en faire l'auxiliaire des cultes païens dans ce qu'ils avaient d'aspirations spiritualistes, la foule ne tint jamais compte des différences. La théurgie et ses mystères restèrent à l'état de doctrines occultes; et la goétie, comme la sorcellerie du moyen âge, dont elle est l'aïeule directe, tenta comme elle de s'emparer du monde et d'assurer à l'homme l'entière satisfaction de tous ses penchants, de toutes ses passions, de tous les désirs de ses sens, de toutes les ambitions de son esprit. Comme la sorcellerie, elle procédait, par des conjurations et par une foule de pratiques absurdes ou minutieuses à l'aide desquelles elle espérait asservir les dieux, les êtres du monde supra-sensible, les éléments, les astres, et toutes les forces vives de la nature. Porphyre nous a conservé les formules de conjurations des magiciens égyptiens ces magiciens s'adressaient au soleil, à la lune, aux astres. Ils leur disaient que, s'ils ne se prêtaient point à leurs désirs, ils bouleverseraient la voûte du ciel, qu'ils découvriraient les mystères d'Isis, qu'ils exposeraient ce

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