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de l'homme, la science des nombres cherche ce même pouvoir dans l'arrangement mystérieux des chiffres. Ces deux prétendues sciences ont été plus particulièrement cultivées par les Arabes et par les

Juifs.

La divination n'est pas moins importante. Cette branche, si longtemps populaire des sciences occultes, se subdivise elle-même en une foule de branches accessoires, dont la plus célèbre est l'astrologie.

L'astrologie, ou l'art de prédire l'avenir par l'inspection des corps célestes, remonte à la plus haute antiquité. On a retrouvé dans le tombeau de Rhamsès V, roi d'Égypte, des tables astrologiques pour toutes les heures de tous les mois de l'année. Tibère et la plupart des empereurs romains consultaient les astrologues. Les plus grands esprits du moyen âge, Machiavel entre autres, ont cru à leur infaillibilité. A la cour de Catherine de Médicis, ils ont joui d'un crédit sans bornes, et quand Louis XIV vint au monde, l'astrologue Morin, placé dans la chambre même de la reine mère, fut chargé de tirer son horoscope. Parmi les mensonges des sciences occultes, il en est peu qui aient fait autant de dupes; en effet, en empruntant en quelques points, et pour certains problèmes astronomiques, la certitude du calcul, l'astrologie avait pu prédire quelquefois les révolutions

qui s'accomplissent dans l'espace; et comme c'était une croyance générale que les sept planètes et les douze constellations du zodiaque, gouvernent, c'est le mot consacré, le monde, les empires et les diverses parties du corps humain, on était logique dans l'erreur en pensant que ceux qui avaient surpris dans l'infini le secret des astres pouvaient, à l'aide de ces mêmes astres, surprendre sur la terre les secrets de la vie de l'homme.

Nous trouvons encore à côté de l'astrologie une foule d'autres pratiques dont le but était de connaître l'avenir : ce sont les sorts des saints, qui s'obtenaient au moyen âge, en ouvrant au hasard les saintes Écritures, comme dans l'antiquité, les sorts virgiliens, en ouvrant les livres des poëtes; l'onéiromancie, l'aéromancie, la pyromancie, l'hydromancie, la physiognomonie, la métoposcopie, la cartomancie, l'astrogalomancie, la léconomancie, l'alphitomancie, la rhabdomancie, la cléidomancie, l'anthropomancie, la géomancie, etc., c'est-à-dire la divination par les songes, par les phénomènes de l'air, les mouvements de la flamme, l'eau, les lignes du visage, les rides du front, les lignes de la main, les cartes, les dés, les pierres précieuses, la farine, la baguette, les clefs, les entrailles de l'homme, l'aspect de la terre, etc.

Ces divers modes de divination étaient pour la plupart très-inoffensifs dans la pratique, mais pres

que toujours désastreux dans leurs résultats, parce qu'en trompant sur l'avenir ceux qui étaient assez crédules pour y avoir recours, ils les enchaînaient d'avance à une sorte de fatalité mystérieuse et anéantissaient leur libre arbitre. Aussi l'Église cutelle toujours le soin de proscrire, quelles qu'elles fussent, toutes les pratiques dont nous venons de parler, en les considérant avec raison comme un danger pour l'homme et un outrage envers Dieu, qui seul peut lire dans l'avenir.

VI.

De l'a'chimie. - De la nécromancie.

Comment on évoquait

les morts. Recettes pour faire des spectres. Causes rationnelles de la croyance populaire aux apparitions des âmes et aux revenants.

Bien que l'alchimie soit en général considérée comme une aberration des sciences naturelles plutôt que comme l'une des subdivisions de la magie et de la sorcellerie, nous croyons cependant devoir lui donner place à côté de la cabale, de l'astrologie et de la divination, parce qu'il est évident qu'elle s'en est inspirée à toutes les époques, comme elle s'est inspirée également de la démonologie. Pour Albert le Grand et Roger Bacon, l'alchimie, sauf ce tribut d'erreurs qu'il faut toujours payer à son siècle, n'avait été, il est vrai, que l'é

tude des combinaisons agrégatives de la matière et des lois de l'organisme. Mais c'était là une exception; et dès les premiers temps du christianisme, l'école d'Alexandrie avait imprimé à l'art hermétique une direction mystérieuse. La table d'émeraude et ses formules cabalistiques ouvrirent un vaste champ à d'avides spéculations; et à travers les siècles de ténèbres, l'alchimie, pour le plus grand nombre, comme pour Nicolas Flamel, eut un but spécial, la production de l'or. Afin de donner à ses opérations une puissance plus grande, l'alchimie ne se borna point à essayer entre les divers corps organisés d'innombrables combinaisons; tout en soufflant ses fourneaux pour faire germer des lingots, elle invoqua l'influence des astres, elle emprunta de nombreuses formules à la cabale, à l'astrologie, à la science des nombres, et souvent même, quand la misère démentait ses efforts, quand l'or, objet de tant de veilles et d'espérances, ne bouillonnait pas sur le réchaud brûlant, elle s'adressait au démon, et lui offrait une âme en échange d'une formule.

'Ainsi, de quelque côté que l'on se tourne dans ce monde de l'erreur et du rêve, on trouve toujours l'homme aux prises avec l'impossible, et cette lutte obstinée a pour théâtre la création tout entière. Quand l'astrologue interroge le ciel, la nécromancie interroge la terre, pour en faire

sortir les morts. Elle évoque les âmes, comme la cabale évoque les anges, comme la sorcellerie évoque le démon. Suivant le poëte Lucain, elle opérait au moyen de l'emploi magique d'un os de la personne morte qu'elle voulait faire apparaître. Les rabbins avaient la même croyance : il fallait, suivant eux, prendre le crâne de préférence, sans doute parce que c'était là que l'âme avait fait sa demeure, lui offrir de l'encens et l'invoquer jusqu'à ce que le mort lui-même eût apparu, ou qu'un démon, prenant sa figure, se présentât et parlât en son nom. Le plus ordinairement, on employait les prières de l'Église, en y ajoutant quelques formules empruntées à la sorcellerie. On disait aussi que lorsqu'on pouvait se procurer quelques débris des cadavres, ou quelques poignées de la terre dans laquelle ils avaient reposé, et, à défaut de cette terre, un fragment des pierres de leur tombeau, un morceau de leur croix funèbre, on parvenait, en soumettant ces objets à l'action du feu, à produire, par la combustion, des spectres, représentant exactement la figure de ceux que l'on cherchait à rappeler de l'autre monde; on assurait de plus que ces spectres, animés d'une vie factice et éphémère, répondaient distinctement à toutes les questions qui leur étaient adressées.

Partant de cette idée que l'âme, dégagée des liens de la chair, a pris une entière possession de

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