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royaume. Il envoya en Grèce une armée sous les ordres de ses cinquante fils, fit le siége d'Argos, et força Danaüs à consentir au mariage projeté : mais le cruel roi d'Argos, dont la haine s'était accrue par cette violence, fit assassiner ses neveux par leurs femmes, la nuit de leurs noces. Hypermnestre seule sauva son mari Lyncée, qui s'échappa ainsi des embûches du tyran, vengea ses frères et régna.

Acrisius et Prætus, fils jumeaux de Lyncée, se disputèrent le trône. Acrisius l'emporta et donna la ville de Tirynthe en apanage à Prætus.

Acrisius fut père de Danaé. Un oracle l'avertit que l'enfant qui naîtrait d'elle le tuerait. Pour éviter ce malheur, il enferma sa fille dans une tour; mais un prince voisin, nommé Jupiter, séduisit les gardes, entra dans la prison, enleva Danaé eť l'épousa; elle donna naissance à Persée. Ce héros combattit les monstres des forêts, tua une reine d'Afrique, nommée Méduse, dont l'aspect, dit la fable, pétrifiait ceux qui la regardaient. La princesse Andromède fut délivrée par lui d'un ravisseur, dont les poëtes ont fait un monstre marin. Enfin Persée, disputant le prix aux jeux funèbres de Thessalie, accomplit involontairement l'oracle, et tua son grand-père Acrisius d'un coup de palet.

Dans le même temps, Pélops, fils de Tantale, roi de Lydie, vint en Grèce pour éviter la vengeance de Tros, roi des Troyens, qui lui faisait la guerre parce que Tantale avait enlevé un de ses enfants, nommé Ganymède. Pélops, ayant remporté le prix des chars aux jeux de Pise ou d'Olympie, épousa Hippodamie, fille d'Enomaüs, roi de cette contrée. Il succéda à son beaupère, se rendit maitre d'une partie du Péloponèse, qui prit son nom, et fut le chef de la race des Pélopides.

Persée, ne pouvant plus supporter le séjour d'Argos depuis qu'il avait tué son grand-père, transporta le siége de ses états à Mycène, et régna cinquante-huit ans 1. Ses enfants se par

An du monde 3992. Avant Jésus-Christ 1012.

tagèrent son royaume: Anaxogoras, l'un d'eux, s'établit à Argos et eut des successeurs.

Sthénélus, qui avait épousé une fille de Pélops, resta à Mycène, et laissa son sceptre à son fils Eurysthée, dont les enfants furent tués par ceux d'Hercule. Persée avait eu deux autres enfants; Alcée, père d'Amphitryon, et Électryon, père d'Alcmène. Le mariage d'Alcmène et d'Amphitryon devint la source des grandes querelles qui éclatèrent par la suite entre les Pélopides et les Héraclides.

Alcmène, que les poëtes font aussi mère d'Eurystée, cédant à l'amour d'un prince voisin, nommé Jupiter, donna naissance au fameux Hercule. Ce héros, doué du plus grand courage et d'une force merveilleuse, signala sa jeunesse par des victoires remportées sur des monstres et des brigands. Le roi Eurysthée, jaloux de sa renommée, le chargea de plusieurs entreprises périlleuses, espérant qu'il y trouverait la mort.

Hercule, poursuivi par le courroux de Junon et par la haine d'Eurysthée, remplit la terre du bruit de son nom. On croit généralement qu'il a existé dans différentes contrées plusieurs Hercules; on trouve dans presque tous les pays des traces de leurs exploits, qu'on attribua dans la suite au seul Hercule fils d'Alcmène et d'Amphitryon. Hercule, le premier des demidieux, extermina, dit-on, le lion de Némée, le taureau de Crète, le sanglier d'Érymanthe et l'hydre de Lerne. Il tua Busiris, roi d'Égypte, qui faisait massacrer les étrangers, et terrassa le roi de Libye, Antée, dont la vengeance s'exerçait sur ceux qu'il avait vaincus à la lutte. Sa massue écrasa les géants de Sicile et les centaures de Thessalie. Après avoir purgé la terre de brigands, il en fixa les limites à Cadix, qu'on appela les colonnes d'Hercule. La fable dit qu'il ouvrit les montagnes pour rapprocher les nations, qu'il creusa des détroits pour confondre les mers, et que les dieux durent à son secours leurs triomphes sur les géants appelés Titans. Son histoire est un tissu de fables. Les poëtes lui ont attribué toutes les grandes actions dont on ignorait les auteurs; mais il a existé certaine

ment un véritable Hercule, célèbre par sa force et sa valeur, puisque sa race a subsisté et régné longtemps dans la Grèce.

EXPÉDITION DES ARGONAUTES.

(An du monde 2785.- Avant Jésus-Christ 1219.)

But de cette expédition.- La Toison d'Or.

Mort d'Hercule.

Les courses et les travaux de ces illustres aventuriers n'avaient pas toujours pour objet la sûreté du pays, la destruction des monstres, la protection de l'innocence et la punition des brigands. Le but de cette espèce de chevalerie errante, que n'éclairait point une religion pure et vraie, était souvent l'enlèvement de quelques belles princesses ou le pillage de quelques riches cités.

La Colchide passait pour un pays très-opulent; sa capitale renfermait, dit-on, un trésor que la fable transforma en toison d'or, gardée par des dragons. Le bruit des richesses de la Colchide excita la cupidité des héros grecs.

Jason était un prince de Thessalie; son oncle Pélias, qui s'était emparé du trône, détermina ce jeune guerrier à tenter cette expédition contre Colchos, espérant qu'il y périrait. Les hommes les plus vaillants de la Grèce, Hercule, Oïlée, Télamon, Castor, Pollux, Thésée, Philoctète, Argus et plusieurs autres furent ses compagnons. Argus se chargea de la construction du navire qui devait les porter. Leur navigation fut heureuse. Médée, fille d'Ætas, roi de Colchide, seconda leurs efforts. Séduite par Jason, elle lui livra les trésors de son père et s'enfuit avec lui. Au retour de cette expédition, Hercule continua longtemps ses brillants exploits; mais ce superbe vainqueur lui-même, vaincu par l'amour, fila pour la reine Omphale, et conçut une grande passion pour Déjanire, qu'il épousa. Cette princesse, dans un accès de jalousie, lui donna

un breuvage qui le rendit furieux. Ne pouvant supporter ni calmer ses violentes douleurs, il fit dresser un bûcher au sommet du mont OEta, se précipita au milieu des flammes et y périt. La fable dit que ses entrailles étaient brûlées par une robe empoisonnée que Déjanire avait reçue de son rival Nessus, prince de Thessalie, et qu'on appelait Centaure, parce que les Thessaliens furent les premiers Grecs qui dressèrent et montèrent des chevaux.

La mort d'Hercule n'éteignit point la haine d'Eurysthée; il chassa du Péloponèse les enfants de ce héros; mais ils y revinrent bientôt, le défirent dans un combat et le tuèrent. Trois ans après, Hellène, leur aîné, fut vaincu par un roi de Tégée et périt. Ses frères se dispersèrent dans la Grèce où ils furent connus sous le nom d'Héraclides.

Eurysthée étant mort, Atrée, son oncle maternel et fils de Pélops, prit possession du Péloponèse, et fonda la dynastie des Pélopides, dont les passions, les crimes et les malheurs remplissent encore le monde d'affreux souvenirs. Atrée, fameux par ses cruautés, conçut la plus violente haine contre Thyeste son frère, qui avait séduit sa femme Europe; il le chassa de Mycène; l'ayant ensuite rappelé dans sa patrie, et dissimulant son courroux pour mieux assurer sa vengeance, il feignit de se réconcilier avec lui, assassina secrètement son fils Pélops, et servit à ce malheureux père, dans un festin, les membres de son fils.

Plisthène, fils et successeur d'Atrée, fut le père du célèbre Agamemnon. Ce monarque acquit une grande puissance, et tous les Grecs l'élurent pour leur chef lorsqu'ils entreprirent la guerre de Troie. On verra dans la suite de cette histoire la mort funeste d'Agamemnon, qui périt sous le poignard de sa femme, fut vengé par son fils Oreste, et laissa son palais rempli de crimes, et son royaume de troubles. Tisamène et Penthile, fils d'Oreste, vaincus par les Héraclides, se virent chassés de leur patrie, où la race des Pélopides cessa de régner.

ROYAUME D'ATHÈNES.

CÉCROPS, Son règne heureux. Ses successeurs. — Conseils des Amphictyons.

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Les Pallantides. Naissance de Thésée.

Son épée cachée sous un rocher, - Leur mort. Nouveaux

- Ses exploits. Conspiration des Pallantides. exploits de Thésée.

Son avénement. -Son gouvernement.

entreprises. Révolte à Athènes. Abdication de Thésée.

Règne de Ménesthée.

· Règne de Codrus.

Ses nouvelles

Sa mort.Son dévouement et sa mort.

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Cécrops, né dans la ville de Saïs, en Égypte, quitta les bords du Nil pour échapper au joug d'un vainqueur inexorable. Après de longues courses sur la mer, il débarqua avec ses compagnons sur les côtes de l'Attique, pays habité de temps immémorial par un peuple sauvage que les hordes errantes de la Grèce n'avaient jamais été tentées de subjuguer. Sa pauvreté fut sa première égide. Cette contrée stérile et peu peuplée n'excitait ni crainte ni avidité. Les Athéniens, plus grossiers que barbares, accueillirent sans défiance les étrangers malheureux qui venaient leur apprendre à connaître les jouissances de la vie sociale. Bientôt les Athéniens et la colonie égyptienne ne formèrent qu'un seul peuple; mais la supériorité des lumières assura la domination des Africains, et Cécrops, choisi pour roi par les deux nations réunies, justifia leur choix par le bonheur dont il fit jouir ses sujets. Les anciens habitants ne se nourrissaient que de glands; Cécrops leur apprit à se nourrir de grains. La charrue força la terre à devenir féconde; l'olivier vint se naturaliser dans l'Attique : une foule d'arbres fruitiers, jusque-là inconnus, ombragèrent les moissons et les couvrirent de fruits. Il soumit le mariage aux lois; ses règlements, en créant les devoirs, firent à la fois naître les vertus et les plaisirs. Les liens des familles commencèrent les liens de

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