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vœux du roi captif, les grands couronnèrent Cosroès et firent mourir le jeune Hormisdas et sa mère. Le vieux roi, désespéré, ne pouvait contenir ses murmures et sa douleur; le barbare Cosroès le fit assassiner.

COSROÈS II.

(590 ans après Jésus-Christ.)

Le général Varran, au lieu de se soumettre au roi, persista dans sa rébellion, et jura de punir un prince parricide, que ses crimes rendaient indigne de régner sur les Perses. Cosroès le combattit, fut vaincu et obligé de se réfugier chez l'empereur d'Orient. Varran victorieux s'empara de Ctésiphon; mais, lorsqu'il se vit maître de la capitale, se dépouillant de tout masque de vertu et de modération, il fit mettre en prison le prince Bindoès, se revêtit des ornements royaux, et voulut se placer sur le trône. Les grands, irrités de cette audace, formèrent une conjuration contre lui, délivrèrent Bindoès et attaquèrent l'usurpateur dans son palais. Mais il repoussa vaillamment leurs efforts, les dispersa et en fit périr une partie par les armes et l'autre par les supplices. Bindoès évita la mort et se sauva en Médie, où il leva des troupes. Cosroès vint le joindre à la tête d'une armée que l'empereur Maurice lui avait donnée. Après cette jonction, le roi livra une bataille à Varran, le battit et remonta sur le trône. Varran, obligé de fuir, termina sa vie chez les Huns qui l'assassinèrent.

Jusqu'à ce moment, voulant se concilier l'amitié de l'empereur d'Orient, Cosroès s'habillait à la romaine, et montrait beaucoup de tolérance et même de bienveillance pour les chrétiens; mais il changea de conduite dès qu'il se vit maître de l'empire.

Narsès, général de l'empereur Maurice, avait puissamment contribué à son rétablissement. En se séparant de lui, il crut pouvoir lui recommander, d'un ton qui rappelait l'antique fierté romaine, de prouver toute sa vie la reconnaissance qu'il devait aux Romains, maîtres du monde. Le roi de Perse, pour

rabattre son orgueil, lui traça le tableau réel de la situation de cet empire, miné par la corruption, déchiré par les discordes intestines et de tous côtés envahi par des Barbares. Il mesura les progrès de cette décadence, et prédit l'époque précise de sa chute avec tant de justesse, qu'il passa par la suite aux yeux des Grecs pour un grand astrologue.

La paix dura quelque temps entre les deux royaumes; mais, dès que Cosroès apprit l'assassinat et la mort de l'empereur Maurice, il déclara la guerre aux Romains. Cette fameuse guerre commença la seizième année de son règne.

La fortune favorisa constamment ses armes : ses victoires furent nombreuses et rapides. En neuf ans il conquit la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine, la Cappadoce, l'Arménie et la Paphlagonie. Après avoir pris Antioche, il s'empara de Jérusalem, envoya en Perse le patriarche, profana le saint sépulcre, emporta la vraie croix, et vendit quatre-vingt-dix mille chrétiens aux Juifs de ses états, qui les égorgèrent tous. Il soumit ensuite l'Égypte, et revint en Perse pour combattre l'empereur d'Orient, Héraclius. Ce prince, aussi sage que vaillant, proposa d'abord la paix au roi de Perse. Mais Cosroès répondit insolemment qu'il ne ferait aucun traité tant que l'empereur et ses sujets n'auraient pas abjuré le culte du dieu crucifié, et embrassé la religion des mages.

Héraclius punit cette brutale arrogance par une victoire, et proposa de nouveau la paix. Cosroès, enivré de sa fortune passée, et ne pouvant croire qu'elle l'eût abandonné sans retour, rompit toute négociation, et livra une seconde bataille, dans laquelle il fut défait et perdit cinquante mille hommes. Après ce revers, comme il soupçonnait un de ses généraux, nommé Sarbate, de l'avoir trahi, il écrivit à un autre chef de l'arrêter et de le faire mourir. Les Romains, ayant intercepté la lettre, la donnèrent à Sarbate, qui joignit à son nom, dans l'ordre du roi, les noms de quatre cents officiers de marque. Il communiqua ensuite cette pièce à l'armée. Tous les officiers désignés se crurent proscrits, se révoltèrent et entraî

nèrent dans leur rébellion une grande partie des troupes. Dans ce même temps, Cosroès avait voulu désigner pour son successeur le plus jeune de ses fils, nommé Merdazas. Siroès, l'aîné de ses enfants, irrité de cette préférence, se joignit aux révoltés, et l'empereur Héraclius donna promptement la plus grande force à leur parti, en rendant la liberté aux Perses prisonniers, à condition qu'ils se joindraient aux rebelles.

L'insurrection devint générale. Cosroès, affaibli par l'âge, se laissa prendre et fut déposé. Siroès, digne d'un tel père, le fit enchaîner dans un cachot, où il était exposé aux regards du public. On l'y garda cinq jours, ne le nourrissant que de pain et d'eau. On tua ensuite devant lui son fils Merdazas. Enfin Siroès donna l'ordre de le faire mourir à coups de flèches.

Telle fut la fin de Cosroès: parricide, il périt par un parricide; son règne, qui avait duré trente ans, offre aux hommes la preuve que les grands crimes, malgré l'éclat dont peut les couvrir quelque temps la fortune, attirent toujours la vengeance du ciel, qui, pour être tardive, n'en est que plus terrible.

SIROÈS.

(628 ans après Jésus-Christ.)

Ce monstre, objet du mépris et de la haine de ses sujets, ne survécut pas un an à son père. Ardézer son fils voulait lui succéder; mais Sébarazas, général de l'armée, se révolta contre lui, le tua et s'empara du sceptre. Les grands, qui n'avaient pas consenti à son élévation, l'assassinèrent dans son palais et proclamèrent roi Isdigertes, fils d'un frère de Siroès.

ISDIGERTES II.

Lorsque ce prince monta sur le trône, l'armée, démoralisée par les conquêtes de Cosroès et par ses défaites, avait perdu sa force et sa discipline. Les généraux étaient divisés, les grands corrompus, les mages avilis. On ne respectait plus ni la religion ni l'autorité royale, et il ne pouvait exister aucun

amour de la patrie chez un peuple si opprimé et dans une cour qui venait d'être le théâtre de tant de crimes.

Ce fut à cette époque que les Sarrasins envahirent la Perse. Isdigertes se défendit avec courage; mais il périt dans une bataille, et son armée se dispersa.

Les Barbares, après avoir ravagé la Perse, s'y établirent en maîtres. Elle devint le centre de leur empire, et la religion de Mahomet y remplaça celle des mages.

Cette grande révolution arriva l'an 640 de notre ère, et fit asseoir les successeurs de Mahomet sur les ruines du trône de Cyrus.

HISTOIRE DE LA GRÈCE.

Sa description. Sa position.- Son histoire divisée en quatre âges.— Incertitude sur l'origine des Grecs.

La Grèce, pays classique, aussi célèbre dans la fable que dans l'histoire, était la patrie des héros et le temple des dieux de l'ancien monde. Aucune contrée n'a produit de plus braves guerriers, de plus grands philosophes, de plus habiles législateurs et des esprits plus ingénieux. Le nom seul de la Grèce parle à l'imagination, et rappelle à la mémoire l'amour de la gloire, de la sagesse, de la liberté. Cette nation poétique animait, divinisait tout. Elle plaçait ses passions comme ses vertus dans le ciel. Sa religion était l'histoire embellie par des figures, et la nature représentée par des images célestes. Ses jeux, ses fêtes, ses lois, ses combats, ses arts sont toujours gravés dans notre souvenir. Nos guerriers, nos orateurs, nos poëtes, nos philosophes prennent encore aujourd'hui les Grecs pour maîtres et pour modèles; notre enfance est formée par leurs leçons. La Grèce, détruite, barbare et dépeuplée, revit dans notre pensée; elle conserve sur les esprits l'influence et la domination qu'elle a perdues sur la terre.

Ce pays, destiné à une si longue renommée, fut longtemps obscur et habité par des sauvages, tandis que l'Égypte et la Phénicie jouissaient de tous les avantages de la civilisation. Il était difficile de prévoir alors qu'une contrée dont le territoire était inculte, couvert de forêts, peuplé de bêtes féroces et de Barbares, et qui n'avait pas le quart de l'étendue de la France, dût répandre, peu d'années après, tant de lumières en Europe et en Asie, et remplir le monde de sa gloire et de sa puissance. Quelques colonies, parties de Saïs, de Memphis et de Tyr, changèrent la face de la Grèce. Les Égyptiens lui

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