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sacrifices. Assez longtemps après lui, Busiris bâtit la ville de Thèbes. Ce n'est pas ce même Busiris dont l'histoire a consacré la cruauté.

OSYMANDIAS, ROI.

Il fallait que le royaume fût déjà très-peuplé et très-puissant, puisque Osymandias porta la guerre en Asie, et combattit les Bactriens à la tête d'une armée de quatre cent mille hommes d'infanterie et de vingt mille chevaux. A son retour, il fit construire des édifices magnifiques, ornés de bas-reliefs et de peintures qui représentaient les événements de cette expédition. On voyait dans un de ces tableaux une assemblée de juges, dont le président, entouré d'un grand nombre de livres, portait au cou une image de la Vérité qui avait les yeux fermés, pour apprendre aux juges qu'ils doivent savoir les lois et juger avec impartialité.

Osymandias forma une immense bibliothèque qui devint célèbre. Sur la porte on lisait cette inscription: Trésor des remèdes de l'âme. Le tombeau de ce roi frappait les yeux par sa magnificence extraordinaire; environné d'un cercle d'or, d'une coudée de largeur et de trois cent soixante-cinq coudées de circuit, on y avait marqué les heures du lever et du coucher du soleil, et les différentes phases de la lune. On sait par ce monument, dont la matière et le travail étaient également admirables, que, dès ce temps-là, les Égyptiens divisaient l'année en douze mois, chacun de trente jours; et qu'après le douzième mois ils ajoutaient cinq jours et six heures. Près de la bibliothèque, le roi avait placé les statues de tous. les dieux, auxquels il offrait de magnifiques présents. Il s'attira une grande vénération par sa justice pour les hommes et par sa piété pour les dieux.

EUCHORÉUS, ROI.

Euchoréus, l'un des successeurs d'Osymandias, bâtit la ville de Memphis à la pointe du Delta, à l'endroit où le Nil se

partage en plusieurs branches. Il lui donna cent cinquante stades de circuit, c'est-à-dire plus de sept lieues. Entourée de fossés et de chaussées, qui la mettaient à couvert des inondations du fleuve et des attaques des ennemis, cette ville, qu'on regardait comme la clef du Nil, dominait le pays, et devint la résidence des rois, jusqu'au moment où Alexandre fit bâtir Alexandrie.

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Moris n'est fameux que par le lac qui porte son nom, et dont nous avons parlé. Cet immortel ouvrage prouvait à la fois la population du pays, la puissance du prince, et la sagesse qui lui faisait diriger ses grands travaux vers un but utile. Heureux le prince dont le règne, peu fécond en grands événements, ne vit dans l'histoire que par des monuments et des bienfaits!

ROIS PASTEURS.

Il paraît que ce fut après la mort de Moris que des étrangers, Arabes ou Phéniciens, s'emparèrent de la Basse-Égypte et de Memphis. Leur domination y dura deux cent soixante ans; mais le trône de Thèbes fut toujours occupé par la dynastie des anciens rois, jusqu'au temps de Sésostris.

Ce fut sous le règne d'un de ces rois pasteurs, appelé, comme les autres, Pharaon, qu'Abraham vint en Égypte avec Sara, sa femme, dont la beauté enflamma le monarque égyptien.

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Amosis vainquit les rois pasteurs, les chassa de Memphis, et régna, comme ses ancêtres, sur toute l'Égypte. La suite des rois jusqu'à Ramescès est inconnue. Pendant cette époque, en 2276, Joseph, vendu par des marchands ismaélites aux Égyptiens, fut conduit, par une suite d'événements merveilleux, à la place de gouverneur de l'Égypte. Il établit dans ce pays son père Jacob et toute sa famille, en 2290. Trogue Pom

pée, historien du temps d'Auguste, s'accorde, en racontant cette histoire, avec les livres sacrés, et donne de grands éloges à l'intelligence de Joseph et à sa rare prudence, qui avaient sauvé l'Égypte de la famine.

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Ce prince régna soixante-six ans, et persécuta les Israélites; il les força de bàtir les villes de Phétum et Ramescès, et les accabla de fardeaux et de travaux insupportables. Il eut deux fils, nommés Aménophis et Busiris. Quelques auteurs pensent que ce fut Aménophis qui périt en poursuivant les Israélites au passage de la mer Rouge, l'an du monde 2513, et avant Jésus-Christ 1491. D'autres, et Diodore est de ce nombre, attribuent la persécution des Hébreux à Sésostris, qui employait à ses ouvrages beaucoup d'étrangers. En suivant cette opinion, on placerait le grand événement du passage de la mer Rouge sous le roi Phéron, fils de Sésostris: le caractère d'impiété que lui donne Hérodote, et la similitude de son nom avec celui de Pharaon, ont rendu cette conjecture vraisemblable aux yeux de plusieurs historiens.

Usérius prétend qu'Aménophis eut deux fils, nommés Sésostris et Armaïs. Les Grecs l'appellent Bélus, et ses deux enfants Égyptus et Danaüs.

SESOSTRIS, ROI.

(An du monde 2513. Avant Jésus-Christ 1491.)

Sésostris fut le plus grand des rois d'Égypte. L'éducation que son père lui avait donnée annonçait au monde un conquérant. Tous les enfants nés dans le royaume le même jour que lui, furent amenés à la cour par ordre du roi. Ils furent nourris près du jeune Sésostris, et reçurent la même éducation. Ils partagèrent ses travaux, ses exercices; on les accoutuma à une vie dure et laborieuse; on les prépara par les fatigues de la chasse à celles de la guerre. Leurs repas étaient le prix de

leurs courses et de leurs luttes. Toute cette jeunesse, liée par un attachement presque fraternel à celui qui devait la gouverner, devint l'ornement de sa cour et l'appui de son trône. Tous veillaient pour sa sûreté et combattaient pour sa gloire : jamais prince n'eut de plus fidèles ministres, d'officiers plus zélés et de soldats plus ardents.

Ælien prétend que Sésostris fut instruit par Mercure Trismégiste, auquel on attribuait l'invention de tous les arts. Il paraît qu'Elien se trompe; car Mercure ou Hermès existait du temps d'Osiris au reste, Jamblique, prêtre égyptien, assurait que l'usage de son pays était de mettre sous le nom de Mercure tous les ouvrages que les savants publiaient.

Dès que Sésostris fut sorti de l'enfance, son père le chargea de porter la guerre en Arabie, et le jeune prince soumit ce peuple qui jusque-là passait pour indomptable. Il tourna ensuite ses armes du côté de la Libye, et en conquit la plus grande partie.

Aménophis, en mourant, laissa à son fils de grands trésors et une forte armée : mais ce qui assura principalement le succès de ses entreprises, c'est le soin qu'il prit de ne point sacrifier le bonheur de son peuple à sa gloire. Différent de tous les autres conquérants, il chercha et trouva sa force dans l'amour de ses sujets.

Son ambition ne lui fit jamais négliger les soins de l'administration. Libéral, juste et populaire, il protégea le commerce et l'agriculture. Il divisa le royaume en trente-six gouvernements, qu'il fit administrer par des hommes dont il avait éprouvé les vertus et la capacité. Il pourvut ainsi à la sûreté intérieure de ses états, en s'attachant les peuples par des liens de vénération, d'affection et d'intérêt.

Son armée, composée de six cent mille hommes de pied, de vingt-quatre mille chevaux et vingt-sept mille chars, était commandée par dix-sept cents officiers choisis parmi les plus braves et les plus estimés des compagnons de son enfance. Une si grande force, dirigée par tant de sagesse, devait éprou

ver peu de résistance; aussi Sésostris fut un des plus heureux et des plus célèbres conquérants.

Il subjugua d'abord l'Éthiopie et l'obligea à lui payer tous les ans un tribut en ébène, en ivoire et en or. Pour cette expédition il avait équipé une flotte de quatre cents voiles, qui parcourut la mer Rouge, et s'empara de toutes les côtes.

Il soumit toute l'Asie avec une rapidité inconcevable, et pénétra dans les Indes plus loin qu'Hercule et que Bacchus. Il passa le Gange et s'avança jusqu'à la mer. La Scythie, l'Arménie et la Cappadoce reconnurent sa domination; la Colchide reçut une colonie égyptienne, et en conserva longtemps les mœurs. Du temps d'Hérodote on voyait encore dans l'AsieMineure plusieurs monuments de ses victoires, et on lisait sur des colonnes cette inscription gravée : « Sésostris, le roi des » rois et le seigneur des seigneurs, a conquis ce pays par ses

» armes. >>>

Son empire s'étendait depuis le Gange jusqu'au Danube. Les figures hiéroglyphiques tracées sur les monuments désignaient les peuples qui avaient défendu leur liberté et ceux qui avaient cédé sans combattre. La Thrace fut le terme de ces conquêtes: l'Europe, inculte et sauvage, offrait alors peu d'appât à l'ambition, et n'aurait pu fournir de vivres à une armée si nombreuse.

Ce qui rendit la gloire de Sésostris aussi solide que brillante, et ce qui le préserva des désastres qui ne suivent que trop souvent les conquêtes, c'est qu'il ne songea pas à maintenir son autorité sur les nations conquises. Content de l'honneur de les avoir battues et d'y avoir levé des tributs, il se renferma sagement dans ses anciennes limites, et revint à Memphis chargé de la dépouille des peuples vaincus. Il versa ses trésors dans son pays, récompensa magnifiquement son armée, et fit jouir paisiblement ses compagnons d'armes du fruit de leurs travaux. siya of proc eimlad one to na

Il employa son repos à construire des ouvrages utiles à la fécondité des terres et aux transports du commerce. Cent tem

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