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Prusias II, son fils, fut honteusement célèbre par sa bassesse et par sa lâcheté, Annibal s'était réfugié dans ses états, et l'avait aidé à vaincre le roi de Pergame. Au mépris des lois de l'humanité, des devoirs de la reconnaissance et de l'hospitalité, il consentit à livrer aux Romains ce grand homme, qui se donna la mort pour échapper à la honte.

Après la défaite de Persée, plusieurs monarques, craignant la puissance romaine, envoyèrent des ambassadeurs à Rome pour féliciter la république sur cette victoire. Prusias les surpassa en faiblesse et en servilité. Il se rendit lui-même à Rome, et, se montrant sur la place publique, la tête rasée et couverte du bonnet d'affranchi, il dit au préteur qu'il ne se considérait que comme un esclave à qui Rome avait rendu la liberté. En entrant dans le sénat, il se prosterna et appela les sénateurs ses dieux sauveurs, Les Romains eux-mêmes semblaient avoir honte de cet excès d'avilissement.

Nicomède II, son fils, le tua pour monter sur le tròne; mais il fut puni de ce crime par un de ses enfants, nommé Socrate, qui l'assassina.

Nicomède III, attaqué par Mithridate et secouru par les Romains, en reconnaissance de ce service, leur légua le royaume de Bithynie, qui devint province romaine.

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Ce royaume n'était qu'une petite province de la Mysie, sur la côte de la mer Égée, en face de Lesbos.

Le premier roi de Pergame fut un eunuque nommé Philé

tère 1. Lysimaque lui avait confié cette province et les trésors renfermés dans la citadelle de Pergame. Cédant ensuite à la haine d'Arsinoé, sa femme, il voulait faire périr son ancien favori: celui-ci se servit de ses richesses pour défendre sa vie; il gagna des partisans, se révolta, survécut à Lysimaque et conserva son autorité pendant vingt ans. Eumène Ier hérita de sa principauté et l'augmenta de quelques villes qu'il prit sur les rois de Syrie. Son règne dura vingt-deux ans.

Un de ses parents, Attale Ier, lui succéda et prit le titre de roi. Ce prince régna quarante-trois ans. Il battit les Galates, fit alliance avec les Romains et les secourut dans une guerre qu'ils avaient entreprise contre Philippe ". Il laissa le sceptre à son fils Eumène II. Ce monarque fonda la fameuse bibliothèque de Pergame.

Allié fidèle des Romains, il leur découvrit les projets d'Antiochus le Grand. Ses troupes contribuèrent à la victoire qu'ils remportèrent à Magnésie sur le roi de Syrie. Le sénat récompensa son zèle par le don de plusieurs provinces enlevées à Antiochus. Tous les ennemis de Rome étaient les siens. Prusias, roi de Bithynie, lui déclara la guerre, et, par les conseils d'Annibal, parvint à détruire sa flotte. Eumène s'étant rendu à Rome pour informer le sénat d'une entreprise que Persée projetait contre la république, le roi de Macédoine le fit attaquer à son retour par des pirates qui le laissèrent percé de coups et privé de sentiment. Sur le bruit de sa mort, Attale, son frère, s'empara de son trône et épousa Stratonice, sa femme.

Eumène, guéri de ses blessures, revint dans ses états, reprit sa couronne et ne punit ni la reine ni son frère. A la fin de son règne, ayant reçu quelque insulte du consul Marcius, il rappela les troupes qu'il avait envoyées au secours des Romains. Persée profita de cette brouillerie; il aigrit le courroux du roi de Per

An du monde 3721. Avant Jésus-Christ 283.

An du monde 3741. 3 An du monde 3807.

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game, en lui représentant que Rome était l'ennemie irréconciliable des rois, qu'elle les trompait tous pour les détruire successivement. Eumène n'osa pas secourir le roi de Macédoine; il ne lui promit que d'être neutre. Les Romains, après leur victoire, ne lui pardonnèrent pas son inaction. Toutes ses démarches pour se justifier furent inutiles; on le traita avec dureté, et il mourut sans avoir pu se réconcilier avec Rome 1. Attale II, son frère, lui succéda, et épousa pour la seconde fois la reine Stratonice. Son règne dura vingt et un ans. Il fit longtemps la guerre contre le roi de Bithynie, qui s'empara d'abord de Pergame, et finit par en être chassé2.

Attale III, nommé Philométor, détesté pour ses cruautés et pour ses extravagances, croyait voir partout des conspirations. Il vivait solitaire dans son palais, laissant croître ses cheveux et sa barbe, et labourant lui-même son jardin dans lequel il cultivait des plantes vénéneuses, dont il mêlait les sucs à des baumes qu'il distribuait aux grands de sa cour pour s'en défaire. Il mourut au bout de cinq ans et légua par testament aux Romains ses trésors et son royaume 3.

Aristonic, bâtard d'Eumène, voulut défendre ses droits au trône. La fortune seconda d'abord ses armes; il battit les Romains, mais la victoire le rendit trop confiant; et, comme il s'endormait dans une fausse sécurité, Perpenna le surprit et tailla ses troupes en pièces. Aristonic se sauva dans une ville dont les habitants le livrèrent aux Romains. Il avait pour ministre un philosophe nommé Blosius, autrefois habitant de Rome, et célèbre par son amitié pour Gracchus. Livré par des traîtres, avec Aristonic, aux fers de Perpenna, il exhorta son prince à s'affranchir de la servitude par une mort courageuse, et lui en donna l'exemple. Aristonic, trop faible pour l'imiter fut traîné en triomphe à Rome, jeté en prison et étranglé par l'ordre du sénat.

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La Colchide, qu'on appelle aujourd'hui Mingrélié, se trouvait sur la côte orientale de la mer Noire, entre l'Ibérie, le Pont et l'Arménie. La rivière du Phase l'arrose et a donné son nom à une espèce d'oiseau nommé faisan, qui depuis a été transporté en Europe. Ses eaux charriaient une grande quantité de paillettes d'or qu'on arrêtait dans la laine des toisons que les habitants étendaient au fond du fleuve. Attirés par l'appât de ces trésors, objet d'un grand commerce, les Argonautes firent une expédition célèbre pour s'en emparer. Jason, leur chef, que favorisait la fille du roi, la séduisit et l'enleva. Ce fameux voyage, chanté par les poëtes, rendit la Colchide célèbre. Elle nous est plus connue par la fable que par l'histoire. Il paraît que ce royaume fut peuplé du temps de Sésostris par une colonie égyptienne qui s'y mêla à quelques Arméniens. L'opulence de la ville de Dioscoris attirait des marchands de tous les pays du monde. Pline dit qu'on y parlait tant de langues différentes, que les négociants romains étaient obligés de s'y servir de cent trente interprètes. Un des fils de Mithridate fut roi de Colchide. Pompée traîna à la suite de son char de triomphe un de ces princes, dont le nom n'est pas connu. On parle encore, dans l'histoire de Trajan, d'un autre roi de la Colchide. Cette contrée fut depuis réduite en province romaine.

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nomme aujourd'hui Gurgistan; c'est une partie de la Géorgie qui est sous la domination des Perses. L'Ibérie était entre la Colchide, le Pont, le Caucase, l'Albanie et la Médie. Quelques auteurs ont prétendu que l'Espagne avait tiré de cette contrée son ancien nom d'Ibérie; mais il est impossible de concevoir comment un petit peuple montagnard, sans commerce maritime, aurait pu porter si loin une colonie.

Les Ibères, renommés par leur courage, avaient soutenu longtemps leur indépendance contre les Scythes, les Mèdes, les Assyriens et les Perses: ils passèrent pour invincibles. Lorsque Pompée entreprit de les dompter, il ne parvint à les vaincre qu'après de longs efforts qui lui coûtèrent de grandes pertes 1. Battus et mis en déroute, ils ne voulurent pas se rendre; ils se retirèrent dans une épaisse forêt; et, du haut des arbres, ils perçaient les Romains de leurs flèches. On fut obligé de mettre le feu à la forêt, et presque toute l'armée des Ibères périt dans l'embrasement. Le roi qui commandait alors ce peuple belliqueux s'appelait Artacès. Les empereurs romains regardèrent l'Ibérie comme un rempart contre l'invasion des Barbares; ils la protégèrent et lui laissèrent ses rois, dont l'histoire cite quelques noms, sans faire connaître leurs actions.

ALBANIE.

Caractère du peuple qui l'habitait.

Bataille entre Pompée et Cosis. ce général.

Mort de

L'Albanie, voisine de l'Ibérie, et que les Persans modernes nomment Schirvan, était habitée autrefois par un peuple simple, laborieux, plus renommé par sa vertu que par sa puissance, il n'attaquait pas l'indépendance des autres nations, mais il défendait courageusement la sienne. Pompée porta ses armes An du monde 3939. Avant Jésus-Christ 65.

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