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ils prétendaient descendre d'un des fils de Gomer. Ils passent pour avoir inventé la divination par le vol des oiseaux. Le mode phrygien fut célèbre. La musique et la danse de ce peuple étaient molles et efféminées comme ses mœurs, sa religion à la fois ridicule et cruelle; les prêtres se mutilaient pour rappeler le malheur de leur dieu Atys, dont on croyait que Cybèle pleurait sans cesse l'infortune et la mort.

La nation phrygienne est peut-être la seule qui ait conservé le souvenir d'un de ses princes régnant avant le déluge; il s'appelait Inachus. Instruit par un oracle de la destruction prochaine du monde, il passait ses jours, dit-on, à déplorer cette grande catastrophe, et l'on conserva en Phrygie l'habitude de dire, lorsqu'on se moquait des lamentations d'un homme: «Il pleure comme Inachus. >>

La plupart de leurs rois se nommaient Midas ou Gordien. Le premier Gordien était laboureur; un aigle, qui vint se percher sur le joug de ses bœufs, lui annonça son élévation. Après un interrègne, les Phrygiens convinrent de donner le trône à l'homme qu'on verrait arriver le premier sur un chariot dans le temple de Jupiter. Un autre Gordien réalisa la prédiction; et lorsqu'il fut couronné, il consacra son chariot dans le temple.

Le nœud qui servit à attacher le timon de ce char était si artistement fait, qu'il semblait impossible de le dénouer. Le roi promit l'empire de l'univers à celui qui le délierait: ce fut le fameux nœud gordien qu'Alexandre coupa pour obtenir par la force ce qui avait été promis à l'adresse.

C'est plutôt dans la fable que dans l'histoire qu'on doit placer la plupart des actions qu'on attribue aux divers rois de Phrygie. On ne nous a conservé rien de certain que leurs

noms.

TROYENS.

Position de la Troade..

Tencer, premier roi des Troyens. La ville de Troie bâtie par Tros. Causes de la guerre de Troie. Destruction de cette ville après dix ans de combats.

Le génie d'Homère rend immortel le nom de ce peuple qui habitait un pays charmant, situé sur la côte de l'Asie-Mineure, entre la Propontide, la mer Egée, la Mysie et l'Hellespont.

L'histoire de la Troade est tellement mêlée à la fable, et les héros troyens sont tellement confondus avec les dieux et les demi-dieux, qu'il n'est pas possible de les séparer. Le mont Ida n'est fameux que par le jugement du berger Pàris, qui donna à Vénus le prix de la beauté. Ce sont les amours de Héro et de Léandre qui nous font connaitre le détroit de Sestos et d'Abydos; et jamais on n'aurait parlé des petites rivières du Scamandre et du Simoïs, si Homère n'avait chanté les combats des Grecs, la colère d'Achille et la mort d'Hector.

La Troade était une partie de la Phrygie; mais les Troyens furent toujours plus belliqueux que les peuples qui les environnaient. Le premier de leurs rois s'appelait Teucer; on le disait fils du Scamandre. Nous ne connaissons aucune de ses actions. Son gendre Dardanus lui succéda; célèbre par ses vertus et sa piété, il apporta de Samothrace la statue de Minerve qu'on appela le palladium, parce que le sort de la ville où on le déposa dépendait, suivant un oracle, de sa conservation. Éricthon, son fils, rendit comme lui son peuple heureux; il laissa la couronne à Tros. Ce prince envoya Ganymède, son fils, porter des présents à Jupiter, roi d'un pays voisin. Ganymède fut arrêté en chemin par un autre roi nommé Tantale. Jupiter le réclama et combattit Tantale, qui fut tué et condamné dans les enfers à voir toujours près de lui ce qu'il désirait, sans en pouvoir jamais jouir. Tros bâtit la ville de Troie. Anchise, amant de Vénus et père du fameux Énée,

descendait de Tros. Ilus, fils de ce roi, fut, suivant la fable, le père de ce Memnon dont on voyait la statue en Égypte. Un autre de ses fils, Tithon, était l'amant de l'Aurore, qui le rendit immortel. Laomédon, troisième fils d'Ilus, construisit la citadelle de Troie. Sous son règne, les Argonautes débarquèrent dans la Troade. On raconte que Laomédon, ayant provoqué imprudemment Hercule, fut tué par ce demi-dieu. Priam, si célèbre par ses malheurs, monta sur le trône de Laomedon et en vit la chute. Ce roi avait une sœur nommée Hésione, mariée à Télamon. Ce prince l'accablait de mépris; en vain Priam demanda justice aux Grecs de cette conduite. Ses plaintes restèrent sans réponse, et sa sœur sans vengeance. Paris, fils de Priam, enleva la belle Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte. Toute la Grèce s'arma pour punir cette offense. Priam, irrité des outrages faits à sa sœur, refusa de satisfaire Ménélas; la guerre éclata, et, après dix ans de combats, Troie fut détruite. On voit encore quelques ruines troyennes, les premières assez éloignées du rivage; c'est tout ce qui rappelle l'ancienne Troie. Les autres, plus près de la mer, ne présentent que les débris d'une Troie nouvelle que les Romains avaient rebâtie.

Les deux peuples les plus fameux dans l'histoire, les Romains et les Français, ont tous deux cherché leur berceau dans les fables troyennes. Tous les Romains croyaient descendre d'Enée et de ses compagnons; et quelques auteurs ont prétendu que les Francs tiraient leur origine de Francus, prince troyen.

MYSIENS.

Leur habileté dans les arts. Premières tapisseries.

Invention du parchemin.

Les Mysiens étaient voisins et alliés des Troyens. L'histoire ne nous donne rien de certain sur l'ordre et la succession de

leurs rois. Ce peuple, connu par ses débauches, par le culte impur de Priape, se fit quelque réputation par son habileté dans les arts. Cyzyque, ville magnifique, s'appelait la Rome de l'Asie; on y voyait un temple construit en marbre, dont les belles colonnes ornèrent depuis Constantinople. On fabriqua les premières tapisseries à Pergame. On voyait aussi dans cette ville une bibliothèque presque comparable à celle d'Alexandrie. Eumène, roi de Pergame, inventa le parchemin, et fit transcrire sur ces peaux préparées deux mille volumes. Ce fut en Mysie, sur les bords du Granique, qu'Alexandre le Grand gagna sa première victoire sur les Perses.

LYCIENS.

Forme de leur gouvernement. La Chimère.

Le nom de tous les peuples de l'Asie est plus connu que leur histoire. Tour à tour envahis par les Égyptiens, les Assyriens, les Lydiens, les Mèdes, les Perses, les Grecs et les Romains, leurs limites ont sans cesse varié, et leurs rois n'ont jamais joui que d'une existence et d'une puissance éphémères. Les Lyciens avaient des mœurs plus rudes et un courage plus ferme que les Phrygiens. Ils s'étaient rendus fameux sur mer par leurs pirateries. Après avoir été gouvernés par des rois, ils furent assez longtemps en république, sous l'autorité d'un sénat composé de députés de toutes les villes du pays. C'est sur une de leurs montagnes que les anciens auteurs avaient fait naître et exister la Chimère, monstre qui fut vaincu par Bellérophon, roi de Lycie.

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La Cilicie, située entre la Syrie, la Cappadoce et la Méditerrance, renfermait, pour ainsi dire, deux nations opposées. L'une, qui habitait les plaines, était un débris de tous les peuples de l'Asie-Mineure qui avaient fui la fureur des conquérants perses et assyriens; la proximité des montagnes les attira dans ces lieux, où la nature présentait des asiles sûrs et des défenses faciles. L'autre partie de la nation, qui habitait les rivages de la mer, était un mélange de malfaiteurs, de bannis et d'aventuriers de tous les pays : ils passaient pour être menteurs, cruels, avides. Leur langage, mêlé de syriaque, de grec et de persan, formait un idiome aussi grossier que leurs habitudes. Leurs côtes, parsemées de petits havres, protégées par des promontoires escarpés, leur donnaient une grande facilité pour cacher et défendre leurs bâtiments. Ils faisaient des descentes en Grèce et même en Italie, d'où ils emmenaient des esclaves qu'ils vendaient en Égypte, en Chypre et en Asie. Les Romains prirent souvent les armes contre eux; mais ces pirates se réfugiaient dans leurs cavernes, et reparaissaient sur la mer dès que les flottes romaines s'étaient éloignées. Alexandre bâtit dans leur pays la ville d'Alexandrette, qui fut longtemps un entrepôt fameux pour le commerce de l'Orient. Pompée, irrité des brigandages des Ciliciens, attaqua ces corsaires avec cinq cents vaisseaux, débarqua à la tête d'une armée nombreuse, sur la côte, et parvint à détruire les repaires de ces brigands.

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