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Entendre et le bois qui frissonne,
Et le cri plaintif du vanneau !

Que j'aime cette église antique,
Ces murs que la flamme a couverts,
Et l'oraison mélancolique

Dont la cloche attendrit les airs!

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Jadis, chez des vierges austères,
J'ai vu quelques ruisseaux cloîtrés
Rouler leurs ondes solitaires
Dans des clos à Dieu consacrés.

Leurs flots si purs, avec mystère
Serpentaient dans ces chastes lieux,
Où ces be aux anges de la terre
Foulaient des prés bénis des cieux.
Mon humble ruisseau, par ta fuite
(Nous vivons, hélas! peu d'instants)
Fais souvent penser ton ermite,
Avec fruit, au fleuve du temps.

Ducis.

La marguerite.

Tout rêveur au jardin je suis venu m'asseoir; La nuit tombait déjà: sur sa tige élancée,

Chaque fleur au zéphyr racontait sa pensée,
Ou relevait son front pour se mieux laisser voir.

La rose en son bouton cachait un doux espoir,
Un oeillet dénouait sa ceinture pressée,
Le lilas seul pleurait sa jeunesse passée,
Un iris s'entr'ouvrait sous le souffle du soir.

Le liseron errant, aux feuilles gracieuses,
Mêlait son étamine aux brunes scabieuses :
Toute fleur, toute feuille, avaient une beauté;

Mais je te voyais seule en ce divin parterre,
O blanche marguerite, oracle du mystère,
Que la lune baignait de sa molle clarté !

Mourier.

La mésange.

Votre sourire est un sourire d'ange,
Mais votre coeur est un coeur de lutin
Quoi! sans pitié, vous gardez la mésange,
Qui, sur vos pas, vient s'abattre un matin?
Dans une cage aux mignonnes tourelles,
Vous l'enfermez ! . . . C'est une trahison.
Pour voltiger, si Dieu lui fit des ailes,
C'est mal à vous, de la mettre en prison.

Entendez-vous l'innocent caquetage

Du jeune oiseau pleurent sa liberté ?
Lorsque du ciel lui vient son héritage,
Faut-il par vous qu'il soit déshérité ?

Oh! non, vos mains, si pures et si belles,
Ne sauraient point distiller le poison! . . .
Pour voltiger, si Dieu lui fit des ailes,
C'est mal à vous, de la mettre en prison.

Y songez-vous? votre pauvre captive
Au bois, sans doute, avait quelques amours
Voudriez-vous que, souffrante et plaintive
Dans le veuvage elle passat ses jours?
Sur les rameaux, comme sous les dentelles,
L'amour possède un merveilleux blason . . .
Pour voltiger, si Dieu lui fit des ailes,
C'est mal à vous, de la mettre en prison.
Cette mésange, hélas! peut être mère,
Et son absence au nid jette l'effroi.
N'augmentez pas la douleur trop amère
De ses petits, qui pourraient avoir froid.
Pour réchauffer ces doux êtres si frêles,
Laissez-la fuir, regagner sa maison.
Pour voltiger, si Dieu lui fit des ailes,
C'est mal à vous, de la mettre en prison.

Alexandre Guérin.

Le nid.

Du nid charmant caché sous la feuillée,
Cruels petits lutins à la mine éveillée,
Hélas! pourquoi faire ainsi le tourment?
Ce nid, ce doux mystère,

Que vous guettez d'en bas,

C'est l'espoir du printemps,
C'est l'amour d'une mère !...

Enfants, n'y touchez pas !

Qui chantera Dieu, la brise et les roses?
Méchants, si vous tuez ces jeunes voix écloses?
Autour de vous tout s'en attristera.

Dieu seul a droit sur tout ce qui respire:
Ne pouvant rien créer, il ne faut rien détruire;
Beaux maraudeurs, prenez garde, il vous voit.

Laissons, laissons les bouquets à leur tige,
A l'air qu'il réjouit l'insecte, qui voltige;
Aux bois leur ombre et les nids aux buissons.
Ce nid, ce doux mystère,

Que vous guettez d'en bas,
C'est l'espoir du printemps,
C'est l'amour d'une mère !...

Enfants, n'y touchez pas !

Bergeronnette.

Hippolyte Guérin.

Pauvre petit oiseau des champs,
Inconstante bergeronnette,

Qui voltiges, vive et coquette,
Et qui siffles tes jolis chants;

Bergeronnette si gentille,
Qui tournes autour du troupeau,
Par les prés sautille, sautille,
Et mire-toi dans le ruisseau !

LA NATURE.

Va, dans tes gracieux caprices,
Béqueter la pointe des fleurs,

Ou poursuivre, aux pieds des génisses,
Les mouches aux vives couleurs.

Reprends tes jeux, bergeronnette,
Bergeronnette au vol léger;
Nargue l'épervier qui te guette!
Je suis là pour te protéger.

Si haut qu'il soit, je puis l'abattre ..
Petit oiseau, chante! ... et demain,
Quand je marcherai, viens t'ébattre
Près de moi, le long du chemin.

C'est ton doux chant qui me console: Je n'ai point d'autre ami que toi. Bergeronnette, vole, vole,

Bergeronnette, devant moi!

Dovalle.

La rose.

Du doux printemps aimable fleur,
Que tu me plais, rose chérie !
Mais, hélas! à peine fleurie
Tu perds ta brillante couleur.

Toutefois, quand le sort funeste
A décidé ta triste fin,

Au lieu de ton éclat divin,

De toi quelque parfum nous reste.

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