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Les ouvrages de ses mains.

Oui, c'est Dieu, c'est Dieu lui-même,
C'est le monarque suprême

. De la terre et des humains.

Malan.

Adieux de Jeanne d'Arc.

Adieu, vallons charmants, lieux de mélancolie,
Adieu, prés émaillés où paissent mes agneaux;
Hameau, séjour de paix où je reçus la vie,
Je ne dois plus revoir vos fertiles côteaux.
Et vous, fidèle écho, dont les accents magiques,
Quand j'adressais mes voeux à la mère de Dieu,
Doucement répétaient nos célestes cantiques,
Écho, Jeanne vous dit un éternel adieu.

Bosquets fleuris, oiseaux dont le joyeux ramage
Attirait mes loisirs sous ces ombrages frais,
Jeanne ne viendra plus rêver sous ce feuillage.
Adieu, Jeanne vous quitte, hélas! et pour jamais.
Errez, troupeau chéri, désormais sans bergère;
Moi, suivant du Très-Haut la sainte volonté !
Je dois conduire aux champs qu'ensanglante la guerre
Un plus noble troupeau par le ciel adopté.

Celui qui, sur Horeb, apparut à Moïse,

Celui qui, pour son peuple, en miracles fécond,
Protégea, conduisit à la terre promise

Les ingrats arrachés au joug de Pharaon;
Celui qui dans David plaça sa confiance

Et d'un simple berger fit un roi courageux,
Dans son temple m'a dit: „Viens, montre ma puissance,
Montre qu'un faible enfant peut tout quand je le veux."

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Prends le glaive vengeur, guide mon oriflamme... Mais, pour prix de mon aide, au milieu des combats, Fuis l'amour; que ses feux ne souillent point ton âme; Fuis les pompes du monde et leurs trompeurs appas! Que toujours à ma loi ton coeur reste fidèle; Que toujours dans ce coeur je sois seul adoré! Ma main bénira Jeanne, et sa gloire immortelle Fera vivre son nom des siècles révéré.“

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Va! lorsque tu verras accablés par le nombre

Les escadrons épars des courageux Français,

L'oriflamme à la main, jusque dans la nuit sombre,
Au milieu de son camp poursuis le fier Anglais.
Fais tourner contre lui le fléau de la guerre ;
Tel que le moisonneur abat l'épi doré,

Jeanne renversera le vainqueur téméraire,

Et dans Rheims, en mon nom, Charles sera sacré."
Le signal m'est donné: ce casque... le courage,
Le désir des combats qu'il porte dans mon coeur,
M'entraînent, malgré moi, vers ces champs de carnage
Où mon roi doit trouver la victoire et l'honneur.
Déjà des combattants les cris sourds m'avertissent...
Les instruments guerriers se mêlent à leur voix,
L'airain vomit la mort,... les armes retentissent...
O lieux chéris, adieu, pour la dernière fois!"

Baron de Cussy.

File, file, Jeanne.

Jeanne, sois sans crainte
Pour ton âme sainte,
Si la cloche tinte,

T'appelle au saint lieu!
Travaille avec zèle,
Ta tâche fidèle

Est toujours, ma belle,
Agréable à Dieu.

File, file, Jeanne,

Dieu, notre père, est indulgent,
Ta quenouille fait tomber la manne
Entre les mains de l'indigent.

File, file, Jeanne,

Travailler

C'est prier.

Depuis l'aube éclose,

Sous ton beau doigt rose,

Se métamorphose

La blancheur du lin;
A plus d'une épreuve,
Le pauvre s'abreuve,
File pour la veuve
Et pour l'orphelin!...

File, file, Jeanne, etc.

Fais tourner bien vite
Ton fuseau, petite,
Pour le saint ermite,

Le preux accable;

File avec constance

Pour chaque souffrance;
Pour rendre la France

Au pauvre exilé !...

File, file, Jeanne,

Dieu, notre père, est indulgent,

Ta quenouille fait tomber la manne
Entre les mains de l'indigent.

File, file, Jeanne, etc.

F. Tourte.

Le matin.

L'ombre commence à replier ses voiles,
L'air est frais, et le ciel est pur;
On voit encor briller quelques étoiles
Qui vont s'effacer dans l'azur.

Tandis que par degrés l'orient se colore,
Tout se réveille sous les cieux;

Et les petits oiseaux ont, par leurs chants joyeux,
Salué la nouvelle aurore.

Que j'aime sa douce clarté !

Que j'aime à voir le jour renaître,

Et le soleil se lever et paraître,
Dans sa gloire et sa majesté!

Salut, ô féconde lumière,

Astre éclatant, noble flambeau !

Combien le Dieu qui traça ta carrière
Doit être grand, majestueux et beau!

Car tu n'es que sa créature;

Tu sembles, ô soleil, te promener en roi,
Et commander à la nature;

Mais celui qui t'a fait, est plus brillant que toi.

Gloire, amour et reconnaissance

A ce Dieu de bonté qui, dans mon coeur pieux,
Mit un flambeau divin pour guider mon enfance,
Comme il fit le soleil pour éclairer les cieux.

C'est ce flambeau sacré qui, chaque matinée,
Vient luir sur mon âme, et marquant mon devoir,
Règle l'emploi de ma journée,

Pour que je sois content le soir.

Puisse jamais aucun nuage

N'obscurcir dans mon sein sa féconde clarté !
Et puisse-t-il mûrir ma sagesse avec l'âge,
Comme l'autre soleil mûrit les fruits d'été !....

Mais voilà que, dans la vallée,
J'entends les chants du laboureur;
Une heure à méditer déjà s'est écoulée...
Allons par le travail honorer le Seigneur.

La prière.

Heureux celui qui sait prier!

Heureux celui dont la jeune âme,

De Jussieu.

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