L'idylle. Telle qu'une bergère, au plus beau jour de fête, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens : Les moutons. Hélas, petits moutons, que vous êtes heureux! On ne vous force point à répandre des larmes ; Vous ne formez jamais d'inutiles désirs, Dans vos tranquilles coeurs l'amour suit la nature; Sans ressentir ses maux, vous avez ses plaisirs. Ne se rencontrent point chez vous. Innocens animaux, n'en soyez point jaloux; Cette fière raison, dont on fait tant de bruit, Toujours impuissante et sévère, Elle s'oppose à tout, et ne surmonte rien. Vous devez beaucoup moins redouter la colère Que sous l'autorité d'une telle chimère Ne vaudroit-il pas mieux vivre, comme vous faites Ne vaudroit-il pas mieux être, comme vous êtes, Que d'avoir sans tranquillité Ces prétendus trésors dont on fait vanité, Ils nous livrent sans cesse à des soins criminels. Par eux plus d'un remords nous ronge. Nous voulons les rendre éternels, Sans songer qu'eux et nous passerons comme un songe. Il n'est dans ce vaste univers Rien d'assuré, rien de solide; Des choses d'ici-bas la fortune décide Selon ses caprices divers : Tout l'effort de notre prudence Ne peut nous dérober au moindre de ses coups, Paissez, moutons, paissez, sans règle et sans science, Malgré la trompeuse apparence Vous êtes plus heureux et plus sages que nous. Chanson. Antoinette Deshoulières. Printemps aimable et gracieux, Père des fleurs et des amours nouvelles, Tes dons précieux; Belle peinture, Belle verdure, Par qui tout fleurit, Par qui tout rajeunit; Ta grâce Fait changer de face A tout ce qui vit. Hélas! tout change, Hors le mal étrange Dont mon coeur languit. J. R. Segrais. La rose. Rose est des dieux la fleur choisie, Charme de tout ce qui respire, C'est un ciel de roses écloses, Nymphes, la douce destinée! Les chansons, les fleurs, le printemps, Par un beau jour la mer fit naître Puis Jupiter en son cerveau |