Hélas! dans nos cités, naguère si splendides, Dans l'atelier désert habite le silence; Et l'on a vu frapper la maison de l'aisance Pénétrez aux réduits de ces tristes familles, Seigneur, notre misère est-elle assez profonde!....... Faites pleuvoir l'aumône aux accents de ma lyre! Reboul. Stances. Que j'aime à voir dans la vallée Se lever comme un mausolée Les quatres ailes d'un noir moutier ! Que j'aime à voir, près de l'austère Au seuil du baron feudataire, La croix blanche et le bénitier! Vous, des antiques Pyrénées Vieilles églises décharnées, Vous que le temps n'a pu dissoudre, De quelques grands monts mis en poudre J'aime vos tours à tête grise, L'éclair qui passe avec la brise... Qui, tournoyant dans les entrailles A l'hymne éclatant des ouailles Oh! lorsque l'ouragan, qui gagne Prends par les cheveux la montagne Que j'aime, dans le bois qui crie Les vieux clochers de l'abbaye, Que j'aime à voir dans les vesprées Jaillir en veines diaprées Les rosaces d'or des couvents! Oh! que j'aime, aux voûtes gothiques Les vieux saints de pierre athlétiques Musset. La poésie. Chasser tout souvenir et fixer la pensée, Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ; Du poète ici-bas voilà la passion, Voilà son bien, sa vie et son ambition. Musset. La mendiante au cimetière. La pauvre femme est là, devant le cimetière, Bien vieille, et ne pouvant presque se soutenir; Elle implore l'aumône, et prie, et sa prière Parle de mort et d'avenir. Là, du matin au soir, tous ceux que l'on enterre Passent devant ses yeux avec leur blanc linceul; Là vient la jeune fille, et puis la pauvre mère, Et puis l'enfant, et puis l'aïeul. Elle voit les regrets, les douleurs et les larmes, Elle sait que beaucoup ont tremblé de mourir ; Mais pour elle, elle peut y songer sans alarmes : Pour elle, mourir c'est dormir. Le monde dur et froid la dédaigne et la chasse, Que l'on visite encore un jour ce cimetière, Les yeux la chercheront et ne la verront pas : Car elle aura quitté son vieux siège de pierre, Pour reposer un peu plus bas. Marmier. L'amitié. Noble et tendre amitié, je te chante en mes vers. Du poids de tant de maux semés dans l'univers, Par tes soins consolants c'est toi qui nous soulages. D'un zéphyr indulgent si les douces haleines Brillant d'un vain éclat, et vivant pour moi-même, Tout le poids d'un bonheur qui n'est point partagé ? Oui, contre deux amis la fortune est sans armes ; |