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O bonheur ! j'aperçois la passerelle en planches,
Et le torrent sauvage, où j'aimais tant à voir
Nos Bretonnes, pieds nus, avec leur coiffes blanches,
S'en aller, en chantant, du gros bourg au lavoir,
Mais l'image chérie

Fuit avec le sommeil ;
O ma douce patrie,
Je te pleure au réveil.

S'il est loin de sa mère,

Je n'est plus de bonheur pour un fils!...

Je te pleure, pauvre terre,

Car je suis loin de toi, mon pays!

Gustave Lemoine.

Le soleil de ma Bretagne.

La mer m'attend, je veux partir demain,
Soeur, laisse-moi, j'ai vingt ans, je suis homme!
Je suis Breton et je suis gentilhomme,

Sur l'océan je ferai mon chemin.

Mais, si tu pars, mon frère,

Que ferais-je sur terre?

Toute ma vie à moi,

Tu sais bien, que c'est toi!

Oh! ne va pas, loin de notre berceau;
Reste avec moi, ta soeur et ta compagne;
On vit heureux à la montagne,

Et puis de la Bretagne

Le soleil est si beau!

Sur un beau brick, qui portera ton nom,
Je reviendrai dans un an capitaine;
J'achèterai ces bois, ce beau domaine,
Et nous serons les seigneurs du canton!
Mais n'as-tu pas, dit-elle,

Notre pauvre tourelle,

Pour trésor le bonheur,

Pour t'aimer tout mon coeur ?

Oh! ne va pas loin de notre berceau ;
Reste avec moi, ta soeur et ta compagne;
On vit heureux à la montagne,

Et puis de la Bretagne

Le soleil est si beau!

Mais il partit, quand la foudre grondait,
Dix ans passés, de lui pas de nouvelle !
Près du foyer, sa compagne fidèle
Pleurait toujours et toujours attendait.
Un jour à la tourelle

Un naufragé l'appelle,

Lui demande un abri.

C'est lui! mon Dieu, c'est lui!

Oui, soeur, c'est moi! je reviens au berceau; J'ai tant souffert, loin de toi, ma compagne!

Mais je l'oublie, en voyant ma montagne;
O ma Bretagne,

Que ton soleil est beau!

Gustave Lemoine.

Souvenir et désir.

Souvenir du jeune âge
Sont gravés dans mon coeur,
Et je pense au village

Pour rêver le bonheur.

Ah! ma voix vous supplie
D'écouter mon désir:

Rendez-moi ma patrie

Ou laissez-moi mourir.

De nos bois le silence,
Les bords d'un clair ruisseau,

La paix et l'innocence

Des enfants du hameau,

Ah! voilà mon envie,

Voilà mon seul désir:
Rendez-moi ma patrie
Ou laissez-moi mourir.

E. de Planard.

Chanson bretonne.

Bien loin de la Bretagne
Où j'ai reçu le jour,
Bien loin de la montagne
Où j'ai pleuré d'amour;
A la fleur, qui boutonne,
Je dis souvent, souvent,

Une chanson bretonne,

Que je chante en rêvant.

Ici quand tout repose,
J'accours chaque matin,
Voir l'horizon tout rose,
Là-bas, dans le lointain;
Au soleil, qui rayonne
Je dis souvent, souvent,
Une chanson bretonne,
Qui je chante en rêvant.

Quand un nuage passe
Là-haut, dans le ciel gris,
Et que le vent le chasse
Vers mon pauvre pays:
Aux pleurs je m'abandonne,
Et dis souvent, souvent,
Une chanson bretonne,
Que je chante en rêvant.

Où va mon chant fidèle?
Hélas! je n'en sais rien !
Ma pensée, où court-elle?
Oh! mon coeur le sait bien !
A lui, quand je pardonne
Tout en souffrant, souffrant,
Allez, chanson bretonne,
Que je chante en pleurant.

E. Barateau.

Ma Normandie.

Quand tout renaît à l'espérance,
Et que l'hiver fuit loin de nous,
Sous le beau ciel de notre France,
Quand le soleil revient plus doux,
Quand la nature est reverdie,
Quand l'hirondelle est de retour,
J'aime à revoir ma Normandie,
C'est le pays qui m'a donné le jour.

J'ai vu les champs de l'Helvétie,
Et ses châlets et ses glaciers.
J'ai vu le ciel de l'Italie,
Et Venise et ses gondoliers.
En saluant chaque patrie,
Je me disais Aucun séjour
N'est plus beau que ma Normandie,
C'est le pays qui m'a donné le jour.

Il est un âge dans la vie
Où chaque rêve doit finir,
Un âge où l'âme recueillie
A besoin de se souvenir.
Lorsque ma muse refroidie
Aura fini ses chants d'amour,
J'irai revoir ma Normandie,

C'est le pays qui m'a donné le jour.

Frédéric Bérat.

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