Le montagnard émigré. Combien j'ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance! Ma soeur, qu'ils étaient beaux les jours O mon pays, sois mes amours Te souvient-il que notre mère, Et nous baisions ses blancs cheveux Ma soeur, te souvient-il encore Du Maure, Où l'airain sonnait le retour Du jour ? Te souvient-il du lac tranquille, Et du soleil couchant sur l'eau Si beau? Oh! qui me rendra mon Hélène, Vous m'avez dit: „à Paris, jeune pâtre, La fièvre court triste et froide en mes veines; Ces bals charmants, où les femmes sont reines, Qu'entends-je, ô ciel! pour moi rempli d'alarmes : "Pars, dites-vous, demain pars au réveil. "C'est l'air natal, qui séchera tes larmes; Va réfleurir à ton premier soleil." Adieu, Paris, doux et brillant rivage, Où l'étranger reste comme enchaîné. Ah! je revois, je revois mon village, Et la montagne, où je suis né! Béranger. Le mal du pays. Je veux aller mourir aux lieux où je suis née; Je veux dormir. J'ai soif de sommeil, d'innocence, J'ai soif d'un frais oubli, d'une voix qui pardonne. Autrefois!... qu'il est loin le jour de son baptême! D'où vient-on quand on frappe aux portes de la terre? Sans clarté dans la vie, où s'adressent nos pas ? Inconnus aux mortels qui nous tendent leurs bras, Pleurants, comme effrayés d'un sort involontaire. Où va-t-on quand, lassé d'un chemin sans bonheur, On tourne vers le ciel un regard chargé d'ombre? Quand on ferme sur nous l'autre porte, si sombre! Et qu'un ami n'a plus nos traits que dans son coeur? Ah! quand je descendrai rapide, palpitante, Te verrai-je, Albertine ! ombre pâle et craintive? Oui! je reconnaîtrai tes traits pâles, charmants, Oui, tu ne m'es qu'absente, et la mort n'est qu'un voile, Albertine! et tu sais l'autre vie avant moi. Un soir, j'ai vu ton âme aux feux blancs d'une étoile; Elle a baisé mon front, et j'ai dit: C'est donc toi! Viens encor; viens! j'ai tant de choses à te dire! Ce qu'on t'a fait souffrir, je le sais! j'ai souffert. O ma plus que soeur! viens: ce que je n'ose écrire, Viens le voir palpiter dans mon coeur entr'ouvert ! Mme Desbordes Valmore. Mon pays. Oui, je t'aime d'amour, ô ma chère Bretagne, Et dit: sombre pays! Et c'est de ta tristesse Voyez dans ces rochers un petit héritage, Sol aride et brûlant sans tours et sans manoir! On n'y voit point de fleurs, on n'y voit point d'om brage, Quatre murs seulement dans un champs de blé noir! Qui vit mes premiers pas! Ne te donnerais pas ! |