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Comme un duvet léger que le corbeau d'ébène
Abandonne dans l'air au rayon du printemps.

Mes pas vous fouleront sous la neige glacée,
L'arère vous mettra dans le fond du sillon,
Le pasteur, agitant sa torche nuancée

Au foyer qu'il allume au fond de l'horizon,
Jettera la feuille et la branche

Au sein du brasier pétillant,

Tenant entre ses mains sa brebis la plus blanche,
Réchauffera son pied à votre feu mourant.

Et puis vous ne serez qu'un vil amas de cendre
Que le pasteur ingrat oublîra pour toujours,
Où le torrent d'hiver qui bientôt va descendre,
En courant creusera la trace de son cours:
Moi qui vous chéris comme une âme

Je rechercherai vos débris,

En vain, hélas ! le vent, la flamme,
Les champs, les eaux, les auront pris!...

Comme la vôtre un jour ma tombe méprisée
S'élèvera sans pleurs au milieu du vallon,
Et par l'onde du ciel quelquefois arrosée,
Disparaîtra bientôt dans un lit de gazon.
Seules par les frimas flétries

Vos soeurs viendront me visiter,

Qu'elles viennent bientôt, car puisque j'ai deux vies, Celle d'ici me pèse, et je veux la quitter.

P. F.

LA PATRIE

Le retour dans la patrie.

Qu'il va lentement le navire
A qui j'ai confié mon sort!
An rivage où mon coeur aspire.
Qu'il est lent à trouver un port
France adorée !

Douce contrée !

Mes yeux cent fois ont cru te découvrir. Qu'un vent rapide

Soudain me guide

Aux bords sacrés où je reviens mourir. Mais enfin le matelot crie:

Terre! Terre! là-bas, voyez !

Ah! tous mes maux sont oubliés.
Salut à ma patrie!

Oui, voilà les rives de France:
Oui, voilà le port vaste et sûr,

Voisin des champs où mon enfance
S'écoula sous un chaume obscur.

France adorée !

Douce contrée !

Après vingt ans enfin je te revois.

De mon village

Je vois la plage:

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