Tu laisses par moments ta chevelure sombre Mais c'est avec lenteur que tes rameaux s'étendent Près des humides bords confidents de ton deuil: Linceul mystérieux, sur l'onde ils se répandent Comme un cyprès sur un cercueil. Le jour ne perce point ton épaisse feuillée, Sous ton ombrage aimé ma pensée incertaine Au travers les rameaux j'entrevois une image; Un vent inattendu de son haleine amie Glissez, rameaux légers, sur ma tête inclinée ; Doux saule, est-ce encor pour longtemps? Quand viendra l'heure sombre où, tout-à-coup glacée, L'existence s'arrête au souffle du trépas, Où l'oeil est sans regard, où le coeur sans pensée Ne chérit plus rien ici-bas; Vous frémirez encor sur mon front immobile, Rameaux flottants du saule, ombrages suspendus : Alors je dormirai... plus pâle et plus tranquille... Mais vous ne m'éveillerez plus. Edouard Turquety. Rêverie. Encor si l'on savait le secret de la tombe: Qui n'auraient point de mot dans toute langue humaine, Dont notre esprit a soif et qu'il ne conçoit pas, Oui, j'en crois ce besoin que Dieu mit en notre âme, Ce vague instinct des cieux, qui m'attire et m'enflamme, Ce désir éthéré qui n'a rien d'ici bas, Il est un autre monde un terme nos combats: Une fête éternelle, où Dieu même convie, G. Drouineau. Les feuilles de saule. L'air était pur; un dernier jour d'automne Et je voyais, d'une marche suivie, Près d'un vieux tronc, appuyée en silence, Des jours mauvais ; Sur l'onde froïde où l'herbe encor fleurie Au saule antique, incliné sur ma tête, Puis j'effeuillai sa dépouille légère, De mes ennuis jeu bizarre et futile! Voyons, disais-je à la feuille entraînée, Un seul instant je l'avais vue à peine, Soudain le flot la rejette au rivage, Je fie à l'onde une feuille nouvelle, Mais vainement j'espérais un miracle; Sur cette rive où ma fortune expire, Vais-je exposer sur l'élément perfide Un voeu plus cher ?... Non, non, ma main timide A reculé. Mon faible coeur, en blâmant sa faiblesse, Un coeur malade est crédule aux présages; Autour de moi. Le vert rameau de mes mains glisse à terre. Non sans effort; Et dans la nuit mes songes fantastiques, Mme Amable Tastu. Le bonheur. Mes amis ont raison, j'aurais tort, en effet, De me plaindre; en tous points mon bonheur est parfait. J'ai trente ans, je suis libre, on m'aime assez per sonne Ne me hait; ma santé, grâce au ciel! est fort bonne ; |