Être assise en songeant; L'oeil sur la mer profonde, Tandis que, pâle et blonde, La lune ouvre dans l'onde
Son éventail d'argent.
Après la description d'une bataille.
Accourez maintenant, amis, épouses, mères ! Venez compter vos fils, vos amans et vos frères ! Venez sur ces débris disputer aux vautours
L'espoir de vos vieux ans, les fruits des vos amours! Que de larmes sans fin sur eux vont se répandre, Dans vos cités en deuil que de cris vont s'entendre, Avant qu'avec douleur la terre ait reproduit, Misérables mortels! ce qu'un jour a détruit! Mais au sort des humains la nature insensible Sur leurs débris épars suivra son cours paisible: Demain la douce aurore en se levant sur eux, Dans leur acier sanglant réfléchira ses feux; Le fleuve lavera sa rive ensanglantée, Les vents balaieront leur poussière infectée, Et le sol engraissé de leurs restes fumans Cachera sous des fleurs leurs pâles ossemens ! Alph. de Lamartine.
Quand autrefois dans cette arène,
Où tout mortel suis son chemin,
En coureur, que la gloire entraîne, Je m'élançais, l'âme sereine,
Un flambeau brillant à la main :
Des Muses belliqueux élève, Quand je rêvais nobles assauts, Couronne et laurier, lyre et glaive, Étendards poudreux qu'on enlève, Baisers cueillis sous des berceaux;
Partout vainqueur, amant, poète, Pensais-je, hélas! que mon flambeau, Au lieu de triomphe et de fête, N'éclairerait que ma défaite
Et mes ennemis jusqu'au tombeau ?
La destinée à ma jeunesse Semblait sourire avec amour; J'aimais la vie avec ivresse, Ainsi, qu'on aime une maîtresse Avant la fin du premier jour.
Il a fui, mon rêve éphémère....... Tel, d'un sexe encore incertain, Un bel enfant près de sa mère Poursuit la flattense chimère De son doux rêve du matin.
Tout s'éveille, et lui dort encore: Déjà pourtant il n'est plus nuit; L'aube blanchit devant l'Aurore ;
Sous l'oeil du dieu, qui la dévore, L'Aurore rougit et s'enfuit.
Il dort son sommeil d'innocence; Avec l'aube son front blanchit; Puis par degrés il se nuance Avec l'Aurore, qui s'avance Et qui bientôt s'y réfléchit.
Un voile couvre sa prunelle Et cache le ciel à ses yeux; Mais un songe le lui révèle ; En songe, son âme étincelle Des rayons, qui peignent les cieux.
O coule, coule, onde nouvelle, Suis mollement ton cours vermeil ! Peus-tu jamais couler plus belle, Que sous la grotte maternelle, Aux premiers rayons du soleil ?
Que j'aime ce front sans nuage, Qu'arrose un plus frais coloris ! Bel enfant, quel charmant présage, Parmi les fleurs de ton visage, Fait soudain éclore un souris ?
Dans la vie encore ignorée As-tu cru voir un bonheur pur? Un ange te l'a-t-il montrée Brillante, sereine, azurée, A travers ses ailes d'azur?
Ou quelque bonne fée Urgèle, . Promettant palais et trésor Au filleul mis sous sa tutèle, Pour te promener t'aurait-elle Ravi sur son nuage d'or?
Mais le soleil suit sa carrière, Et voilà qu'un rayon lancé De l'enfant perce la paupière; Ses yeux s'ouvrent à la lumière ; Il pleure... le songe est passé!
De ce buisson de fleurs approchons-nous ensemble: Vois-tu ce nid posé sur la branche qui tremble? Pour le couvrir vois-tu les rameaux se ployer?
Les petits sont cachés sous leur couche de mousse; Ils sont tous endormis!... Oh! viens, ta voix est douce; Ne crains pas de les effrayer.
De ses ailes encor la mère les recouvre ; Son oeil appesanti se referme et s'entr'ouvre, Et son amour souvent lutte avec le sommeil. Elle s'endort enfin... Vois comme elle repose! Elle n'a rien pourtant qu'un nid sous une rose, Et sa part de notre soleil.
Vois, il n'est point de vide en son étroit asile; A peine s'il contient sa famille tranquille;
Mais là le jour est pur, et le sommeil est doux : C'est assez!... Elle n'est ici que passagère ; Chacun de ses petits peut réchauffer son frère,
Et son aile les couvre tous.
Et nous, pourtant, mortels, nous, passagers comme elle, Nous fondons des palais quand la mort nous appelle; Le présent est flétri par nos voeux d'avenir;
Nous demandons plus d'air, plus de jour, plus d'es
Des champs, un toit plus grand!... Ah! faut-il tant
Pour aimer un jour... et mourir?
Le voyage du poète.
A Sainte Beuve qui revenait d'Italie.
O poète voilé par la mélancolie! Doux amant du silence et de la liberté, O tendre pélerin! tu reviens d'Italie, De la belle Italie où Virgile a chanté.
Après avoir battu les sentiers et les grèves, Vu les mille tableaux, ouï les mille bruits, Tu reviens palpitant et tu chantes tes rêves, Comme par souvenir chante l'oiseau des nuits. Car ton âme n'est pas de ces âmes muettes Qui vont péniblement traîner leur corps ailleurs. Ton âme a pris son vol dans le ciel des poètes, Pour goûter l'ambroisie en des pays meilleurs.
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