L'élégie. (Fragment de l'art poétique. Chant second.) D'un ton un peu plus haut, mais pourtant sans audace, Je hais ces vains auteurs dont la muse forcée M'entretient de ses feux, toujours froide et glacée; Qui s'affligent par art, et, fous de sens rassis, S'érigent, pour rimer, en amoureux transis. Leurs transports les plus doux ne sont que phrases vaines: Ils ne savent jamais, que se charger de chaînes, Ce n'était pas jadis sur ce ton ridicule, N. Boileau. L'ode. (Fragment de l'art poétiqne. Chant second.) L'ode, avec plus d'éclat, et non moins d'énergie, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux. Le buisson. S'il est un buisson quelque part Bordé de blancs fraisiers ou de noires brunelles, Ah! si son ombre printannière Couvrait avec amour la pente d'un ruisseau, D'un ruisseau qui bondit sans souci de son eau, Et qui va réjouir l'espoir de la meunière... *) Ces vers ont rapport à Pindar. Si la liane aux blancs cornets Y roulait en noeuds verts sur la branche embellie! S'il protégeait au loin le muguet, l'ancolie, Dont les filles des champs couronnent leurs bonnets! Si ce buisson, nid de l'abeille, Attirait quelque jour une vierge aux yeux doux, S'il était aimé des oiseaux; S'il voyait sautiller la mésange hardie; S'il souriait, depuis l'aurore, A l'abord inconstant d'un léger papillon, Si, dans la brûlante saison, D'une nuit sans lumière éclaircissant les voiles, Si d'un couple naïf et tendre, Il devait un beau soir surprendre les aveux, Si, longtemps, des feux du soleil, Il pouvait garantir une fosse inconnue ! |