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La Lisette du chansonnier

Dont vous chantez plus d'une chansonnette
Matin et soir, sous le vieux marronnier.
Ce chansonnier dont le pays s'honore,

Oui, mes enfants, m'aima d'un tendre amour;
Son souvenir m'enorgueillit encore,

Et charmera jusqu'à mon dernier jour.

Si vous saviez, enfants,
Quand j'étais jeune fille,
Comme j'étais gentille...
Je parle de longtemps.
Teint frais, regard qui brille,
Sourire aux blanches dents,
Alors, ô mes enfants,
Grisette de quinze ans,

Ah! que j'étais gentille.

Vous parlerai-je de sa gloire ?

Son nom des rois causait l'effroi.

Dans ses chansons se trouve son histoire :
Le monde, enfants, la connaît mieux que moi.
Ce que je sais, moi, c'est qu'il fut sincère,
Bon, généreux, ange consolateur.

Oui, c'est assez de bonheur sur la terre,
Qu'un peu d'amour d'un aussi noble coeur.
Si vous saviez, etc.

Lui, qui d'un beau ciel et d'ombrages
Avait besoin pour ses chansons,

Fidèle au peuple, il vengea ses outrages,

Et respira l'air impur des prisons.

Des insensés, qu'aveuglait leur puissance,
Juraient alors d'étouffer ses accents;

Mais dans les fers son luth chantait la France,
La liberté, Lisette et le printemps.

Si vous saviez, etc.

Un jour, enfants, dans ce village,
Un marchand d'images passant
Me proposa (Dieu l'envoyait, je gage)
De Béranger un portrait ressemblant.
J'aurais donné jusqu'à mes tourterelles;
Ces traits chéris, je les vois tous les jours.
Hier encor, de pervenches nouvelles,
De frais lilas, j'ai fleuri mes amours.
Hier encor, j'ai fleuri mes amours!...
Si vous saviez, etc.

Frédéric Bérat.

Le pâtre.

(De Goethe.)

Là haut sur la montagne

Je me tiens souvent,

Et j'abaisse en rèvant

Mes yeux vers la campagne;
Mes brebis vont paissant,

Mon chien les accompagne,

Et me voilà rendu

Au pied de la montagne

Sans m'en être aperçu.

Là, mille fleurs dans l'herbe
Viennent, c'est un plaisir :

Et quand j'ai fait ma gerbe,
J'ignore, à qui l'offrir.
Sous un arbre j'essuie
La tempête et la pluie,
Et la porte là-bas

Reste fermée, hélas !

Tout est songe en la vie!

Je vois sur la maison

L'arc-en-ciel comme une aile;
Mais elle est partie, elle,

Elle a fuit du vallon.
Elle a traversé plaine
Et mer peut-être aussi!
Passez, troupeaux içi,
Le pâtre a trop de peine,

Le pâtre a tant de peine.

P. F.

Mon délire.

Je t'aimerai, j'adorerai mes chaînes,
Tant que la rose aura sa douce odeur,
Le ciel ses feux, la terre ses fontaines;
L'onde son cours et les bois leur fraîcheur,
Je t'aimerai.

Je t'aimerai, je te serais fidèle,

Tant que l'épine armera les buissons,

Que du caillou jaillira l'étincelle,

Tant que l'écho répétera ces sons:
Je t'aimerai.

Je t'aimerai tant que dans la nature
Succéderont les roses aux boutons,

Aux noirs frimats une aimable verdure,

Les fruits aux fleurs, les saisons aux saisons. Je t'aimerai.

Anonyme.

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