Un tel secret valait toute son âme, Si j'avais su, moi-même, à quel empire Si j'avais su! Mme Desbordes-Valmore. Romance. Je ne sais plus d'où naissait ma colère; Je ne sais plus. Je ne veux plus regarder ce que j'aime; Je ne sais plus le fuir en son absence, Mme Desbordes-Valmore. A toi. Puisqu'ici bas toute âme Sa musique, sa flamme, Puisqu'ici toute chose Son épine ou sa rose A ses amours; Je te donne à cette heure, La chose la meilleure Que j'aie en moi ! Reçois donc ma pensée, Triste d'ailleurs, Qui, comme une rosée, T'arrive en pleurs ! Reçois mes voeux sans nombre, De tous mes jours! Mes transports pleins d'ivresses, Purs de soupçons, Et toutes les caresses De mes chansons ! Mon esprit qui sans voile Vogue au hasard, Et qui n'a pour étoile Que ton regard! Ma muse que les heures Bercent rêvant, Qui, pleurant quand tu pleures, Pleure souvent ! Reçois, mon bien céleste, O ma beauté, Mon coeur dont rien ne reste, L'amour ôté ! La fille d'O-Taïti. „O! dis-moi, tu veux fuir? et la voile inconstante „Va bientôt de ces bords l'enlever à mes yeux ? Cette nuit j'entendais, trompant ma douce attente, Chanter les matelots qui rempliaient leur tente! „Je pleurais à leurs cris joyeux! „Pourquoi quitter notre île? En ton île étrangère, "Les cieux sont-ils plus beaux? a-t-on moins de douleurs ? „Les tiens, quand tu mourras, pleureront-ils leur frère ? Couvriront-ils tes os du plane funéraire, "Dont on ne cueille pas des fleurs? „Te souvient-il du jour où les vents salutaires „Oh! j'étais belle alors; mais les pleurs m'ont flétrie. „Reste, ô jeune étranger! ne me dis pas adieu! Ici, nous parlerons de ta mère chérie; "Tu sais que je me plais aux chants de ta patrie, 1 „Comme aux louanges de ton Dieu! " Tu rempliras mes jours; à toi je m'abandonne. „Que t'ai-je fait pour fuir? Demeure sous nos cieux „Je guérirai tes maux, je serai douce et bonne, Et je t'appellerai du nom que l'on te donne „Dans le pays de tes ayeux! „Je serai, si tu veux, ton esclave fidèle, Pourvu que ton regard brille à mes yeux ravis; „Reste, ô jeune étranger! reste, et je serai belle; Mais tu n'aimes qu'un tems, comme notre hirondelle: „Moi, je t'aime comme je vis. „Hélas, tu veux partir. Aux monts qui t'ont vu naître "Sans doute quelque vierge espère ton retour. „Eh bien! daigne avec toi m'emmener, ô mon maître! ㄌ „Je lui serai soumise, et l'aimerai peut-être, "Si ta joie est dans son amour. „Loin de mes vieux parens, qu'un tendre orgueil enivre „Du bois où dans tes bras j'accourus sans effroi, Loin des fleurs, des palmiers, je ne pourrai plus vivre. „Je mourrai seule ici. Va, laisse-moi te suivre, „Je mourrai du moins près de toi. Si l'humble bananier accueillit ta venue, „Si tu m'aimas jamais, ne me repousse pas. „Ne t'en va pas sans moi dans ton île inconnue, „De peur que ma jeune âme, errante dans la nue, N'aille seule suivre tes pas!" Quand le matin dora les voiles fugitives, Victor Hugo. Attente. Monte, écureuil, monte au grand chêne, Du haut clocher au grand donjon. Vieux aigle, monte de ton aire Et maintenant, du haut de l'arbre, |