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L'AMOUR.

Chanson.

Un ruisseau m'endormoit en tombant dans la Seine:
Mille oiseaux m'éveilloient, et ranimoient ma veine:
Une Aurore naissante éclairoit un chemin,

D'où le Zéphir et Flore avec leur douce haleine
Faisoient neiger sur moi la rose et le jasmin:
J'aperçus tout-à-coup la beauté que j'adore;
J'oubliai les ruisseaux,

Je n'ouïs plus d'oiseaux,
Je ne vis plus de Flore,

De roses, de jasmins, de Zéphir, ni d'Aurore.

Alex. Lainez.

Désir.

Que ne suis-je la fougère,

Où sur le soir d'un beau jour
Se repose ma bergère

Sous la garde de l'amour!

Que ne suis-je le zéphire

Qui rafraîchit ses appas,
L'air que sa bouche respire,
La fleur qui naît sous ses pas!

Que ne suis-je l'onde pure
Qui la reçoit dans son sein!

Que ne suis-je la parure
Qu'elle met sortant du bain!
Que ne suis-je cette glace,
Où son minois répété

Offre à nos yeux une grâce
Qui sourit à la beauté!

Que ne suis-je l'oiseau tendre
Dont le ramage est si doux,
Qui lui-même vient l'entendre,
Et mourir ses genoux!
Que ne suis-je le caprice
Qui caresse son désir,
Et lui porte en sacrifice
L'attrait d'un nouveau plaisir !

Que ne puis-je par un songe
Tenir son coeur enchanté !

Que ne puis-je du mensonge
Passer à la vérité !

Les dieux qui m'ont donné l'être,

M'ont fait trop ambitieux,

Car enfin je voudrois être

Tout ce qui plaît à ses yeux.

Le rosier.

Je l'ai planté, je l'ai vu naître,

Ce beau rosier où les oiseaux

Riboutté.

Au matin, près de ma fenêtre,

Viennent chanter sous ses rameaux.

Joyeux oiseaux, troupe amoureuse,
Ah! par pitié, ne chantez pas:
L'amant qui me rendait heureuse
Est parti pour d'autres climats.

Pour les trésors du nouveau monde
I fuit l'amour, brave la mort.
Hélas! pourquoi chercher sur l'onde
Le bonheur qu'il trouvait au port?

Vous, passagères hirondelles,
Qui revenez chaque printemps,
Oiseaux voyageurs, mais fidèles,
Ramenez-le-moi tous les ans.

De Leyre.

Pauvre Jacques.

Pauvre Jacques, quand j'étais près de toi,
Je ne sentais pas ma misère;

Mais à présent que tu vis loin de moi,
Je manque de tout sur la terre.

Quand tu venais partager mes travaux,
Je trouvais ma tâche légère.

T'en souvient-il? tous les jours étaient beaux.
Qui me rendra ce temps prospère?

Quand le soleil brille sur nos guérets,
Je ne puis souffrir la lumière :

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