Un mouvement subit de l'âme D'un heureux avenir alors vient me flatter; Me donne des vertus pour mieux le mériter. Qu'il est consolant de se dire : Je renaîtrai pour vivre en l'éternel séjour!... Où nous devons sans cesse aimer d'un pur amour. Oh! combien il est méprisable Le philosophe impie et qui croit au néant! L'esprit peut en douter, jamais le sentiment. Croyons à la suprême essence, A l'enivrant espoir de l'immortalité ; Faisons tous des voeux pour la France, Et mourons, s'il le faut, pour notre liberté. Lemarchant - Laviéville. Priez pour moi. Dans la solitaire bourgade, Et les tintemens du beffroi : Vous qui priez, priez pour moi. ,Mais quand vous verrez la cascade Vous direz: „Le jeune malade Quand à la haine, à l'imposture, Je meurs au printems de mon âge; „Ma compagne, ma seule amie, Hélas! et je ne vis qu'un jour. Plaignez-la, gens de la chaumière, Lorsqu'à l'heure de la prière Elle viendra sous le beffroi Vous dire aussi: „Priez pour moi." Milleroye. Moïse sur le Nil. Mes soeurs, l'onde est plus fraîche aux premiers feux du jour ! Venez: le moissonneur repose en son séjour; ,La rive est solitaire encore; „Memphis élève à peine un murmure confus, „Et nos chastes plaisirs, sous ces bosquets touffus, „N'ont d'autre témoin que l'aurore. „Au palais de mon père on voit briller les arts; "Mais ces bords pleins de fleurs charment plus mes regards " Qu'un bassin d'or ou de porphyre; ,Ces chants aériens sont mes concerts chéris; „Je préfère aux parfums qu'on brûle en nos lambris Le souffle enbaumé du zéphire! Venez: l'onde est si calme et le ciel est si pur! „Laissez sur ces buissons flotter les plis d'azur „De vos ceintures transparentes; „Détachez ma couronne et ces voiles jaloux, „Hâtons-nous... Mais parmi les brouillards du matin, " C'est sans doute, par l'onde entraîné vers les mers, „Le tronc d'un vieux palmier, qui, du fond des déserts, Vient visiter les pyramides. " " Que dis-je si j'en crois mes regards indécis, C'est la barque d'Hermès ou la conque d'Isis, " Que pousse une brise légère. Mais non; c'est un esquif, où, dans un doux repos, „J'aperçois un enfant qui dort au sein des flots, Comme on dort au sein de sa mère. " "I sommeille; et, de loin, à voir son lit flottant, „On croirait voir voguer sur le fleuve inconstant Le nid d'une blanche colombe. Dans sa couche enfantine il erre au gré du vent; „L'eau le balance, il dort, et le gouffre mouvant "Semble le bercer dans sa tombe! „Il s'éveille: accourez, ô vierges de Memphis! I tend les bras; les eaux grondent de toute part. „Hélas! contre la mort il n'a d'autre rempart „Qu'un berceau de roseaux fragiles. „Mon père les proscrit: mon père est bien cruel De proscrire ainsi l'innocence ! Faible enfant! ses malheurs ont ému mon amour: „Je veux être sa mère; il me devra le jour, S'il ne me doit pas la naissance." Ainsi parlait Iphis, l'espoir d'un roi puissant, Alors qu'aux bords du Nil son cortège innocent Et ces jeunes beautés qu'elle effaçait encor, Sous ses pieds délicats déjà le flot frémit. La guide en sa marche craintive; Elle a saisi l'esquif! fière de ce doux poids, L'orgueil sur son beau front, pour la première fois, Se mêle à la pudeur naïve. Bientôt divisant l'onde et brisant les roseaux, Elle rapporte à pas lents l'enfant sauvé des eaux Sur le bord de l'arène humide; Et ses soeurs tour à tour au front du nouveau né, Offrant leur doux sourire à son oeil étonné, Déposaient un baiser timide! Accours, toi qui, de loin, dans un doute cruel, Ne crains rien: en pressant Moïse entre tes bras, Alors, tandis qu'heureuse et d'un pas triomphant, On entendait en choeur, dans les cieux étoilés, „Ne gémis plus, Jacob, sur la terre d'exil; Le jour enfin approche où vers les champs promis „Gessen verra s'enfuir, malgré leurs ennemis, „Les tribus si longtemps captives. |