S'évanouit dans l'eau ... Sous les vagues profondes Nageait en vain la mort, Vos deux bras sous les ondes Me poussaient vers le port, Et votre âme en prière Entre le ciel et l'eau ... Que mon rêve était beau! Mme Desbordes Valmore. Le berceau d'Hélène. Qu'a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance? Sur tes bords, où les fleurs se fanent sans culture, Et leurs rires lointains, faibles jouets des vents. Je voudrais être abeille et mourir dans les fleurs; Il chante, elle est heureuse; et j'ai connu les pleurs. Laisse au fond de mon âme un long étonnement. Qui meurt dans un nuage; et je dis tristement: Qu'a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance? Oh! j'en parle toujours, j'y voudrais être encor! Au milieu des parfums j'y dormais sans défense, Et le soleil sur lui versait des rayons d'or. Mme Desbordes Valmore. Jeune fille et jeune fleur. Il descend, le cercueil, et les roses sans taches Ah! ne les rends jamais à ce monde profane; Tu dors, pauvre Élisa, si légère d'années! Jeune fille et jeune fleure. Mais ton père, Élisa, sur la tombe s'incline; Vicomte de Chateaubriand. Jeunesse. O mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse, C'est donc vous! Je m'enivre encore à votre ivresse, Je vous lis à genoux. Souffrez que pour un jour je reprenne votre âge! Laissez-moi me cacher, moi, l'heureux et le sage, Pour pleurer avec vous ! J'avais donc dix-huit ans ! j'étais donc plein de songes! L'espérance en chantant me berçait de mensonges. Un astre m'avait lui! J'étais un dieu pour toi qu'en mon coeur seul je nomme! J'étais donc cet enfant, hélas ! devant qui l'homme O temps de rêverie, et de force, et de grâce! Baiser un gant jeté, Vouloir tout de la vie, amour, puissance et gloire! Être pur, être fier, être sublime, et croire A toute pureté ! A présent j'ai senti, j'ai vu, je sais. Qu'importe ? Si moins d'illusions viennent ouvrir ma porte Qui gémit en tournant. Oh! que cet âge ardent, qui me semblait si sombre, A côté du bonheur qui m'abrite à son ombre, Rayonne maintenant ! Que vous ai-je donc fait, ô mes jeunes années! Me croyant satisfait? Hélas! pour revenir m'apparaître si belles, Quand vous ne pouvez plus me prendre sur vos ailes, Que vous ai-je donc fait ? Oh! quand ce doux passé, quand cet âge sans tache Avec sa robe blanche où notre amour s'attache, Revient dans nos chemins, On s'y suspend, et puis que de larmes amères Oublions! oublions! Quand la jeunesse est morte, Rien ne reste de nous; notre oeuvre est un problême. L'homme, fantôme errant, passe sans laisser même Son ombre sur le mur. Victor Hugo. Souvenir d'enfance. O champs de Bienassis! maison, jardin, prairies, Pas égarés au loin dans de frais paysages, |