Page images
PDF
EPUB

Sous un dais étoilé quand dormait la nature,
Souvent, pour me bercer, elle fuyait les cieux!

Partout je ressentais sa céleste présence;

De mille songes d'or entourant mon sommeil, Comme aux jours embaumés de ma paisible enfance, Elle semait de fleurs mes heures de réveil.

Si parfois un oiseau, m'effleurant de son aile,
Arrêtait près de moi son vol aventureux,
Ma tête s'inclinait, je m'écriais: „C'est elle!
Et je croyais sentir ses doigts dans mes cheveux!

Dans le parfum léger des iris de la plaine,
Dans la feuille de saule où le vent tremblotait,
Dans le bruit sans échos des ailes du phalène,
Dans le nuage errant que l'onde reflétait,

Je devinais sa voix qui me disait: „Espère !"
Et quand j'eus bien pleuré sur mon triste destin,
C'est elle, mon enfant, qui m'envoya ton père
Pour parer mon midi des roses du matin.

O ma rêveuse Emma! lorsque tu vins au monde,
Sans doute, elle priait aux pieds du Tout-Puissant.
Tes yeux noirs et brillants, ta chevelure blonde,
L'éclatante fraîcheur de ton front innocent,

Tu les dois à ses voeux ... Aime-la bien, la fille;
Et la Vierge qui règne aux palais de l'azur
Ne voilera jamais cette étoile qui brille

Dans ton ciel de quinze ans si serein et si pur!

Sois bonne fille, Emma, tu seras bonne mère;
Tu verras qu'ici-bas le bonheur le plus doux,
Le seul qui ne soit point une ombre passagère,
C'est d'aimer ses enfants et chérir son époux.

Mais le jour en fuyant rembrunit la vallée;
Le soleil s'est couvert d'un grand rideau de feu;
Prions Oh! la prière auprès d'un mausolée

...

Est l'encens le plus saint qu'on puisse offrir à Dieu! Élise Moreau.

Une mère.

Viens, mon enfant, viens, ma fille chérie,
Toi, dont la vie est vierge de tourments;
Viens reposer ta tête si jolie

Sur ces genoux, qui t'ont bercé longtemps.
Ferme tes yeux, et sans crainte sommeille;
Comme autrefois je t'endors en chantant:
Et près de toi ta mère est là qui veille;
Sur mes genoux dors en paix, mon enfant.

Tu dors déjà! quel magique délire
Vient captiver ton sommeil innocent?
J'ai vu glisser sur ta bouche un sourire;
Ton coeur peut-être à moi pense à présent.
Ton front pâlit ... Quelle crainte t'éveille?
Dans tes beaux yeux l'effroi se peint! pourtant
Auprès de toi ta mère est là qui veille;
Sur mes genoux dors en paix, mon enfant.

Le plus beau jour n'est jamais sans nuage;
Près du plaisir est placé le chagrin.

Sur toi jamais si grondait quelque orage,
Viens déposer tes peines dans mon sein.
Mais bannissons une crainte pareille,
Car l'avenir pour toi sera brillant :

Puis, près de toi ta mère est là qui veille;
Sur mes genoux dors en paix, mon enfant.

Eugène Lesage.

Chant d'une mère au berceau de son enfant.

Dors, mon enfant; sur ton destin
Nul orage aujourd'hui ne gronde;
Ton innocence, à ton matin,
Est en paix avec tout le monde.

Sur le fleuve des premiers jours
Ton berceau s'enfuit et dérive,
Et ton oeil, en suivant son cours,
Ne voit que des fleurs sur la rive.

Que de souhaits, combien de voeux
Planent sur ta frêle nacelle!
Quand les flots t'emportent sur eux,
Mon espoir vole devant elle.

Sur les rives de l'avenir

Oui, mon âme en riant s'élance:
Je vois mon bonheur à venir
Dans ce berceau que je balance.

Nul remords, nul triste souci
Ne rend ton existence amère ;
Que le sort te sourie aussi,
Comme tu souris à ta mère.

Cher enfant, quand de mes aïeux
Je joindrai la froide poussière,
Comme ces chants ferment tes yeux,
Que ta main ferme ma paupière !

Petit-Senn.

Près d'un berceau.

Comme un pêcheur, quand l'aube est près d'éclore

Court épier le reveil de l'aurore,

Pour lire au ciel l'espoir d'un jour serein,
Ta mère, enfant, rêve à ton beau destin.

Ange des cieux que seras-tu sur terre?
Homme de paix, ou bien homme de guerre?
Prêtre à l'autel, beau cavalier au bal?
Brillant poète, orateur, général ?...
En attendant, sur mes genoux,

Ange aux yeux bleus, endormez-vous.
Son oeil le dit, il est né pour la guerre,
De ses lauriers comme je serais fière:
Il est soldat... le voilà général;
Il court, il vole, il devient maréchal.
Le voyez-vous au sein de la bataille
Le front radieux, traverser la mitraille?
L'ennemi fuit, tout cède à sa valeur :
Sonnez, clairons! car mon fils est vainqueur :

En attendant, sur mes genoux,

Beau général, endormez-vous.

Mais non, mon fils! ta mère, en ses alarmes,
Craindrait pour toi le jeu sanglant des armes.
Coule plutôt tes jours dans le saint lieu,
Loin des périls, sous les regards de Dieu.
Sois cette lampe à l'autel allumée,
De la prière haleine parfumée;
Sois cet encens, qu'offre le Seraphin
A l'Éternel avec l'hymne divin!...
En attendant, sur mes genoux,

Mon beau lévite, endormez-vous.

Pardon, mon Dieu! dans ma folle tendresse,
J'ai de vos lois méconnu la sagesse:

Si j'ai péché, n'en punissez que moi;
J'ai seule, en vous, Seigneur, manqué de foi.
Près d'un berceau le rêve d'une mère
Devrait toujours n'être qu'une prière:
Daignez, mon Dieu, choisir pour mon enfant:
Vous voyez mieux, et vous l'aimez autant.
Et toi, mon ange, aux yeux si doux,
Repose en paix sur mes genoux.

A ma Hedwig.

Nettement.

Dans ton berceau repose,

Je veillerai sur toi,

Ange aux couleurs de rose,

Et tu prieras pour moi.

« PreviousContinue »