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donner que de recevoir; mais je sentis la direction de Dieu dans ce projet d'établir un tronc pour mes orphelines, et cela me suffit. En conséquence, nous plaçâmes une boîte dans le vestibule avec cette inscription: Pour l'entretien de quelques pauvres orphelines, afin qu'elles puissent être élevées dans la crainte du Seigneur. Les difficultés commencèrent à s'accumuler autour de nous comme autant de nuages. Il fallait payer les ouvriers, soulager leurs pauvres familles, entretenir une maison beaucoup trop nombreuse pour nos revenus, faire diverses dépenses pour les réparations, etc. Un jour, pensant à toutes ces choses, je me dis: Assurément je m'abuse; Dieu ne viendra pas à mon secours dans cette entreprise. Je fis part de ma pensée à quelques-uns de mes amis qui me répondirent : Voilà ce que nous avons toujours prévu; vous trouverez à la fin que votre plan est inexécutable. Dans deux ou trois ans vous abandonnerez ces pauvres femmes et enfans, et dans votre vieillesse vous manquerez du nécessaire! Je les écoutai attentivement, et ne fis que répliquer : Si c'est une illusion, mon intention est bonne; j'ai cru que c'était la volonté de Dieu.

Je priai Dieu avec une parfaite confiance de m'éclairer de nouveau sur ce sujet, et les pensées suivantes me vinrent à l'esprit. Si le Christ était maintenant sur la terre, et qu'il eût besoin de nourriture et de vêtemens, craindrais-je de lui donner ce que je possède, de peur d'en avoir besoin moimême? Ne dirais-je pas plutôt qu'on apporte tout ce

que j'ai pour l'offrir à mon Seigneur? Il a le pouvoir de me le rendre ; et s'il ne le fait pas, souffrons. It m'a invité à agir de même à l'égard des pauvres par mes assistances, et c'est le Seigneur même qui a dit en faveur des pauvres : En tant que vous leur avez fait ces choses, vous les avez faites à moi-même (Matth., xxv, 40). Mon ame fut éclairée et si satisfaite que tous les nuages se dissipèrent. Je m'écriai: Seigneur, ta volonté me suffit! Tu m'as commandé d'aimer mon prochain comme moi-même, ainsi soit-il. Que leurs besoins soient les miens, et mes biens les leurs. Je pris ensuite la Bible, et l'ouvrant au vingt-deuxième chapitre de Job, je trouvai depuis le vingt-troisième verset jusque vers la fin du chapitre ces mots, semblables à un message du ciel: Si tu retournes jusqu'au Tout-Puissant, tu seras rétabli ; éloigne l'iniquité de ta tente, et tu mettras l'or sur la poussière, et l'or d'Ophir sur les rochers des torrens. Et le Tout-Puissant sera ton or, et tu auras de l'argent en abondance (1). Si tu as quelque dessein, il te réussira, et la lumière resplendira sur tes voies. L'impression de ce passage me resta, et dans toutes mes épreuves je n'ai jamais pu renoncer à la confiance. que je reçus alors, et à la pensée qu'un jour les promesses que je venais de lire s'accompliraient en ma faveur.

Un jour la sœur Ryan me dit : nous aurons une telle somme à payer samedi soir. Ne conviendrait

(1) Le 25o verset a été traduit littéralement de la Bible anglaise.

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il pas de l'emprunter d'un ami, jusqu'à ce que le semestre de votre rente soit échu. Nous essayâmes de le faire, mais nous ne réussîmes pas. Etant à noux, en prière, j'ouvris un livre qui était sur la table devant moi, et je jetai les yeux sur ces paroles. « Le Christ prend soin de vos affaires tempo<< relles pendant que vous vous occupez de l'avan«< cement de son règne. » Je fermai les yeux et continuai à prier. Dans ce moment, par un effet de la foi, je me représentai le Seigneur Jésus m'adressant encore les paroles déjà citées, avec une force qui fit évanouir toutes mes inquiétudes.

Avant que ma prière fût finie, on m'appela pour parler à un homme qui désirait me voir, et qui, par une faveur de la Providence, m'apporta précisément la somme dont j'avais besoin.

Dans ce temps, notre boîte commença à être de quelque secours, et cette année, au moment de nos grandes dépenses, un de mes oncles me donna deux cent cinquante guinées. Une fois, en ouvrant la boîte, nous trouvâmes une guinée renfermée dans une lettre, dont voici le contenu :

Ma chère fille,

J'ai entendu parler avec bien du plaisir de votre charitable entreprise, que je prie notre Dieu de bénir et de faire réussir. Ne soyez jamais découragée, bien que la divine Providence vous envoie quelquefois des épreuves alarmantes; car c'est la voie par laquelle Dieu mène ses enfans pour affermir leur

foi et augmenter leur patience. Mais lors même qu'il ne ferait pas réussir cette affaire selon votre plan, vous vous souviendrez qu'il ne manque jamais de bénir ceux qui cherchent sincèrement l'avancement de sa gloire et le salut des ames, par Jésus-Christ notre Seigneur. Je vous prie d'accepter l'incluse, et de me regarder comme un souscripteur annuel de la même somme. Que le ToutPuissant soit avec nous tous. Ne nous oubliez pas dans vos prières.

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Votre respectueux ami, V. P.

Nous trouvâmes aussi sous une autre enveloppe une guinée incluse avec ces mots : « J'ai senti votre fardeau, et si vous receviez plus de secours j'en « rendrais grâces à Dieu; mais peut-être est-ce la « volonté de Dieu de vous donner chaque jour seu<«<lement votre pain quotidien. Je le prie de vous « bénir et de vous conserver. »

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Nous étions tous les jours comme un troupeau de brebis bénies sous la garde du bon berger, et nous disions avec un poète : « Nous sommes des « membres de sa famille d'amour, » Mais le Seigneur m'avait donné dans mon amie Ryan la plus précieuse des bénédictions de mon entreprise. Il m'aurait été impossible de la continuer sans son aide. Je n'avais ni facilité, ni habileté pour les affaires, et Dieu me donna cette amie comme une mère. Dans toute l'exécution de notre projet elle était l'instrument principal. Il est vrai que la faculté de

former les plans me fut donnée; mais sans sa fermeté et sa vigilance mes plans n'auraient jamais réussi. Malgré sa mauvaise santé, on était surpris de tout ce qu'elle pouvait faire, soit par sa surveillance, soit par son travail. Elle était vraiment consacrée à Dieu; et bien que je la regardasse alors comme un don du ciel, je n'ai compris que plus tard toute son utilité.

L'une de nos orphelines, parvenue à l'âge de gagner sa vie, prit envie de voyager; nous crûmes qu'il y aurait du danger pour elle, et nous lui conseillâmes de se tenir en garde contre l'amour du monde. Elle eut pendant plusieurs nuits des songes remarquables qui l'avertirent de veiller à ce que personne ne lui enlevât sa couronne (Apoc. 111, 11). Nous lui exprimâmes toutes nos craintes, et lui dîmes qu'elle devait se défier de l'amour de l'argent. Elle répliqua « J'ai une idée si claire de mon devoir. « que si je fais maintenant quelque chose qui ne soit << pas convenable, je serai doublement coupable. » La sœur Ryan reprit : « Je sens que je ne saurais vous << abandonner; mais je supplie le Seigneur, si vous « êtes prête à le quitter, de vous retirer du monde « et de vous rappeler à lui. J'espère qu'il m'a exau«cée. Elle persista dans ses projets, et à peine elle nous avait quitté depuis peu de jours, que l'attrait du plaisir et l'avidité du gain commencèrent à l'éblouir; dès lors l'étincelle de lumière et de vie qui était en elle commença à s'éteindre. Le Seigneur intervint et la plaça bientôt sur le lit de mort; ce

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