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où les livres seront ouverts; et ayant été faites selon Dieu, elles tourneront à louange, à honneur et à gloire.

DÉTAILS

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SUR LE MARIAGE DE M. ET DE M" DE LA FLÉCHÈRE,

extraits d'une lettre de Mme S... C...

Le lundi 12 novembre fut le jour qui devait voir s'unir par des liens extérieurs deux personnes dont les cœurs étaient déjà unis auparavant par le Saint-Esprit. Plusieurs amis qui s'étaient rassemblés à cette occasion solennelle peuvent tous dire avec vérité aussi bien que moi : J'assistai alors à une noce chrétienne. Jésus y était invité, et certainement il se trouva au milieu de nous. Nous arrivâmes à Cross - Hall avant l'heure du culte domestique. M. de la Fléchère était habillé en ministre. Après avoir lu une hymne de Wesley sur le mariage, il fit la lecture des versets 7, 8 et 9 du chapitre xix de l'Apocalypse de saint Jean, et les expliqua d'une manière qui tendait beaucoup à spiritualiser la solennité du jour. Il dit entre autres choses : « Nous vous invitons à notre noce; mais le Saint-Esprit nous invite aux noces de l'agneau. L'épouse de l'agneau s'est parée. L'épouse consistę dans toute l'Église militante et triomphante unies ensemble. Mais nous pouvons tous être l'épouse, et, si vous le désirez, le Sauveur condescendra à être l'époux de vos âmes. Tenezvous donc prêts, étant remplis du Saint-Esprit. » Il pria ensuite d'un ton très solennel, et dit entre autres choses : Seigneur, tu sais que nous ne ferions pas cette démarche,

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si nous n'avions l'éternité en vue et si nous n'étions pas aussi disposés à être transportés au cimetière qu'à aller à l'église.»> Au déjeuner il nous dit : « Les postillons sont prêts pour nous mener à l'église, afin de solenniser notre mariage; mais bientôt la mort sera ici pour nous transporter aux noces de l'agneau.» Comme nous allions à l'église de Batley, éloignée de près de deux milles de Cross-Hall, il parla beaucoup du mystère renfermé dans le mariage, savoir : l'union entre Jésus-Christ et son Église. « Le premier Adam, dit-il, reçut une épouse tirée de son côté; notre Adam céleste acquit la sienne par une ouverture faite à son côté. » Ils furent mariés devant toute l'assemblée. Les portes étaient ouvertes à tous ceux qui voulurent entrer dans l'église. Ensuite nous revînmes à la maison, et nous passâmes beaucoup de temps à chanter des cantiques et à prier le Seigneur. Nous étions près de vingt personnes. Je présentai à Mme de la Fléchère quelques hymnes sur le mariage; elle les regarda et les donna à M. de la Fléchère, qui lut le passage de l'Écriture-Sainte qui se trouvait cité au haut de la page: Vous, maris, aimez vos femmes ; et il ajouta : comme Jésus-Christ a aimé son Église. Alors, se tournant vers nous, il dit : << Mon Dieu, quelle tâche! Daignez, mes amis, m'aider par vos prières à la bien remplir. Comme Jésus-Christ a aimé l'Église !! Il se dépouilla de sa gloire pour elle. Il se soumit jusqu'à venir au monde pour elle, et à être revêtu d'un corps sujet à toutes nos infirmités, excepté le péché. Pour elle il a souffert l'ignominie, le mépris, la douleur, jusqu'à la mort même. O mon Dieu, sans ton secours puissant il n'y a personne qui puisse remplir cette tâche ! Seigneur, veuille donc m'aider à la remplir fidèlement ! Vous aussi, ô mes amis, je vous le répète, priez pour moi. » Ensuite il lut: Femmes, soyez soumises à vos maris. Mme de la Fléchère ajouta : comme au Seigneur. « Non, ma chère, répondit M. de la Fléchère, mais seulement selon le Seigneur; et si jamais je désirais que vous fissiez quelque chose contre sa volonté, alors résistez-moi de toutes vos

forces.» Depuis le dîner, qui fut aussi un repas spirituel, jusqu'à l'heure du thé, nous passâmes le temps à chanter les louanges de Dieu, et à adresser au Seigneur de ferventes prières. Après avoir chanté l'hymne de l'alliance, M. de la Fléchère s'approcha de son épouse et lui dit : « Eh bien! ma très chère amie, voulez-vous, conjointement avec moi, vous unir d'une alliance perpétuelle avec le Seigneur ? Voulez-vous le servir avec moi comme les membres de son corps ? Vou→ lez-vous m'aider à amener des âmes à notre glorieux Rédempteur? et voulez-vous vous engager par les liens les plus forts à m'aider à glorifier, par tous les moyens possibles, notre gracieux Seigneur?» Elle répondit, en personne qui sait bien où réside sa force : « Veuille mon Dieu m'aider à le faire ! »

Dans la soirée, M. Walton prêcha dans la salle sur ce texte, si convenable à la circonstance: Que rendrai-je à l'Éternel? tous ses bienfaits sont sur moi. Je prendrai la coupe des délivrances, et j'invoquerai le nom de l'Éternel. Ces paroles ne tombèrent point aux bords du chemin, mais dans une bonne terre, où elles produisirent des fruits à la gloire de Dieu.

Après le sermon, il y eut une douce contestation entre nous; chacun disait : « Je suis le plus redevable; » jusqu'à ce que nous convînmes de chanter d'un commun accord le cantique qui commence par ces paroles:

Je louerai mon Créateur tant que je respirerai.

Le mercredi suivant, notre société se réunit de nouveau " et nous passâmes ensemble de précieux momens d'édification. M. de la Fléchère nous dit, entre autres choses : « Quelques-uns d'entre vous sont peut-être un peu surpris de la démarche que nous avons faite, ma chère amie et moi; mais je vous assure qu'elle a été le résultat de beaucoup de prières et d'une mûre délibération. Il y a vingt-cinq ans que je vis pour la première fois ma chère épouse; je pensai alors que si jamais je me mariais ce serait elle qui serait bien certai

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nement la personne que je choisirais; mais dans ce temps-lå elle était trop riche pour que j'osasse penser à elle, et je bannis de mon esprit toute idée de ce genre. Depuis plusieurs années, j'entretenais une espèce de dégoût pour le mariage, croyant qu'il était impossible d'être aussi dévoué à Dieu dans cet état qu'on peut l'être dans le célibat; mais cette objection cessa quand je lus l'histoire d'Enoch qui, quoique marié, marcha avec Dieu et ne reparut plus, parce que Dieu le prit (Gen., v, 24). Alors je vis que si Énoch, à la tête d'une famille, avait pu marcher avec Dieu et se rendre digne de la gloire, nous aussi, sous l'Évangile, nous pouvons atteindre le plus haut degré de sainteté dans un état semblable, à moins qu'un trop grand attachement ne s'empare de l'âme, et l'enchaînant à la créature ne l'éloigne de Dieu, au lieu de lui aider à l'aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée. »

FIN.

IMPRIMERIE DE E. DUVERGER

RUE DE VERNEUIL, No 4.

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