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découvrais en moi une telle profondeur de déchéance, un tel abîme de maux, que je ne puis le décrire. Mais Jésus, qui nous est fait expiation, pardon, justice et salut, m'en a retirée; je me suis sentie sauvée du mal, sauvée pour le ciel et sauvée pour toujours. Ce sont les choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et qui n'étaient point venues dans l'esprit de l'homme, et que Dieu avait préparées pour · ceux qui l'aiment. Oh! comme je sentais qu'il avait aussi préparé pour moi ces gratuités infinies, et que sa parfaite Providence restait gardienne de ceux qui me sont si chers! Je puis les aimer aussi sans crainte; j'attends tout du Seigneur. » C'est ainsi que l'ame de mon amie avait été mûrie pour l'éternité, à mesure que son corps se détériorait pour la tombe.

Le 12 avril, elle voulut nous dire encore: «J'ai une parfaite confiance»...... mais à l'instant le Seigneur la fit entrer dans le repos des bienheu

reux.

Avril.

Mon désir ardent est que toutes mes pensées, tous mes efforts recherchent et accomplissent la volonté du Seigneur, et que je sente toujours mon ame remplie de l'amour de Dieu. La véritable foi à Jésus est une grâce qui allége et remplit l'ame; elle l'allége en l'affranchissant et la purifiant de l'amour terrestre, et elle la remplit de l'amour divin. C'est notre regard au Fils de Dieu qui nous transforme en enfant de Dieu. Plus on voit le Christ et plus

on lui devient semblable. N'est-il pas écrit: La victoire par laquelle le monde est vaincu, c'est notre foi (I. Jean, v, 4). Oserions-nous exiger du Sauveur qu'il nous donne avant tout la victoire pour désirer ensuite de croire en lui? Ne nous a-t-il pas dit: Toutes choses sont possibles pour celui qui croit (Marc, Ix, 23). Mais vos goûts, vos habitudes, objecterez-vous, vous détournent de la foi au Sauveur? Ce sont vos idoles qui vous séparent du vrai culte, vos chaînes qui vous empêchent de remporter la victoire, mais vous empêchent-elles aussi de la désirer? et si vous la désirez, ne pouvez-vous pas la demander à votre Père céleste, qui a dit: Je vous nettoierai de toutes vos souillures et de tous vos dieux infâmes (Ézéchiel, xxxvi, 25). Demandez d'oublier les choses qui sont derrière vous et de vous avancer vers celles qui sont devant vous (Philipp. 111, 14); demandez et vous recevrez. Regardez à Jésus, implorez son secours à ses pieds en lui avouant toute votre faiblesse. Il répandra tellement sa lumière sur votre ame, qu'il l'éclairera, la réchauffera, et la délivrera de toute autre puissance que celle de son amour divin. Que deviennent à nos yeux les astres de la nuit au lever du soleil. Il fait disparaître leur éclat du firmament, comme l'amour divin quand il pénètre l'ame qui l'invoque, en bannit toute idolâtrie. N'abandonnez donc pas votre confiance, qui doit avoir une si grande récompense (Hébreux, x, 35).

5 avril.

Hier au soir, je ne pouvais ni respirer ni mè coucher; il me semblait être entourée de miséricorde et d'amour. Je réfléchissais aux tourmens que mon Sauveur endurait pour moi à une pareille époque de l'année, où il fut vendu et torturé entre les mains des hommes qui tâchaient d'égaler les démons pour l'outrager. Moi je souffre entre les mains de médecins bienveillans, et je souffre ayant péché, mais avec mon Sauveur, et ma souffrance est un moyen de plus de sympathiser avec lui. Le Seigneur a daigné encore m'entourer des tendres soins de Me Tooth, jeune et pieuse amie qui est venue vivre avec moi.

2 juin.

Gloire soit à la fidélité de Dieu. Il m'a dit: Invoque-moi au jour de ta détresse, je t'en délivrerai et tu me glorifieras (Psaum. L, 15). Ma santé a été rétablie pendant quelque temps. J'ai tenu toutes mes réunions de culte, et j'ai passé mes nuits en tranquillité.

3 mars 1801.

J'ai été profondément convaincue aujourd'hui de cette vérité: Le cœur de l'homme cherche toujours à se reposer sur quelque chose de terrestre. Il y a des pensées qui nous sont agréables sans nous être né

eessaires, et qui, lors même qu'elles n'ont pas l'apparence du mal en elles-mêmes, peuvent conduire notre ame à rechercher le repos hors de Dieu. Son Saint-Esprit m'a révélé que c'est par des voies aussi détournées et secrètes, que Satan se rapproche de moi. J'ai repoussé cette subtilité du tentateur par ́cette parole: Je ne veux connaître autres choses que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié (2 Cor. 11, 2).

26 avril.

que

Le Tout-Puissant avance son règne autour de nous. J'ai de grandes espérances que la réunion nous avons établie pour les enfans leur sera utile. En cela Mlle Tooth me sert à merveille. Père miséricordieux tu ne permets pas que je manque de rien!

1er janvier 1805.

Maintenant une autre année s'est écoulée! Seigneur, quel compte te rendrai-je? Suis-je plus cons tamment rapprochée de toi? Peut-être le suis-je. Mais je dois sans relâche te demander de ne laisser entrer dans mon ame aucune pensée qui ne conduise à toi! Le mois dernier, ma chère, mon unique sœur fut appelée à son repos éternel. Nous ne nous étions pas vues depuis quelques années, mais nous nous écrivions habituellement sur les sujets de nos méditations, ainsi que sur toutes les circonstances de notre vie, car nous étions placées par la Providence à

une grande distance l'une de l'autre. Dans ses dernières journées elle s'exprimait comme ayant reçu les bénédictions de la foi et de la résignation sincères à la volonté divine. Elle attendait son départ pour rejoindre son Sauveur, comme une personne qui désire de n'être ni retardée ni retenue par les vœux de ses proches. J'ai rendu grâces à Dieu de ce qu'il venait de la faire passer d'une vie de souffrances à la pure félicité, sans que le souvenir du pèlerinage terrestre de notre enfance s'affaiblisse en moi. Elle m'a légué une rente viagère de cinquante livres. sterling par an, à une époque où je m'attendais à perdre trente livres sterling de rente, et à être forcée par cette perte à diminuer et les secours que je distribuais à diverses personnes, et aussi d'autres dépenses. Mais le Seigneur à cet égard a pris soin de nous tous comme précédemment.

23 février.

Depuis quelque temps j'ai eu des vues sur ma vie passée qui m'ont découvert de nouvelles profondeurs dans l'état dé chute de l'ame humaine. Ces découvertes m'ont fait sentir combien peu je me connaissais, combien j'étais encore indigne des bénédictions que je recevais, et ont rendu plus vive en moi l'adoration du Dieu Sauveur. Il y a quelques années que j'étais en relation avec une personne qui avait de bonnes intentions, mais une conduite très imprudente; une partie du blâme qu'elle encourut rejaillit sur moi, quoique je fusse étrangère à tout

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