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14 septembre.

Dans ma prière de ce matin, cette pensée m'est venue: Dieu est incompréhensible; mais nous sommes appelés à marcher par la foi, c'est pourquoi il faut croire ce que nous ne saurions comprendre. Avec quelle douce condescendance la Divinité s'est rapprochée de la portée de nos faibles conceptions. Elle a daigné revêtir elle-même notre chair, toute notre nature, excepté le péché, pour que nous puissions nous former quelque idée de ses perfections et de son amour. Elle s'est abaissée vers nous pour nous rapprocher d'elle. Dieu a tant aimé le monde (Jean III, 16), qu'il n'a point épargné son propre Fils; mais qu'il l'a livré pour nous tous; comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui (Rom. vIII, 31)? Je vois clairement que c'est le désir infini du Très-Haut d'entrer en communion avec la créature. Ah! pourquoi donc est-ce que je ne jouis pas davantage de cette communion divine!

17 septembre.

En allant à L., je voyais s'élever des vapeurs qui, près de la terre, étaient encore grossières, mais que le soleil rendait plus transparentes à mesure qu'il les attirait et qu'il les confondait enfin avec la pureté du ciel. Les besoins de mon ame me firent trouver une utile comparaison dans ces images des cieux. Dès que nous disons du cœur: Ta volonté soit faite; dès que nous attendons sans résistance le Saint-Esprit, de

moment en moment nous entrons dans l'attraction de ce soleil de justice, qui porte la santé dans ses rayons; et quelles que soient les ténèbres grossières de notre ame, elles sont dissipées par la lumière divine qui nous pénètre de plus en plus, tant que nous restons tournés vers l'orient d'en haut. Depuis quelques mois j'ai éprouvé plus de liberté d'aller, d'agir et de parler pour le service du Seigneur, soit dans des visites ou des entretiens, soit dans nos réunions publiques. Grâces te soient rendues, ô Dieu! de ce que tu avances ton règne chez de nouveaux disciples, et de ce que tu daignes m'y employer. Fais que renonçant à ma volonté, je suive aussi promptement l'impulsion de ton Saint-Esprit, qu'une feuille détachée suit le vent qui l'emporte.

22 septembre.

Je me suis demandé aujourd'hui, qu'est-ce que c'est que de pécher? C'est désobéir à la volonté de Dieu. Comment ceux qui croient, péchent-ils encore? C'est en sortant de la présence de Dieu, en se séparant de la communion avec lui, en oubliant ce qui les attire à lui. Tant qu'ils croient, qu'ils regardent, et se confient au Dieu Sauveur, aucun péché ne peut leur être imputé. Ils peuvent commettre des erreurs par défaut d'intelligence ou de présence de facultés, mais pendant que leur cœur se tient attaché à Jésus, s'appuyant sur lui par la foi, ils peuvent s'appliquer ces paroles: Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en

Jésus-Christ, lesquels ne marchent point selon la chair, mais selon l'esprit (Rom. vIII, 1).

La volonté étant toujours fixée au pied de la croix, il ne nous reste à désirer que d'avoir une attention continuelle au Saint-Esprit. Par ce moyen, toutes les erreurs seront bientôt corrigées. Ma seule affaire doit être donc de me regarder dans la présence de Dieu, comme une argile entre ses mains, et il me donnera la forme de son choix.

50 septembre.

Il m'a semblé depuis quelque temps qu'il est de notre devoir d'essayer d'amener à la connaissance de la vérité vingt-huit familles qui habitent à l'autre extrémité de notre commune. Bien qu'elles aient entendu de bons prédicateurs et qu'elles aient assisté à quelques réunions de prières, néanmoins elles paraissent être encore dans la profondeur des ténèbres. Après avoir prié pour méditer sur notre entreprise et lui procurer la bénédiction du Seigneur, Sally et moi nous partîmes avec le désir de visiter autant de ces familles que mes forces me le permettraient. Nous avons trouvé l'assistance de la Providence sur toute notre route. Chacune des quinze personnes que j'ai invitées cette première fois m'a promis de venir en classe chez moi. Nous avons aussi visité d'autres personnes, mais je n'ai pas encore jugé à propos de les y inviter. Il nous reste d'autres familles à voir, J'ai indiqué les mardis matins pour ces nouvelles réunions; je demande à Dieu de les bénir à cette

occasion. J'ai eu beaucoup de satisfaction en rencontrant des personnes âgées auxquelles mon mari bien-aimé avait donné des avis charitables et infructueux dans le moment, mais qui commencent maintenant à sentir leur état de misère et à chercher la lumière du salut dans nos réunions publiques.

8 octobre.

Les pensées suivantes ont été aujourd'hui pour moi une occasion de bénédictions. Il y a sur la terre parmi les hommes une diversité presque infinie de dons, de talens, de connaissances, d'inclinations, etc. L'échelle de l'humanité s'élève, par des degrés innombrables, de l'homme le plus ignorant jusqu'à l'homme le plus instruit. La progression des esprits continuera sans doute dans la vie à venir, en suivant les rapports essentiels des ames avec Dieu. Ainsi les progrès que Dieu nous aura fait faire ici-bas dans la vérité et la vertu, établiront le point de départ plus ou moins avancé où commencera notre progression dans l'éternité, ou bien le degré de ces progrès déterminera la place que nous y occuperons. «Quel puissant motif pour nous exciter à croître continuellement, et dans la connaissance, et dans l'amour!» Le juge de tous rendra à chacun selon toutes ses œuvres (II. Chron. vi, 30); selon l'usage qu'il aura fait des dons qu'il a reçus. Car on donnera à celui qui a déjà, et il aura encore d'avantage (Matthieu XIII, 12).

Il s'ensuit donc que le degré de perfectionnement acquis dans cette vie décidera du degré, soit de bonheur, soit de facultés dont chaque individu jouira dans la vie à venir. Certainement les degrés de félicité et de gloire seront aussi divers qu'auront été ceux de sainteté : c'est pourquoi il nous semble permis de supposer qu'il y aura une progression éternelle d'un degré de perfection à un autre. Un degré de sainteté acquis conduira à un autre degré d'avancement, et puisque la distance entre les êtres créés et le Créateur est infinie, les créatures tendront toujours à la perfection suprême, sans jamais y atteindre, bien qu'en jouissance continuelle d'un perfectionnement sans fin.

12 novembre.

Depuis quelques jours mon ame a été fatiguéc par des tentations extraordinaires. J'ai obtenu cependant la force de ne pas m'arrêter aux suggestions et contestations de l'ennemi. J'ai essayé de passer rapidement à travers les mauvaises pensées qui m'assaillaient en me réfugiant au moment même vers le Seigneur. Oh! que c'est une chose importante de ne pas se laisser arrêter par une seule mauvaise pensée; la moindre interruption de la vue de Dieu, de la recherche de sa volonté, suffit pour ouvrir l'accès de l'ame au tentateur. Cette épreuve m'a paru surprenante. Ah! ce n'est pas seulement contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais c'est contre les principautés des ténèbres de ce siècle et contre

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