Page images
PDF
EPUB

pressentiment qu'il m'en avait donné dès le commencement, m'a accordé non-seulement tout l'argent qui m'était nécessaire, mais même un riche secours, pour que je pusse soulager ceux qui m'entouraient.

CHAPITRE V.

Son expérience religieuse à Madeley.

3 décembre 1785.

HIER au soir je reçus une impression particulière de cette parole: Ton mari est celui qui t'a faite; l'Éternel des armées est son nom (Ésaïe LIV,

5). Je découvris dans cette pensée une profondeur et une douceur ineffables, et dans ce moment ces vers me revinrent à l'esprit :

[ocr errors][merged small]

Je sentis que toutes choses sont possibles à la foi persévérante; cependant, au milieu de ces belles

pensées, une ancienne tentation se représenta à mon esprit en ces termes : « Tu n'es pas dans la joie ; et le proverbe dit aussi : Plus de sainteté que de joie. » Mon esprit, faible et attristé à cette idée, se troublait de n'être pas dans la joie. Ensuite je pensai que d'autres personnes ont la foi, parce qu'une volonté toute puissante la leur donne; mais, dans ce moment, il me semble que je croyais parce que je voulais croire. Toutefois je me dis: n'est-ce pas là le chemin de la foi à travers les tentations? Ne dois-je pas me confier à Jésus et me tenir serrée sous l'abri de sa croix au milieu des orages? J'invoquai le Seigneur, et je me rappelai la foi d'Abraham si constante dans son attente, aussi bien que les paroles précieuses de notre Sauveur: Bienheureux sont ceux qui n'ont point vu et qui ont cru (Jean xx, 27). Mais le Seigneur a laissé encore le poids de l'abattement retomber sur mon ame. J'allai me coucher tristement tout en faisant des efforts pour maintenir l'espérance qui n'a point de doute ni de défiance sur la promesse de Dieu, mais qui donne gloire à Dieu par la foi (Rom. Iv, 20).

Je songeai cette nuit-là que je me trouvais dans une chambre avec Sally, et que je regardais la toile d'un tableau sur lequel je vis peinte une petite brebis se couchant; il n'y avait aucune autre peinture. Je dis à mon amie : Sally, regardez ce tableau, mon bienaimé y écrira ce que le Seigneur dit afin que je puisse le lire. Ensuite je vis paraître lettre après lettre, et comme écrit sans main, ce verset des Psaumes : Celui qui se tient dans la demeure du Souverain se

loge à l'ombre du Tout-Puissant (Ps. xc1, 1). Je sentis à cette vue une augmentation de foi, et je pensai que le meilleur moyen de retrouver la confiance était de continuer tranquillement mon chemin avec prière et résignation, quelles que fussent les tentations. Je dormais encore en réfléchissant ainsi, lorsque j'entendis répéter ces paroles par la voix de mon bien-aimé, comme s'il eût été près de moi: «Chantez, habitans des Cieux, saints du Très-Haut, notre Dieu qui garde son droit sur ses enfans, règne d'éternité en éternité ! » Je me réveillai fortifiée par cette voix chérie que j'aurais reconnue entre mille autres, et par la douce leçon du Seigneur. Elle m'a rappelé que nous ne reconnaissons les droits de notre Dieu que lorsque nous remettons entre ses mains, avec une parfaite soumission, toutes nos affaires soit temporelles, soit spirituelles, et que, comme un petit enfant, nous apprenons à rester tranquilles devant lui en nous reposant par la foi sur sa miséricorde. Je vois combien la ruse de Satan m'a agitée durant mes épreuves; hélas! mon état actuel est loin de la joie spirituelle; je pleure toujours ma perte. Je suis encore comme une brebis toute seule au désert; et, dans ma mélancolie, je suis en butte aux dards enflammés du malin (Éph. vi, 16). Ma santé est altérée, mes nerfs mauvais, et des affaires pénibles multiplient mes ennuis. Mais le Seigneur m'a montré aujourd'hui que je ne devais pas regarder la joie qu'il accorde souvent à ses enfans comme une condition nécessaire de la sanctification, mais que je dois m'assurer de ma

foi par une prompte soumission et par une résignation paisible à sa volonté, et m'attacher fortement à la promesse qu'aucun de ceux qui se confient en lui ne périra (Ps. XXXIV, 23). Il m'a enseigné que mon unique soin doit être d'éprouver si je demeure au pied de la croix, et pour tout le reste de me tenir tranquille entre ses mains comme l'argile dans la main d'un potier (Jér. xvIII, 6).

6 février 1786.

le

Mon ame s'attend au Seigneur. Je crois qu'il me prépare à voir sa présence sans nuage! J'ai demandé la sainteté et j'ai senti qu'il m'exauçait en partie. Il me tient; je sais que quiconque demeure en lui ne péche point (I. Jean 111, 6). Mon ame en regardant Jésus par la foi ne sent pas de péché; toutefois mon affliction est profonde. Aucune chose du monde présent ne m'offre de tentation. Il me semble que monde m'est crucifié, et moi au monde (Gal, vi, 14). Mais je suis quelquefois tentée par des terreurs qui me surprennent soudainement; et mes nerfs affaiblis par des souffrances physiques et morales, laissent un accès plus facile à la tentation. D'autres fois le Seigneur Jésus me donne de telles vues de sa fidélité et de sa toute-puissance pour me sauver, que par moment il m'affranchit de ma tristesse; mais pour être entièrement délivrée de ces faiblesses, il me faudrait recevoir un baptême du Saint-Esprit, tel que celui qui descendit sur les Apôtres au jour de la

« PreviousContinue »