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ce genre, sculptée par Phidias, ou sur ses dessins, dans la grande frise du temple de Minerve à Athènes : elle est représentée dans Stuart, au Commencement du volume II.

(7) Cette ile portait de petits chiens fort estimés. (La Bruyère. ) Le grec dit : « il lui dresse un monument et un cippe sur lequel il fait « graver, etc. >>

(8) La Bruyère et tous ceux qui ont séparé ce trait du précédent n'ont pas fait attention que le grec ne parle pas de parfums extraordinaires, et que se frotter d'huile tous les jours n'était pas un effet de la vanité à Athènes, mais un usage ordinaire. (Voyez chap. v, note 4.) Par cette raison, et d'après le manuscrit du Vatican, il faut traduire : « II sus«<pend un anneau dans le temple d'Esculape, et l'use à force d'y sus« pendre des fleurs et d'y verser de l'huile. » D'après M. Schneider, cet anneau était apparemment de la classe de ceux auxquels on attribuait des vertus médicales, et c'est par reconnaissance de quelque guérison que le vaniteux le suspend. Les couronnes de fleurs renouvelées souvent rappellent ce vers de Virgile, Æneid. 1, 416:

Thure calent aræ, sertisque recentibus halant.

(9) La Bruyère a beaucoup altéré ce trait. Le grec porte: « Il intri«gue auprès des prytanes pour que ce soit lui que l'on charge d'an<< noncer au peuple le résultat des sacrifices; alors, revêtu d'un habit magnifique, et portant une couronne sur la tête, il dit avec emphase: O citoyens d'Athènes, nous, les prytanes, avons sacrifié à la mère « des dieux; le sacrifice a été bien reçu, et il est d'un heureux pré« sage; recevez-en les fruits, etc. » (Voyez sur les prytanes la table III, ajoutée au Voyage d'Anacharsis, et le chap. XIV du corps de l'ouvrage.) Les sacrifices que les présidents des prytanes faisaient trois ou quatre fois par mois s'adressaient à différentes divinités; il se peut que l'abréviateur ou les copistes aient omis quelques noms; peut-être aussi s'agit-il d'un sacrifice à Vesta, dont le culte était confié particulièrement à ces magistrats, et qui a été confondue plusieurs fois par les anciens avec Cybèle. (Voyez la dissertation de Spanheim dans le cinquième volume du Trésor de Grævius.)

CHAPITRE XXII.

De l'avarice.

Ce vice est dans l'homme un oubli de l'honneur et de la gloire, quand il s'agit d'éviter la moindre dépense. Si un tel homme a remporté le prix de la tragédie (1), il consacre à Bacchus des guirlandes ou des bandelettes faites d'écorce de bois (2), et il fait graver son nom sur un présent si magnifique. Quelquefois, dans les temps difficiles, le peuple est obligé de s'assembler pour régler une contribution capable de subvenir

aux besoins de la république ; alors il se lève et garde le silence (3), ou le plus souvent il fend la presse et se retire. Lorsqu'il marie sa fille, et qu'il sacrifie, selon la coutume, il n'abandonne de la victime que les parties seules qui doivent être brûlées sur l'autel (4); il réserve les autres pour les vendre; et comme il manque de domestiques pour servir à table et être chargés du soin des noces (5), il loue des gens pour tout le temps de la fête, qui se nourrissent à leurs dépens, et à qui il donne une certaine somme. S'il est capitaine de galère, voulant ménager son lit, il se contente de coucher indifféremment avec les autres sur de la natte qu'il emprunte de son pilote (6). Vous verrez une autre fois cet homme sordide acheter en plein marché des viandes cuites, toutes sortes d'herbes, et les porter hardiment dans son sein et sous sa robe s'il l'a un jour envoyée chez le teinturier pour la détacher, comme il n'en a pas une seconde pour sortir, il est obligé de garder la chambre. Il sait éviter dans la place la rencontre d'un ami pauvre qui pourrait lui demander, comme aux autres, quelque secours (7); il se détourne de lui, et reprend le chemin de sa maison. Il ne donne point de servantes à sa femme (8), content de lui en louer quelques-unes pour l'accompagner à la ville toutes les fois qu'elle sort. Enfin ne pensez pas que ce soit un autre que lui qui balaye le matin sa chambre, qui fasse son lit et le nettoie. Il faut ajouter qu'il porte un manteau usé, sale, et tout couvert de taches; qu'en ayant honte lui-même, il le retourne quand il est obligé d'aller tenir sa place dans quelque assemblée (9).

:

NOTES.

(1) Qu'il a faite ou récitée. (La Bruyère.) Ou plutôt, qu'il a fait jouer par des comédiens nourris et instruits à ses frais. (Voyez le Caractère de la Magnificence, selon Aristote; Moral. ad Nicom. liv. IV, chap. II: il sera intéressant de le comparer avec ce chapitre.

(2) Le texte dit simplement : « il consacre à Bacchus une couronne de « bois, sur laquelle il fait graver son nom. >>

(3) Ceux qui voulaient donner se levaient et offraient une somme ceux

qui ne voulaient rien donner se levaient, et se taisaient. (La Bruyère.) Voyez le chap. LVI du Jeune Anacharsis.

(4) C'étaient les cuisses et les intestins. (La Bruyère.) On partageait la victime entre les dieux, les prêtres, et ceux qui l'avaient présentée. La portion des dieux était brûlée, celle des prètres faisait partie de leur revenu, et la troisième servait à un festin ou à des présents donnés par celui qui avait sacrifié.!(Voyage du jeune Anacharsis, chap. xxi.)

(5) Cette raison est ajoutée par le traducteur. Le grec dit seulement : « Il oblige les gens qu'il loue pour servir pendant les noces, à se nourrir «< chez eux. » Les noces des Athéniens étaient des fêtes très-magnifiques; et on ne pouvait pas reprocher à un homme de n'avoir pas assez de domestiques pour servir dans cette occasion; mais c'était une lésinerie que de ne pas nourrir ceux qu'on louait.

(6) Le grec dit : « S'il commande une galère qu'il a fournie à l'État; il fait étendre les couvertures du pilote sous le pont, et met les siennes << en réserve. >> Les citoyens d'Athènes étaient obligés d'équiper un nombre de galères proportionné à l'état de leur fortune. (Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, chap. LVI.) Les triérarques avaient un cabinet particulier nommé la tente; mais cet avare aime mieux coucher avec l'équipage, sous ce morceau de tillac qui se trouvait entre les deux tours. (V. Pollux, I, 90.) Dans les galères modernes, les chevaliers de Malte avaient, comme les triérarques d'Athènes, un tendelet; et le capitaine couchait, comme ici le pilote, sous un bout de pont ou de tillac qui s'ap pelait la teuque.

Le manuscrit du Vatican ajoute : « Il est capable de ne pas envoyer «< ses enfants à l'école vers le temps où il est d'usage de faire des présents << au maître, mais de dire qu'ils sont malades, afin de s'épargner cette déK pense. »

(7) Par forme de contribution. Voyez les chapitres de la Dissimulation et de l'Esprit chagrin. (La Bruyère.) (Voyez chap. 1, note 3, et chap. xvII, note 6.) Le manuscrit du Vatican ajoute au commencement de cette phrase, «< s'il est prévenu que cet ami fait une collecte; » et à la fin, « et rentre chez lui par un grand détour. »

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(8) Le manuscrit du Vatican ajoute, « qui lui a porté une dot considérable; » et continue, « mais il loue une jeune fille pour la suivre dans ses sorties » car je crois que c'est ainsi qu'il faut corriger et entendre ce texte. Le passage de Pollux que j'ai cité au chap. 11, note 6, s'oppose à la manière dont M. Schneider a voulu y suppléer : il est bien plus simple de lire, èx twv yuvaixeíwv лαιdíшv, et c'est un trait d'avarice de plus de ne louer qu'une femme. Cette conjecture ingénieuse est de M. Visconti. Le manuscrit du Vatican ajoute encore : « Il porte des souliers « raccommodés et à double semelle, et s'en vante en disant qu'ils sont « aussi durs que de la corne. » (Voyez chap. IV, note 2.)

(9) Ce dernier trait est tout à fait altéré par cette traduction, et il me semble qu'aucun éditeur n'en a encore saisi le véritable sens. Le grec dit: << Pour s'asseoir, il roule le vieux manteau qu'il porte lui-même; » c'està-dire, au lieu de se faire suivre par un eselave qui porte un pliant, comme c'était l'usage des riches (voyez Aristophane, in Equit., v. 1381 et suiv., et Hésych. in Oklad.), il épargne cette dépense en s'asseyant sur son vieux manteau.

CHAPITRE XXIII.

De l'ostentation.

Je n'estime pas que l'on puisse donner une idée plus juste de l'ostentation, qu'en disant que c'est dans l'homme une passion de faire montre d'un bien ou des avantages qu'il n'a pas. Celui en qui elle domine s'arrête dans l'endroit du Pirée (1) où les marchands étalent, et se trouve un plus grand nombre d'étrangers; il entre en matière avec eux, il leur dit qu'il a beaucoup d'argent sur la mer; il discourt avec eux des avantages de ce commerce, des gains immenses qu'il y a à espérer pour ceux qui y entrent, et de ceux surtout que lui qui leur parle y a faits (2). Il aborde dans un voyage le premier qu'il trouve sur son chemin, lui fait compagnie, et lui dit bientôt qu'il a servi sous Alexandre (8), quels beaux vases et tout enrichis de pierreries il a rapportés de l'Asie, quels excellents ouvriers s'y rencontrent, et combien ceux de l'Europe leur sont inférieurs (4). Il se vante dans une autre occasion d'une lettre qu'il a reçue d'Antipater (5), qui apprend que lui troisième est entré dans la Macédoine. Il dit une autre fois que, bien que les magistrats lui aient permis tels transports de bois (6) qu'il lui plairait sans payer de tribut, pour éviter néanmoins l'envie du peuple, il n'a point voulu user de ce privilége. Il ajoute que, pendant une grande cherté de vivres, il a distribué aux pauvres citoyens d'Athènes jusques à la somme de cinq talents (7); et, s'il parle à des gens qu'il ne connaît point, et dont il n'est pas mieux connu, il leur fait prendre des jetons, compter le nombre de ceux à qui il a fait ces largesses; et quoiqu'il monte à plus de six cents personnes, il leur donne à tous des noms convenables; et après avoir supputé les sommes particulières qu'il a données à chacun d'eux, il se trouve qu'il en résulte le double de ce qu'il pensait, et que dix talents y sont employés, sans compter, poursuit-il, les galères que j'ai armées à mes dépens, et les

charges publiques que j'ai exercées à mes frais et sans récom pense (8). Cet homme fastueux va chez un fameux marchand de chevaux, fait sortir de l'écurie les plus beaux et les meilleurs, fait ses offres, comme s'il voulait les acheter. De même il visite les foires les plus célèbres (9)', entre sous les tentes des marchands, se fait déployer une riche robe, et qui vaut jusqu'à deux talents; et il sort en querellant son valet de ce qu'il ose le suivre sans porter de l'or sur lui pour les besoins où l'on se trouve (10). Enfin, s'il habite une maison dont il paye le loyer, il dit hardiment à quelqu'un qui l'ignore que c'est une maison de famille, et qu'il a héritée de son père; mais qu'il veut s'en défaire, seulement parce qu'elle est trop petite pour le grand nombre d'étrangers qu'il retire chez lui (11).

NOTES.

(1) Port à Athènes, fort célèbre (La Bruyère.) Le traducteur a exprimé par cette phrase une correction de Casaubon que peut-être le texte n'exigeait point; le mot que donnent les manuscrits signifie la langue de terre qui joint la péninsule du Pirée au continent, et qui servait de promenade aux Athéniens.

(2) Le manuscrit du Vatican ajoute, « et des pertes; » et continue : « el « en se vantant ainsi, il envoie son esclave à un comptoir où il n'a qu'une « drachme à toucher. >>

(3) Tous les manuscrits portent Évandre, nom que l'on ne trouve point dans l'histoire de ce temps. Le manuscrit du Vatican ajoute, « et comment il était avec lui. »

(4) C'était contre l'opinion commune de toute la Grèce. (La Bruyère.) Cependant on faisait venir de l'Asie plusieurs articles de manufactures (voyez le Voyage du jeune Anacharsis, chap. xx et Lv); et ce n'est que dans les beaux-arts que les Grecs paraissent avoir eu une supériorité exclusive.

(5) L'un des capitaines d'Alexandre le Grand, et dont la famille régna quelque temps dans la Macédoine. (La Bruyère.) (Voyez chap.vIII, note 6. Dans le reste de la phrase il faut, je crois, adopter la correction d'Auber, et traduire, « qu'il est arrivé dans la Macédoine en trois jours, » ou peut-être depuis trois jours. »

(6) Parce que les pins, les cyprès, et tout autre bois propre à construire des vaisseaux, étaient rares dans le pays attique, l'on n'en permettait le transport en d'autres pays qu'en payant un fort gros tribut. (La Bruyère.) Je crois, avec M. Coray, que ce trait a rapport à celui qui précède, et qu'il faut traduire : « et que, ce prince lui ayant voulu permettre d'ex

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