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ger 90 malades traités par les injections hypodermiques de sublimé.

:

Outre la longue durée du traitement, les auteurs précédents signalent les inconvénients et même les dangers de la nouvelle méthode. Ce sont les douleurs souvent vives et persistantes, les noyaux d'induration et les abcès dont la guérison exige plusieurs semaines; les troubles digestifs, les stomatites fréquentes, les diarrhées. Si bien que Stöhr conclut en disant l'emploi des injections souscutanées est la méthode de traitement de la syphilis la plus surfaite et la moins praticable qu'on ait proposée, opinion confirmée par Uhlemann (1), Rosenthal (2), Kolner (3), Sigmund (4), qui, après avoir expérimenté plus ou moins largement la méthode, s'accordent à la repousser.

On peut juger par ce court exposé historique les contradictions soulevées de toutes parts au sujet de la valeur vraie des injections hypodermiques de sublimé dans le traitement de la syphilis, et l'on comprendra dès lors l'importance d'études comparatives du genre de celle que M. Spillmann a entreprise.

Notre confrère a traité par les injections hypodermiques de sublimé 42 malades, et a fait usage tantôt de la formule donnée par Liégeois, tantôt de celle adoptée par Staub, de manière à injecter chaque jour 5 milligrammes de sublimé.

Localement, M. Spillmann n'a jamais observé d'abcès, mais il a constaté la formation de nodosités, d'empâtements du tissu cellulaire, douloureux et longs à disparaître.

Comme accidents généraux, il signale la douleur, la syncope, la salivation, la dyspepsie et la céphalée accompagnée de vertige. D'où cette première conclusion que le traitement par les injec

(1) Wien. med. Presse, 1869.

(2) Militär artzl. Zeitung, 1869.

(3) Archiv für Dermatol, und Syphil., 1869.

(4) Med. Presse, 1870, no 51 et 52, et 1871, no 12.

tions est moins innocent que la médication interne et que les frictions, et qu'il est surtout pénible pour les malades.

Mais, du moins, son action est-elle plus sûre et plus rapide que les autres modes de traitement? C'est ce que va nous apprendre la statistique de M. Spillmann.

Les 42 malades qu'il a soumis aux injections de sublimé se répartissent en deux catégories : la première comprend 36 malades, dont 29 étaient atteints d'accidents de première poussée et 7 de poussées ultérieures; la seconde comprend 6 malades ayant déjà subi un traitement antérieur, soit par les frictions, soit par la médication interne.

Parmi les 29 cas de poussée primitive, il y a 10 insuccès, quoique les injections aient été continuées avec persévérance pendant deux et trois mois. Chez 2 malades, d'ailleurs, les injections ont dû être abandonnées à cause des douleurs et de la salivation.

Parmi les 7 malades atteints de poussées ultérieures, il y a 4 succès et 3 insuccès, dus à la nécessité d'interrompre les injections en présence de protestations énergiques des malades.

Enfin, sur les 6 malades qui avaient été soumis à un traitement antérieur, on compte 5 succès et 1 insuccès complet.

En résumé donc sur les 42 malades traités par les injections hypodermiques, il y a eu 14 insuccès complets.

Relativement à la durée du traitement dans les cas heureux, on trouve qu'elle a été en moyenne de quarante-huit jours, résultat supérieur à celui de la médication interne (soixante-cinq jours), mais inférieur à celui qui est fourni par les frictions (quarante jours).

Il resterait encore à examiner la question des récidives après les injections hypodermiques. Mais nous avons montré que la solution de cette question était impossible avec les statistiques ordinaires ; aussi M. Spillmann n'a pas la prétention de l'élucider, et il explique parfaitement que si les récidives paraissent moins fréquentes après

le traitement par les injections, ce résultat est de nulle valeur et tient principalement à ce que ce mode de traitement est à peine usité dans les hôpitaux militaires.

En résumé, il résulte des recherches personnelles de M. Spillmann que les injections de sublimé, sans avoir aucune supériorité sur les autres modes de traitement de la syphilis, déterminent des accidents locaux et généraux plus fréquents et plus graves. S'ensuit-il que l'on doive, selon la dernière conclusion de M. Spillmann, abandon— ner complétement la méthode? Je ne le pense pas, et j'estime que cette proscription doit être légèrement atténuée. Il est bon d'avoir montré les inconvénients, les dangers même de la méthode qui empêcheront de la rendre d'un usage journalier; mais les injections hypodermiques de sublimé n'en constituent pas moins une ressource thérapeutique qui n'est pas à dédaigner et qui pourra être utilement mise à profit dans quelques cas où les autres médications auront échoué ou bien ne pourront être employées pour une raison quel

conque.

En terminant ici, messieurs, l'exposé des recherches de M. Spillmann, recherches basées sur un total de 109 observations, je crois pouvoir vous proposer :

1° De renvoyer son mémoire au comité de publication;

2o Selon le vœu émis par l'auteur, d'inscrire le nom de M. Spillmann sur la liste des candidats au titre de membre correspondant de la Société de chirurgie.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE SEPTIÈME VOLUME

PARTIE HISTORIQUE

Notice sur la vie et les ouvrages du docteur Bauchet, par M. LEGOUEST. . . .
Notice sur la vie et les ouvrages du docteur Morel-Lavallée, par M. Legouest.
Éloge de Velpeau, par M. ULYSSE TRÉLAT..

Éloge de Louis-Marie Michon, par M. le docteur FÉLIX GUYON..
Éloge de Paul-Louis-Benoist Guersant, par M. le docteur FELIX GUYON..
Éloge de C.-P. Denonvilliers, par M. le docteur FÉLIX GUYON.

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I

VII

XVII

XXXIX

LVII

LXIX

MÉMOIRES

Observations de cancer ostéoïde du sein, remarques sur les tumeurs de cette nature
par M. le docteur A. HEURTAUX.

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1

Étude sur la trépanation du crâne dans les lésions traumatiques de la tête, par

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Étude sur les suites immédiates ou éloignées des lésions traumatiques des nerfs,
par M. V. PAULET.

169

Mémoire sur le sperme dans les maladies, par M. LIÉGEOIS.

217

De la valeur relative des amputations sous-astragalienne, tibio-tarsienne et sus-
malléolaire, par M. CHAUVEL. Concours pour le prix Laborie, 1869.
Du traitement des fistules vésico-vaginales, par M. HERGOTT.
Ulcération de l'artère fémoralé ayant nécessité la ligature de l'iliaque externe, par
M. CH. PERIER...

291

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483

569

Rapport sur le travail de M. Ch. Périer, par M. A. LE DENTU..
Le galvano-cautère appliqué à la trachéotomie chez l'adulte, par M. le docteur
KRISHABER..

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DE

MICHON ET GUERSANT

PRONONCÉS LE 8 JANVIER 1873

A LA SÉANCE ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE

Par le D' FÉLIX GUYON
Secrétaire général

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Messieurs,

Vous venez d'entendre l'exposé de vos travaux de l'année et de jeter en arrière un regard sur ce qui est déjà le passé. Vos fondateurs ont voulu que, dans cette même séance où vous faites un moment diversion à vos occupations ordinaires, nos souvenirs se reportent plus loin encore, et que ceux qui ne sont plus, ramenés un moment au milieu de vous, fussent pour ainsi dire présents à vos fêtes de famille. Leurs noms se pressent sur vos lèvres; depuis Marjolin et Auguste Bérard, que vous avez perdus dès les premières années de la fondation de la Société de chirurgie, jusqu'au chirurgien éminent qui, cette année, a disparu de nos rangs, le professeur Denonvilliers, combien de vides et combien de souvenirs!

Michon et Guersant, dont nous allons aujourd'hui retracer la vie, faisaient partie de ce groupe de chirurgiens ardents à bien faire, qui, unis dans la même pensée, fondèrent la Société de chirurgie. Il suffira, selon les heureuses expressions du maître dont nous venons de vous rappeler la perte douloureuse, de dire simplement ce qu'ils furent et ce qu'ils firent, pour réveiller l'affection de ceux qui les ont connus et la faire naître dans le cœur des autres.

T. VIII.

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