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les plus distingués de la Société des Antiquaires de l'Ouest, M. René Valette. Nous remarquons parmi les noms des collaborateurs ceux de M. Anatole de Barthélemy, membre de l'Institut; de M. Louis Audiat, de Ms Barbier de Montault, de MM. Beauchet-Filleau, Berthelé, Edmond Biré, du savant Bénédictin de Ligugé dom Chamard, du R. P. de la Croix, qu'il suffit de nommer, du R. P. Ingold, de l'Oratoire, de MM. Régis de l'Estourbeillon et Georges Musset.

comme à ses

Nous souhaitons à la Revue du Bas-Poitou deux sœurs aînées un heureux et long avenir. Il est à désirer que les membres du clergé prêtent un concours actif aux recueils de ce genre, qui peuvent offrir à leurs recherches d'histoire locale une utile publicité. Ces recueils, selon nous, pourvu qu'ils s'appliquent à cultiver et à propager les saines méthodes, objet auquel ils doivent particulièrement s'attacher, sont de nature à contribuer très efficacement, étant donné leur caractère scientifique et littéraire, qui les élève au-dessus des misérables querelles de la politique courante, au relèvement de l'esprit public par les grandes leçons de l'histoire, et par conséquent à la restauration intellectuelle de la Patrie.

PÉLERINAGE AU CALVAIRE DE PONTCHATEAU. Un grand pélerinage auquel ont assisté Nosseigneurs Richard, archevêque de Paris, Le Coq, évêque de Nantes, Laborde, évêque de Blois, etc., etc., a eu lieu à Pontchâteau, au Calvaire du bienheureux Grignon de Montfort, si souvent témoin de ses missions évangéliques. Près de 50 000 pélerins partis de tous les points de la Bretagne et en particulier du Comté nantais se sont faits un devoir de venir en cette belle fêle honorer le Bienheureux et pendant de longues heures, toutes nos routes ont retenti des pieux cantiques du vaillant apôtre.

INAUGURATION DE LA STATUE DE GUÉPIN A PONTIVY. La ville de Pontivy a inauguré le 8 septembre, sur la place.

du Marché, transformée sur la proposition d'un Mesureur du crû, en place de l'Egalité, la statue en bronze du docteur Ange Guépin, œuvre d'un sculpteur breton M. Léofanti, gracieusement offerte à la municipalité par l'Association bretonne-angevine. Guépin est debout, la tête aux longs cheveux un peu renversée en arrière, drapé dans une ample redingote. La main droite, dans une pose familière, disparaît sous la redingote et s'appuie sur le cœur. La main gauche est tendue en avant. Le sculpteur a bien fait revivre la physionomie expressive et énergique du savant. Sur le piédestal de granit, on lit d'un côté :

DOCTEUR GUÉPIN

Aux plus deshérités le plus d'amour

Aimer, respecter le travail, pratiquer la vertu.

De l'autre côté :

Né à Pontivy, le 12 fructidor an XIII

Décédé à Nantes, le 21 mai 1873.

Un bas-relief représente le docteur Guépin pratiquant l'opération de la cataracte.

Pendant la plus grande partie de sa vie, M. Guépin s'adonna à l'étude et à la pratique de la médecine. Sa réputation, comme oculiste, était bien connue dans l'Ouest, où son zèle et son dévouement professionnels étaient partout hautement estimés. « Cette statue, disait le 25 août 1884, M. le baron « de Lareinty au Conseil général de la Loire-Inférieure, sera le souvenir consacré à un homme de bien qui fut notre collègue, celui qui, sans fortune, lorsque vous lui demandiez «< un service, ne demandait jamais à quel parti vous appar<<< teniez. >>

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Malheureusement, ce côté de l'existence de Guépin a été à peu près mis à l'écart par les orateurs qui se sont évertués a célébrer en lui le décoré de Juillet, le commissaire du gouvernement provisoire, d'abord dans la Loire-Inférieure (fin

février 14 mars 1848) puis dans le Morbihan avec Guérin, son collaborateur de la Vigie du Morbihan, le conseiller général républicain, le candidat malheureux aux élections légisde 1848 et de 1869, le préfet du 4 septembre dans la LoireInférieure, et le franc-maçon. Cette incursion dans le domaine politique a même produit d'étonnantes erreurs historiques M. Jules Simon qui a dû connaître Guépin pendant de longues années, l'a fait révoquer par le Prince-Président et lui a fait honneur de la majorité donnée par le Morbihan au général Cavaignac le 10 décembre 1848, tandis que Guépin fut révoqué par Cavaignac sur la proposition de Sénart, ministre de l'intérieur, le 10 juillet 1848, et quitta immédiatement le département. M. Hippolyte Maze, ancien professeur d'histoire. sénateur de Seine-et-Oise, l'a transformé en préfet de 1849! M. Lechat, ancien maire de Nantes, a rappelé le rôle de Guépin pendant la guerre, en oubliant les fameuses dédépêches dans lesquelles Guépin, accueillant sans contrôle les plus invraisemblables nouvelles, signalait au Gouvernement les voitures mystérieuses circulant la nuit, traînées par des chevaux aux pieds garnis de caoutchouc, emportant des conspirateurs, de la poudre ou des armes et cet odieux telégramme dans lequel il traitait de « Prussiens » les paysans. M. Renan, qui n'avait pas pris la parole à l'inauguration, a décerné au banquet un brevet de sainteté au docteur francmaçon. Guépin, qui eut au moins le mérite de rester fidèle toute sa vie aux convictions politiques de sa jeunesse, ne méritait pas l'outrage des éloges imposés de Renan.

La

INAUGURATION DE LA STATUE DE BRIZEUX A LORIENT. ville de Lorient a inauguré le 9 septembre la statue élevée à Brizeux par ses admirateurs et ses amis. La statue, œuvre d'un Breton, Pierre Ogée, se dresse dans le square de Cherbourg, au sommet d'un amas de rochers sur l'un desquels le sculpteur Lorientais, Nayel, a ébauché l'image de Marie. Le poëte, drapé dans une grande redingote qui, DOCUMENTS. - IV ANNÉE, 5o LIV. 16

T. IV.

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vue du dos ressemble trop à un peignoir, est assis, dans une atitude familière, les jambes croisées et les mains jointes. La tête est fine, spirituelle et jeune. Comme à Pontivy, les organisateurs avaient eu le tort de placer comme président d'honneur, à côté de M. Jules Simon, M. Ernest Renan dont la présence semblait une injure au poëte qui a chanté avec tant de respect et d'amour les pieuses croyances de la Bretagne.

« Oui, nous sommes encore la race d'Armorique
« La race courageuse et pourtant pacifique!

Comme au jour primitif. La race aux longs cheveux,
«Que rien ne peut dompter quand elle a dit je veux.
◄ Nous avons un cœur franc pour détester les traîtres,
Nous adorons Jésus, le Dieu de nos ancêtres.

<< Les chansons d'autrefois, toujours nous les chantons :
<< Oh! nous ne sommes pas les derniers des Bretons!

« Le vieux sang de tes fils coule encore dans nos veines,
« O terre de granit, recouverte de chênes !'

M. Eugène Manuel, délégué du ministre de l'instruction publique, a rappelé le souvenir de l'abandon dans lequel fut laissée, il y a vingt ans, la tombe du poëte au cimetière de Carmel et a étudié l'œuvre de Brizeux. M. Ernest Renan dans une causerie où l'exquise élégance de la forme ne sert qu'à mieux faire ressortir l'inpanité de la pensée, a félicité la ville de Lorient qui a créé là une oasis au milieu du désert de la vie moderne, un un lieu de recueillement et de rêverie, un symbole de rappel aux choses du cœur et de l'esprit. M. Jules Simon s'est surtout attaché à montrer l'œuvre du poëte de la Bretagne, qu'il a si merveilleusement i décrite et chanté :

Dans les plaines riantes de Naples, sur les bords du golfe enchanté, à deux pas du Pausilippe, il regrette son ciel brumeux, les chants doux et monotones qui ont bercé son enfance, les pélerinages à la

Marie, p. 89.

vierge du Folgoët, et les longs récits de la veillée, toujours les mêmes et toujours écoutés avec la même ardeur tranquille. Il semble qu'il ne soit assis un instant à côté du tombeau de Virgile que pour revenir, avec des ailes plus grandes,au pays d'Arvor. Il rapporta d'Italie la légende des Bretons, qui complète son œuvre sans en changer le caractère. Marie est l'idylle du printemps, belle comme une fleur sauvage; les Bretons sont le fruit d'un art plus exercé et plus maitre de lui, peut-être un peu attristé dans cette dernière œuvre par les déceptions de la vie et le pressentiment d'une mort prématurée. C'est toujours la Bretagne avec ses paysages et ses hommes, décrite comprise, expliquée, pénétrée dans sa tendresse profonde, dans sa calme et pieuse résignation, et dans l'inébranlable solidité de sa force morale. Quel est celui des compagnons de sa jeunesse qui ne retrouve, en le lisant, les chemins creux qu'il a parcourus il y a cinquante ans, les parfums qui embaumaient l'air, les jeunes cœurs sur lesquels il s'appuyait, et ces vieux cantiques entonnés le soir avec tant d'élan et de ferveur, dont les paroles aujourd'hui nous font sourire et dont le souvenir nous fait pleurer? Jamais évocation ne fut plus puissante et plus émouvante. On sent palpiter le cœur de la patrie. »

M. François Coppée a consacré à Brizeux un poëme dans les strophes prosaïques ont vengé notre poëte des injustes et dédaigneux refus de l'Académie française. A peine y trouve-t-on quelques beaux vers avec ceux-ci, où M. Coppée, faisant allusion à une guerre nouvelle, représente les Français qui s'uniront tous pour la défense de la patrie.

<< Et Jean Chouan donnerait les grains de son rosaire
Pour charger les fusils des bleus. »

Le titre de la Revue ne nous permet pas de passer sous silence l'erreur de l'académicien qui donne à Jean Chouan des lettres de naturaliste en Bretagne et la vérité historique nous oblige à dire que si Jean Chouan s'avisa de transformer en balles les grains de son rosaire, il s'en servit pour char ger son fusil et non celui de ses compagnons d'armes !

Le même jour, devant la plaque posée sur la maison natale du poëte, plusieurs poëmes ont été lus par MM. Durocher,

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