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M. le docteur Le Houx, ancien président de la société académique de Nantes, décédé en 1886'.

Jacques Cassard, fils puîné de Guillaume et de Guillemette, acheta la modeste maison dont nous venons de parler, et qui disparut vers 1750. De Jeanne Heurtin, sa femme, il eut huit enfants; Guillaume le septième, reçut le baptême, le 17 octobre 1628.

Celui-ci épousa, le 24 septembre 1664, dans la chapelle du Sanitat (ancien hôpital de Nantes), voisine de sa demeure, Jeanne Drouard, fille de Julien Drouard, marchand à la Fosse, et de Catherine Giraud.

La plupart des biographes de son fils lui donnent la qualité de capitaine de vaisseau au commerce. Les actes assez nombreux de l'état civil dans lesquels il figure, le désignent toujours comme marchand, c'est-à-dire négociant-armateur. Il est fort possible que Guillaume, fils, neveu, beau-frère et parent de maîtres gabarriers, ait navigué dans sa jeunesse. Mais, depuis son mariage contracté à l'âge de 20 ans, nous le voyons présent à la naissance de tous ses enfants, ce qui semble exclure la possibilité de voyages au long-cours, et par conséquent la profession de capitaine. Aussi maintenonsnous son titre de marchand à la Fosse, que vient confirmer un jugement par défaut, rendu contre lui, par l'administration municipale, le 8 janvier 1688, qui le condamne à faire relever, à ses frais, un vaisseau échoué à la Fosse, « sans qu'il soit besoin d'autre jugement, et icelluy exécuter selon sa forme et teneur, icelluy deffandeur condempné aux despans liquidés à trante sols, non compris le coust de la présante2.

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Treize enfants, cinq garçons et huit filles, furent les gages de l'heureuse union de Guillaume Cassard et de Jeanne Drouard. 1o Jeanne, née le 20 septembre 1665, mariée le 13 janvier

1 Arch. municip. de la ville de Nantes. Registres de l'état civil de Nantes etde Rennes; titres de la famille Le Houx.

2 Arch. municip. Série BB. reg. 57, fol. 9. Beaucoup d'actes de baptême, de l'époque portent : capitaine de vaisseau ou maître de barque, sans que jamais le nom de Guillaume soit accompagné de ce titre.

1693, à Pierre Mézard, capitaine au long-cours, dont elle eut trois fils décédés en bas-âge. Elle mourut en 1726, vingt ans après son mari, victime en 1706, du naufrage de la Bonne-Garde qu'il commandait.

2o Marguérite, née le 7 septembre 1667, mariée à son cousin germain Jean Drouard, marchand à la Fosse, décédée à l'âge de 81 ans, en 1748. Elle eut au moins quatorze enfants, parmi lesquels nous citerons : Marguerite, épouse de Pierre Drouet, capitaine au long-cours, et mère de François Drouet, négociant, consul en 1770, juge-consul en 1785, député du commerce de Nantes à Paris; Isabelle mariée à Jacques Darrèche, dont le fils Jacques Darrèche épousa Hélène-Perrine Le Gouais; sa petite-fille Hélène-Françoise, veuve de M. Tertrin, chef de bureau à la mairie, et décédée le 30 décembre 1859, âgée de quatre-vingt-quatre ans ; Jeanne, épouse de Martin-MichelCorneil Wlieghe, interprète de langues étrangères à Nantes. 3° Jacques Cassard, né le 24 septembre 1669, mort le 10 décembre 1674, âgé de cinq ans.

4° Pierre Cassard, né le 17 mars 1672, mort le 2 décembre 1671.

5o Isabelle, née le 26 février 1674, décédée le 1er juillet suivant.

6o Isabelle, née le 2 octobre 1675, vivante encore le 4 août 1739'.

7° Jacques Cassard, né le 6 janvier 1678, décédé le 2 septembre suivant.

8° JACQUES CASSARD, dont nous écrivons la vie.

9° Marie, née le 29 juin 1682, décédée le 13 octobre 1742. 10° Renée, née le 28 mai 1684, vivant encore le 4 août 1739. 11° Françoise, née le 27 mars 1688, décédée le 17 mars 1691.

L'arrêt pour le transfert des chantiers de constructions à Chezine, « est signifié le 4 août 1739, par l'huissier de la Maison de Ville, à demoiselles Elisabeth, Marie et Renée Cassard, comme propriétaires d'une maison sise dans la distance comprise de la rue Montaudouine, au quai vis-à-vis la maison de la Barbonnière. Arch. municip., série DD, dossier: Règlements des chantirs de construction.

12 Anne, née le 11 octobre 1690, décédée le 2 janvier 1694. 13° Pierre Cassard, né le 11 octobre 1692, parrain de son neveu Jacques Drouard, en 1704, et sur l'existence duquel nous n'avons pu trouver aucun détail.

Cette nomenclature intéressante au point de vue de la fécondité des familles au dix-septième siècle, et qui loin d'être une exception, rentre, au contraire dans la règle commune, est nécessaire pour arriver à déterminer l'âge de Cassard. Tous les biographes, sans exception, le font naître en 1672. Les acles de baptêmes de Pierre, 17 mars 1672, et d'Isabelle 26 février 1674 viennent infirmer cette date. En 1856', M. Armand Guéraud publia l'acte de baptême de Jacques, né le 24 septembre 1669, comme étant celui du brave corsaire, dont il augmentait ainsi l'existence de dix années. Acceptant sans contrôle cette date nouvelle, nous l'avons reproduite en 18732, en reprochant toutefois à M. de Courcy, de compter Cassard parmi les membres de la maison du maire de Nantes, Cassard du Broussay, avec laquelle il n'a jamais rien eu de commun que le nom. Aussi, lors de nos recherches pour établir d'une façon régulière la filiation et l'état civil de notre marin, surgit, un instant, le problème assez difficile, posé par l'existence de trois fils de Guillaume, du prénom de Jacques, mais bientôt résolu par le décès des deux premiers. Voici la reproduction textuelle de l'acte de baptême.

«Le second jour d'octobre mil six cent soixante et dix neuf, a esté baptisé en L'Église de St-Nicolas de Nantes, par Moy Vicaire d'icelle soussigné, Jacques, nay du dernier jour de septembre dernier, du matin, fils d'honorable homme Guillaume Cassard, marchand, et d'honorable femme Janne Drouard, sa femme. A esté Parrein Maistre Jacques Ferré, Greffier des Régaires dudit Nantes, et marreine honorable

1 Revue des provinces de l'Ouest, Nantes, A. Guéraud, 4o année 1856, p. 32. 2 Livre Doré de l'Hôtel de Ville de Nantes. Nantes 1873, t. 1er, p. 334. Voir, le Nobiliaire et Armorial de Bretagne, par Potier de Courcy, au mot CASSARD.

femme Martine Binet, femme d'honorable homme Pierre Drouard, marchand, tous demeurants à la Fosse, de cette parroisse, fors ledit sieur Ferré qui demeure en la GrandeRue, parroisse de S.-Denys, Tous soussignés.

Signé Martine Binet du Porteau; Ferré; G. Cassard ; P. Drouard; Jan Binet; J. Le Bordays, vicaire'. »

Jacques Cassard, huitième enfant de Guillaume Cassard, marchand à la Fosse de Nantes, et de Jeanne Drouard, naquit donc le 30 septembre 1679; et non en 1669, comme on l'a dit jusqu'ici.

Ses premières années, sur lesquelles nous n'avons aucune donnée, s'écoulèrent sur les rives du beau fleuve de la Loire. Non loin de la demeure paternelle, se dressaient les chantiers de constructions, alors fort actifs. Là aussi, les navires de toutes les parties du globe, venaient échanger leurs denrées contre les produits du sol breton, tandis que les équipages cosmopolites, espagnols, hollandais, norwégiens, anglais, irlandais, danois ou portugais, faisaient entendre les idiômes les plus variés, animant le riant paysage de leurs costumes bigarrés et pittoresques.

Bercé, en quelque sorte, aux sifflements harmonieux de la brise se jouant dans les cordages, sans cesse en contact avec les matelots, sa jeune imagination se développa rapidement aux récits des émouvants épisodes qu'il entendait raconter chaque jour. D'instinct, l'enfant se sentait entraîné à embrasser l'aventureuse carrière du marin, vers laquelle le portaient d'ailleurs les traditions de sa famille et ses propres aptitudes. Son oncle, à la mode de Bretagne, Nicolas Cassard, vicaire de la paroisse de Saint-Nicolas, lui servit probablement d'instituteur, et lui enseigna les éléments d'une instruction beaucoup plus soignée que celle donnée généralement aux jeunes gens de sa classe. A dix ans, en 1690, Jacques écrivait déjà

1 Arch. municip, série GG; registres de la paroisse de Saint-Nicolas, 1679, fol. 103 verso.

très régulièrement son nom sur les registres de l'état-civil'. Le 8 mai 1693, Guillaume Cassard mourait à l'âge de cinquante-cinq ans, laissant à sa veuve la charge assez lourde d'élever deux garçons et quatre filles, car l'aînée était mariée et la seconde allait épouser son cousin Drouard.

Cassard avait alors douze ans et demi; et tout nous porte à croire qu'il fit ses premiers débuts dans la marine, sur le Dauphin de Cayenne, appartenant à son beau-frère Drouard, et commandé par son autre beau-frère Pierre Mézard, très bon officier. Mais les registres d'embarquement n'existent plus, et nous sommes ici en désaccord avec les auteurs qui, sans preuves, nous le montrent naviguant, comme novice, sur des bâtiments de Saint-Malo, chose peu probable cependant lorsqu'il avait sous la main, à Nantes, tant de facilités, et qui est peut-être basée sur l'armement du SaintGuillaume, dont il sera parlé au chapitre second.

Quoiqu'il en soit, le jeune marin, ainsi que plusieurs de ses compatriotes, prit part à l'expédition dirigée contre Carthagène (Amérique du Sud), par le baron de Pointis parti de Brest, le 7 janvier 1697, avec huit vaisseaux, trois frégates, une corvette, deux flûtes et une galiote à bombes. « Lors de l'attaque par mer, Cassard embarqué sur la galiote, dirigea le tir des mortiers avec tant d'habileté et de précision qu'il parvint, en peu de temps à éteindre le feu des forts. Aussitôt il descend à terre, monte intrépidement à l'assaut en tête des flibustiers, avec un courage, une bravoure qui lui gagnent l'estime et l'admiration de ces hardis forbans. M. de Pointis rentra à Brest, le 29 août 1697. Ses vaisseaux chargés d'immenses richesses, évaluées à plus de quarante millions produits par le sac et le pillage de Carthagêne, l'une des plus opulentes colonies espagnoles, revinrent successivement dans les ports.

Notre opinion est surtout fondée sur l'analogie que présente la signature de l'abbé Cassard et celle de Jacques. De plus, l'excellente direction qu'il sut donner au tir des mortiers, pendant le siège de Carthagène, et la supériorité qu'il montra toujours dans le pointage de ses pièces dénotent une certaine connaissance du calcul et des mathématiques.

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