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Item, le moulin, au-dessous de cette terre, vers Poiroux, je le leur donne également.

Je leur donne et concède tout ce que je possède dans la Paroisse de Ste-Flaive où, moy, Aimery de Beuil, je reçois cinq parts et Achard Rhenox, trois seulement.

Item, je leur donne à Poiroux, dans mon cellier, la dîme du pain et du vin.

Pareillement, je leur donne ce que j'ai dans deux quartiers de vigne, un complant à Rimartin et deux quartiers dans la métairie de Talmont.

Item, dans la Forêt de Vertou, je leur donne le passage pour les animaux de toute espèce. Là, si c'est nécessaire, le porcher pourra abattre les glands, afin de nourrir les porcs avec plus d'abondance. Les moines y prendront le bois pour tous leurs besoins.

Item, à la Chénardière, je leur donne l'étang et le moulin prêt à moudre.

Item, à la pointe du Poyré de Curzon. je leur donne une grange avec toutes ses dépendances.

Je leur donne encore et concède toutes les acquisitions qu'ils pourront faire sur ma terre, en réservant mes droits de baronnie et d'hommage.

Je leur donne aussi la dime du moulin de la pointe de Curzon et la dîme du moulin de Villène.

Semblablement, je leur donne tout ce que je possède sur les moulins de Jard, le domaine et la moitié des fruits. Dans ces moulins, l'abbé de Bois-Grolland pourra établir un garde qui conservera les clefs.

De ces dons sont témoins: Foucher, abbé de l'Orbestier; Meschin, abbé de Moreilles; Pierre, abbé de Bois-Grolland; Pierre, Doyen de Talmont; Pierre de Poiroux et Tancrède, prêtre.

CHAPITRE II

Renseignements de la Gallia Christiana. - L'abbaye après sa

Son état actuel.

-

reconstruction. Un vœu en péril de mer. Quelle date faut-il assigner à la fondation de l'abbaye?

L'abbaye de Breuil ou de Bois-Grolland est fille de celle

» de Moreilles, issue de Clairvaux, de l'ordre de Citeaux,

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auquel elle fut réunie sous l'épiscopat de Maurice, évêque de

» Poitiers, vers l'an 1200. Auparavant, elle suivait la règle de » S. Benoît Elle est située dans la paroisse de St-Eutrope » de Poiroux, dans le Bas-Poitou, au milieu de forêts, de >> buissons et de bruyères, lieux dont on raconte d'étranges >> choses fabulosa loca à six lieux de la ville de » Luçon, seize de Nantes, onze de la Rochelle, une de Talmont » et trois de la place forte des Sables. »

C'est en ces termes pittoresques que les savants auteurs de la Gallia Christiana ont décrit la situation du monastère, en exagérant peut être l'horreur de son aspect sauvage, mais à coup sûr, en diminuant le parcours qui sépare Bois-Grolland des villes voisines, à moins qu'autrefois la lieue eût une distance sensiblement plus étendue que de nos jours.

Ils donnent une liste incomplète des abbés, nomment le fondateur et quelques uns des bienfaiteurs de l'abbaye; ils indiquent comme son restaurateur le moine Robin, alors prieur, qui, disent-ils, reconstruisit le monastère sur un plan nouveau et élégant - novo et elegante opere - appréciation inexacte, d'une part, et de l'autre, beaucoup trop flatteuse, car les moines n'eurent pas à reconstruire la chapelle dont les murs, sont encore debout'; quant à l'élégance du style, elle sera malheureusement contestée par tous ceux qui verront ce qui reste de la restauration du moine Robin.

Bois-Grolland eut à supporter trois incendies deux, pendant les guerres de Religion qui détruisirent l'habitation des moines, laquelle fut reconstruite à la fin du XVII° siècle; en 1832, pour la troisième fois, un incendie dont la cause est restée un mystère, consuma totalement le corps de bâtiment situé à l'est celui où se trouvaient les salles de réunion qui, en 1836, conservaient encore quelques traces de peintures à fresques. La couverture de la chapelle disparut dans les flammes; mais celles-ci ne purent entamer des murs de six

Le style roman de la chapelle a été reconnu par deux architectes distingués: M. Clair, ancien architecte du département de la Vendée et M. Lenoir, architecte à Nantes.

pieds d'épaisseur qui avaient déjà résisté au feu allumé par les gens de Soubise.

- Le corps de logis, qui échappa au dernier incendie, peut donner une idée exacte de la restauration du prieur Robin; par ce que l'on voit, il est aisé de reconstituer l'ensemble du monastère.

Le bâtiment qui subsiste, exposé au midi, a dix fenêtres de façade, deux pavillons saillants et quarante mètres de longueur. L'ensemble de la constrution est lourd, écrasé, ce qui tient au peu d'espace qui existe entre les croisées de l'unique étage et la toiture en ardoises qui est assez élevée.

Ruinés par le pillage et l'incendie, les moines durent travailler eux-mêmes à relever leur couvent, autrement il serait difficile de comprendre l'inégalité de la taille des pierres et bien d'autres défauts de construction. Ainsi, les croisées ne sont point placées à égale distance, principalement dans la cour intérieure où, par une étrange fantaisie, on a varié à plaisir la dimension des fenêtres. Sans doute aussi, la chaux coûtait trop cher : l'argile a servi de mortier et c'est uniquement à leur épaisseur qu'il faut attribuer la résistance et la solidité des murs.

L'abbaye avait une cour intérieure fermée au nord par la chapelle romane dont le choeur s'avançait sur le jardin potager, en dépassant de neuf mètres l'alignement du corps de logis exposé au levant, lequel rejoignait à angle droit celui du midi, dont nous avons parlé et dont il avait la même étendue et les mêmes dispositions extérieures. A l'ouest un porche couvert donnait accès dans la cour qui, de ce côté, était close par une vaste étable.

La hauteur du clocher était assez grande pour qu'on l'aperçut de loin: il figurait sur les cartes de la marine et voici, à ce sujet, ce qui nous a été raconté par MM" de Lezardière dont la famille est fort ancienne dans le pays..

Une princesse de Nassau avait en vue le clocher de BoisGrolland, lorsque le navire sur lequel elle se trouvait, fut

assailli par une forte tempête. Elle fit vou, si elle échappait au péril, de faire un don à l'abbaye de Bois-Grolland. Arrivée dans sa patrie, la princesse envoya aux moines un chargement de chênes de Hollande avec lesquels fut faite la charpente du couvent alors en reconstruction.

Cette pieuse princesse ne serait-elle pas Charlotte-Flandrine de Nassau, trente-neuvième abbesse de Ste-Croix de Poitiers en 1605, cette abbesse à qui la reine Marie de Médicis, de passage à Poitiers, confia une jeune fille, Angélique de Marans, qu'elle affectionnait d'une manière particulière? (Histoire des congrégations religieuses d'origine Poitevine, par M, de Chergé, p. 31).

Dans les notes qui accompagnent les Cartulaires du BasPoitou, le savant M. Marchegay élève des doutes sur la date de 1109, assignée par les auteurs de la Gallia Christiana, à la fondation de Bois-Grolland.

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«La liste des six abbés qui figurent au XIIe siècle, ne lui

paraît pas contredire absolument la date de 1109 pour la » fondation du monastère; mais il n'en est pas ainsi de la » liste des seigneurs de Beuil qui ont été leurs contempo» rains » parce que le cartulaire établit que pour toute cette période, ils ont eu seulement trois générations.

La longévité nécessaire à trois générations pour remplir un siècle, n'a rien d'excessif ni de bien surprenant: de nos jours encore, même dans la commune de Poiroux, il n'est pas rare de trouver des vieillards de quatre-vingts ans.

Si M. Marchegay n'avait élevé que cette objection, il n'y aurait pas lieu, ce semble, de s'y arrêter; mais il trouve un motif plus sérieux de contester la date de 1109 dans ce passage d'une lettre adressée par Jean Besly à André Duchesne: « Vous savez, écrivait-il', que Bois-Grolland a été fondé, en » 1144. »

Il ne se fut pas exprimé d'une manière aussi affirmative,

Le consciencieux auteur de l'Histoire des comtes de Poitou.

-continue M. Marchegay, - « s'il n'eut eu sous les yeux des pièces favorables à son opinion. D'ailleurs la bulle privi

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» lège que le pape Luc II, entre le 12 mars 1144 et le 25 février 1145, accorda à l'abbaye de Moreilles, lui confirme spécia»lement la grange du Bois-Grolland, qu'Aimeri de Beuil, » seigneur de Poiroux, a donnée audit Moreilles; d'où l'on » conclut que l'abbé Méchin ou Maichin, n'avait pas encore » consenti à l'érection en monastère du domaine qui était » alors une simple ferme, grangia. Il est aussi bien difficile » de faire remonter avant l'année 1109 l'abbatiat de Méchin, qui durait encore entre 1135 et 1146, à moins d'admettre, » circonstance peu probable, que Moreilles ait été administré » par deux personnages de ce nom pendant la première » moitié du XIIe siècle. Enfin, la donation de Philippe, comtesse de Poitiers, vers 1110, peut avoir été faite à SainteMarie, patronne de Moreilles, pour l'usage particulier des >> moines que cette abbaye avait au Bois-Grolland. >>

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« Ces diverses objections, et d'autres qui nous sont indi>> quées, ont certainement beaucoup de force. Il ne paraît pas possible cependant de renoncer à la date de 1109, avant qu'une discussion approfondie ait prouvé l'erreur des Bé»> nédictins, en précisant aussi la date de la fondation de » Moreilles et la série de ses premiers abbés. »

CHAPITRE III

Le cartulaire de Bois-Grolland (1109 à 1297). Chapelle de l'abbaye ses sépultures. Donations et legs. La foi au

XII et au XIIIe siècle : les croisés. Gouvernement de la famille.

C'est à l'érudit Président de la section d'Archéologie de la Société d'Emulation que l'on doit la publication du cartulaire de Bois-Grolland. Grâce à l'initiative du savant M. Marchegay, nous connaissons l'histoire de l'abbaye de Bois-Grolland

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