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extraordinaires appelés par l'intérêt de cette division rapporteraient dans leurs provinces et dans leurs villes que leurs réclamations n'avaient pas pu être méditées avec maturité et discutées dans le Comité; que, malgré la bonne volonté de M. Gossin, il en était ainsi des difficultés qu'il venait de soumettre à l'Assemblée, puisqu'il avouerait sans doute avec sa franchise ordinaire qu'hier, à onze heures, il n'avait pas encore pu porter ses regards dans la caderne? commune de Quimper et Landerneau, chargée de pièces intéressantes; qu'après en avoir pris une légère connaissance dans la nuit, il ne lui avait pas été possible d'en faire le rapport au Comité. Enfin M. Le Gendre a ajouté qu'il trahirait les intérêts de ses commettants en n'exigeant pas cette communication de lumières et d'opinions établies par la sagesse des décrets de l'Assemblé nationale..

M. Gossin a interrompu en cet endroit M. Le Gendre pour déclarer qu'en effet il ne lui avait pas été possible de faire le rapport au Comité, mais en même temps il a assuré qu'il avait donné trois heures à l'examen des différentes difficultés de la Bretagne.

M. Le Gendre a repris pour déclarer se référer absolument à l'Assemblée pour le renvoi de l'affaire au Comité... Il a ajouté que Quimper n'offre aucune commodité actuelle, aucun établissement propre à recevoir le siège de l'administration; que l'Assemblée avait déjà déclaré ne pas vouloir réunir dans la même ville le chef-lieu du district et le chef-lieu d'un tribunal de justice, et a supplié l'Assemblée de déterminer et de placer le chef-lieu du département dans le seul endroit indiqué par la carte et appelé par la convenance, par la commodité la plus générale.

Le prieur de Redon1 a fait observer que la ville de Quimper a plus de population que celle de Landerneau et qu'en général l'évêché de Cornouailles était le plus populeux.

M. Le Gendre a répondu qu'on ne devait considérer dans cette affaire que l'ensemble de la population et que sous cette considération Landerneau était la ville du centre; que du reste la population de l'évêché de Quimper avait été diminuée de trente-six paroisses, cinq villes ou gros bourgs...

M. Kerangon a demandé la parole. M. Expilly se proposait de la demander. On a crié aux voix et la clôture a été prononcée. M. Thuault sous forme d'amendement, a fait observer qu'il serait

Dom Le Breton. Voy. ci-dessus.

• Prudhomme de Keraugon, député de Morlaix. Voy. ci-dessous. 3 Thuault de la Bouvrie, député de Ploërmel. Voy. ci-dessous.

dangereux de laisser à décider en définitive par le département la désignation du chef-lieu... il a demandé que l'Assemblée prononçât une décision absolue. Il inclinait pour Landerneau.

M. Moyol s'est levé pour s'opposer à l'amendement et une grande partie de l'Assemblée a secondé cette opposition, qui n'était pas dans mes principes, parce que j'étais fortement persuadé que l'Assemblée n'hésiterait pas à voter pour Landerneau, quand elle ne serait pas arrêté par le non préjudice qu'elle voyait dans cet avis du Comité borné au provisoire d'une première assemblée de département.

Le président a mis aux voix la question de savoir si l'Assemblée jugerait le provisoire ou la définitive. Il a été décrété pour le provisoire, alors il a repris la question principale et annoncé qu'il allait mettre aux voix l'avis du Comité. J'ai demandé et obtenu la parole sur la manière de poser la question. J'ai fait apercevoir à M. le président que l'objet de la délibération n'était pas suffisamment annoncé, en ce qu'il ne rappelait pas à l'Assemblée l'addition faite par M. Gossin à son avis. J'ai ajouté que cette addition ellemême laissait de l'équivoque en ce qu'on aurait pu croire qu'elle ne s'appliquait qu'aux villes de Quimper et de Landerneau, pendant qu'il y avait encore d'autres villes en prétention de la concurrence aux établissements qui seront décrétés par la constitution comme Brest, Morlaix, et Carhaix; que pour ces motifs ou devait rendre l'addition du Comité en termes généraux.

Le projet de décret mieux posé et mis aux voix a passé à une très forte majorité2.

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30 janvier. On a donné lecture au long du serment renouvelé par les régiments de Normandie, de Beauce, et des cinq divisions du corps royal de la marine, successivement on a fait la lecture de l'adresse du conseil général de la ville et sénéchaussée de Brest. La salle a retenti par trois fois des applaudissements qui ont accueilli les dispositions patriotiques des garnisons et les expressions de l'adresse de cette ville, dont la diction a reçu les plus grands éloges que je suis chargé de transmettre à son auteur3. Voyez le procès-verbal du 21 de ce mois où je ne pus, par rapport aux embarras de l'Assemblée, obtenir que la mention ordinaire de cette

1 Député de Brest avec Le Gendre. Voy. ci-dessous.

2 La discussion ci-dessus est littéralement copiée. Il est à remarquer que Le Gendre dit de lui d'abord : « M. Le Gendre a... » puis plus tard « j'ai ». 3 Marec, plus tard député du Finistère à la Convention.

adresse et de celle de la garde nationale. Il a fallu attendre un moment opportun pour donner à la ville de Brest une satisfaction que l'Assemblée a bien partagée.

31 janvier. Nous avons répondu par avance à la prière que vous nous faites par la lettre du 27 du présent de presser dans l'Assemblée un décret qui résolve vos difficultés dans l'organisation de votre municipalité. Nous remimes hier matin votre adresse à cet égard au président pour en rendre compte à l'Assemblée. Il doit par lui-même en conférer avec le comité de constitution, mais nous doutons toujours qu'il se rende aucun décret, car la loi de l'exécution n'appartient pas au pouvoir constituant... Nous regrettons que vous soyez arrêtés, Messieurs, par des difficultés d'autant plus délicates qu'on ne peut les expliquer sans faire de mécontents. Car si vous pouvez marcher dans cette opération vous verrez bientôt les nobles se réunir à l'exemple de ceux de Rennes, où soixante et quelques ont fait individuellement le serment exigé par la Constitution. Alors le petit nombre de vos éligibles. qui nous a extrêmement surpris, prendra de l'accroissement...

Jeudi 4 feorier. (Le roy est venu à la séance sans appareil). Le roy a parlé debout et découvert. Nous ne chercherons pas à peindre la douce émotion, les sentiments délicieux qu'il a fait naître et dont le roy lui-même était pénétré. Il faut pour en juger avoir eu le bonheur de l'entendre, de partager cette effusion de cœur avec laquelle il s'exprimait, cet attendrissement de Sa Majesté dans la partie du discours où elle nous a communiqué sa sollicitude, son amour pour le peuple français, son dévouement à la liberté publique et son association entière aux travaux et aux succès de la Révolution.

5 février. Le compte que nous vous rendrons de la séance répond à l'empressement que vous avez de recevoir l'avis du Comité de constitution et un décret de l'Assemblée pour lever vos doutes sur l'organisation des nouvelles municipalités. Vous en êtes les juges et vous auriez déjà dù opérer suivant le mode qui vous eût paru le plus convenable,.. Il nous tarde que vous vous soyez déjà occupés des assemblées primaires et à cet égard nous vous faisons en avance notre observation de prévoir à la nomination de deur suppléants à l'Assemblée nationale1 pour la présente session...

Ceci nous prouve qu'on avait omis d'élire des suppléants en avril 1789.

Quand nous serions exempts de maladie, il est impossible que nous tenions encore longtemps à la fatigue du travail et des séances...

Ici nous rencontrons une lettre adressée à Messieurs de la municipalité et du comité provisoire de Rennes par M. le président du comité de Messieurs les Députés de Bretagne à l'Assemblée nationale reçue le 5 février 1799 et signée Le Gendre d'où il suit que notre avocat était, au moins en ce moment, président du comité des Députés bretons :

Messieurs et chers Concitoyens, la députation de Bretagne a entendu, dans son assemblée d'hier le récit des désordres qui viennent de se commettre dans quelques paroisses de la province aux environs de Plélan et de Ploërmel. Elle est, vous n'en doutez pas, Messieurs, vivement pénétrée des malheurs que cette insurrection de campagne a causés dans un moment où il ne reste plus qu'un dernier pas à faire vers la liberté.

Il est difficile de concevoir qu'une province qui dans toutes ses parties avait conservé une courageuse modération, un calme imposant, pendant que tout le reste du royaume était dans l'agitation, voit se produire dans son sein des actes de violence et de désespoir, quand on touche au terme de bonheur public; il faut croire que les auteurs de ces insurrections inattendues ont été entraînés par la crainte d'une contre-révolution souvent annoncée et dont nous ne devons plus redouter les effets. Le scrupule et la défiance du peuple s'accroissent en proportion de ce que les espérances sont plus belles. Il s'effraie de l'idée qu'il peut en être déchu. Il ne faut donc que l'armer de la confiance générale pour le rappeler à l'ordre et à la tranquillité.

Dans le menu rapport d'hier le comité de la députation de Bretagne a été instruit des mesures sages et pacifiques que Messieurs du comité provisoire et de votre municipalité réunis ont prises contre le pillage exercé contre les châteaux et chartriers de ceux que nous appellions seigneurs. Il a applaudi au zèle infatigable, à cette activité éclairée que vous continuez, Messieurs et chers compatriotes, de montrer pour ramener les esprits à la paix, pour contenir les ennemis du bien public et pour jeter de concert avec tous les représentants de la nation les fondements d'une régénération entière et durable. Il a donné surtout des témoignages d'estime et d'admiration à la conduite des militaires citoyens de votre ville qui

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se sont disputés à l'envi la gloire de braver tous les dangers, de se sacrifier, s'il le faut, pour dissiper les attroupements dans les campagnes.

Le comité a chargé son président d'avoir l'honneur de vous exprimer en son nom les sentiments de reconnaissance dont il est pénétré et sa satisfaction pour tout ce que votre patriotisme a fait et continue de faire dans les circonstances difficiles.

Il est flatteur pour moi en particulier d'avoir à remplir un devoir aussi cher à mon cœur et je vous prie, Messieurs, de me permettre d'y joindre mes remerciements respectueux et l'amour de mon plus parfait attachement.

J'ai l'honneur d'être...

« L. LE GENDRE. »

Je m'arrête ici, et constaterai seulement que le 5 mars on donne avis qu'une commission de cinq députés bretons s'occupe de la suppression des domaines congéables pour présenter un projet au comité de constitution, et que M. Le Gendre se livre très particulièrement à ce travail puis dans le bulletin du 10 mai, on avertit le public que M. Le Gendre, dont la santé est altérée par ses longs travaux, ne pouvant plus continuer son bulletin, il «y supplée par le Journal des Débats et des décrets de l'Assemblée nationale qu'on pourra consulter à l'hôtel de ville, les jours de courrier et suivants, à commencer de 9 heures du matin. >>

Le 14 juin, Le Gendre fut élu membre du comité de la marine, et au mois d'octobre membre du tribunal du district de Brest, malgré sa présence à l'Assemblée nationale. Puis je perds absolument ses traces et je ne sais ni où ni quand il est mort.

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