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SS. Donatien et Rogatien; mais pour nous, qui croyons devoir respecter la pieuse et constante tradition du diocèse qui veut que notre premier évêque ait été envoyé pour évangéliser notre pays par les successeurs immédiats des apôtres, contrairement aux auteurs qui placent le drame des EnfantsNantais au temps de S. Clair, nous croyons devoir le reculer jusqu'à l'épiscopat de S. Similien, d'accord, en cela, avec Albert de Morlaix. Pour nous, Similien est donc le Pontife qui versa sur le front de Donatien l'eau régénératrice du baptême.

S. Grégoire de Tours appelle Similien le Grand Confesseur, ne prétendant pas par là, lui décerner la palme du martyr, mais bien faire entendre qu'il glorifia Dieu par la pureté de sa vie. Ce témoignage de l'évêque de Tours montre combien la mémoire du saint pontife était restée en vénération dans le pays. Aussi est-il le seul, parmi les évêques de Nantes, dont le nom se trouve inscrit dans le martyrologe romain.

Il n'existe aucune relique de S. Similien; on montrait dans l'Eglise qui porte encore son nom, un tombeau mausolée qui n'est pas le sien, mais celui de quelqu'autre ancien évêque de Nantes ou d'un grand personnage. En faisant l'historique de l'Eglise et de la paroisse de St-Similien, nous aurons plus tard occasion de reparler du saint, des légendes et des traditions qui s'y rattachent. Nous avons cru que dans le catalogue des évêques, il était mieux de taire ces détails, et de les reporter à l'histoire des paroisses.

On chômait la fête de S. Similien dans tout le diocèse, au commencement du XIIIe siècle et peut-être longtemps avant; c'est ce que nous apprend le Livre synodal, rédigé vers l'an 1226. On a cessé de la chomer, il y a environ trois siècles et demi. Son office a rang de fête double dans le Livre des anniversaires de la Collégiale de Nantes. Cette fête se célèbre actuellement le 16 juin avec mémoire de S. Cyr et de Ste Julitte, martyrs.

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Eumélius, autrement: Emmelius, Emmetius, Eumerius, Emmerius, Emerus, Evhemerus. C'est le 1 évêque de Nantes dont l'époque soit bien certaine. Son épiscopat dut être fort long s'il succéda immédiatement à saint Similien. Ce qu'on croit pouvoir affirmer, c'est qu'il assista, en l'an 355 au concile de Rimini, convoqué par l'Empereur Constance, où il eut le malheur, avec plus de 400 autres évêques, de succomber aux artifices des Ariens et de souscrire une formule captieuse. Eumelius, suivant le nom que lui donnent les deux manuscrits de la reine de Suède, souscrivit en 374 au concile de Valence, sur le Rhône. Albert-le-Grand, toujours très précis, trop précis même souvent, fixe, sa mort à l'an 337. Les deux dates que nous venons de donner prouvent qu'elle doit être de beaucoup reculée.

Eumélius était pauvre et fut l'un des trois évêques qui aimèrent mieux vivre au dépens du fisc que d'être à charge à leurs riches confrères. Mais ne devons-nous pas voir l'une et peut-être la plus grande cause de sa pauvreté dans l'érection qu'il fit d'une magnifique église sur le tombeau de S. Similien, l'un de ses prédécesseurs. Nous disons à dessein l'un de ses prédécesseurs, car une lacune d'un ou de plusieurs pontifes doit exister entre Similien et Eumélius, si toutefois, l'on fixe comme nous, la date de la mort de S. Similien à l'année 310. C'est probablement à l'emplacement de l'oratoire bâti par St-Clair et qui avait servi de temple à Ennius, puis à Similien, pour honorer le vrai Dieu, qu'Eumélius construisit son église en l'honneur de S. Similien. Il y fixa sa résidence, et cette église devint la première cathédrale de Nantes. Cette opinion semble si bien fondée que, dans la liste des recteurs de Saint-Similien, donnée à la fin du XVIIIe siècle, par l'un

d'eux, Missire Le Breton de Gaubert, dont nous aurons occasion de reparler, figure avant tous les autres les premiers évêques de Nantes, depuis S. Clair jusqu'à Eumélius II, exclusivement, parce que ce dernier construisit une autre. cathédrale, à l'emplacement de celle qui existe actuellement et alla s'y établir.

C'est à Eumélius Ier que l'on doit la destruction du fameux temple païen des Namnètes, dédié au dieu Boul-Janus, fausse divinité particulièrement adorée par les Armoricains Gaulois, qui venaient, dit-on, trois fois l'an, au commencement de janvier, au milieu d'avril et à la fin d'août, offrir leurs sacrifices dans ce temple, desservi par douze prêtres de la secte des Druides. Ce qui ferait supposer que nos ancêtres, avant la diffusion de l'Evangile, avaient quelques notions du mystère de la St Trinité, c'est que le dieu Janus, d'après la médaille trouvée au pied du mur de la ville de Nantes, derrière l'évêché, en l'an 1592, et encastrée avant la Révolution, dans la muraille de la basse galerie de l'Hôtel-de-Ville, était représenté avec trois faces, bien que tous les païens, à l'imitation des Romains n'en donnassent que deux au leur. Ces trois visages étaient renfermés dans un triangle qui portait l'Alpha, 1re lettre de l'alphabet grec; le Nu, celle du milieu et l'Oméga, la dernière. C'étaient les caractères symboliques de la puissance de leur divinité, qu'ils regardaient comme le principe, le centre et la fin de toutes choses. Missire Le Breton de Gaubert, ancien recteur de St-Similien, à qui nous empruntons les détails qui précèdent, nous apprend que la dédicace de la basilique érigée par Eumélius, sous le vocable de S. Similien, se fit le jour de la Nativité de S. Jean-Baptiste, 24 juin de l'an 329. Mais il est plus que probable que cette date est fautive, et beaucoup trop ancienne, car alors il en résulterait : 1° qu'Eumelius succéda immédiatement à S. Similien; 2° que, 19 ans après sa mort, ce pontife était mis sur les autels, et qu'on pouvait ériger des temples en son honneur, ce qui n'est pas admisssible.

L'église St-Similien fut la seule église épiscopale, non seu

lement du pays qui forme aujourd'hui le diocèse de Nantes, mais encore de tous ceux qui composent les évêchés de Vannes et de Quimper, ce dernier n'ayant été distrait de Nantes qu'en l'an 392, au temps de Gradlon, roi de la Bretagne armorique. Ce fut sous l'épiscopat d'Eumelius que S. Hilaire, évêque de Poitiers, baptisa à RATIATE, S. Lupien'. Sous ce nom de RATIATE, quelques auteurs ont vu Rezai, (Rezé); Baillet (des Saints), y voit au contraire le bourg de SaintViau, appelé auparavant : Scobrit, à l'extrémité du pays de Rais. De cette appellation mal définie, le P. de Ste-Marthe (Nouveau Gallia Christiana. Series Episcopum Pictavorum) et Baillet, déjà cité, ont cru que le pays de Rais avait eu des évêques particuliers, dont le siège aurait été Ratiate. Mais, dans la seconde moitié du IVe siècle, le diocèse de Poitiers s'étendait jusqu'à Nantes, dont le séparait seulement la Loire; il est donc plus rationnel de penser que les évêques de Poitiers, se désignaient par une des provinces de leur évêché. Nous en verrons bientôt la preuve à propos de Nantes.

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Marcus, autrement : Marsus, Marsius, Marsinus, Martinus, n'est connu que par les deux catalogues manuscrits de la Reine. de Suède et ceux qui leur sont postérieurs. On croit qu'il occupait le siège de Nantes en l'an 383. Certains hagiographes font de Marcus un saint, et rien ne s'oppose à ce qu'il le soit, en effet, surtout quand on voit plusieurs paroisses du diocèse de Nantes placées sous son vocable; telles sont StMars-la-Jaille, St-Mars-de-Coutais, St Mars-du-Désert. (Nous ferons remarquer cependant que, dans l'Ordo diocésain, ces

Recherches archéologiques et hagiographiques sur S. Lupien de Rezé par M. l'abbé A. Cahours, chan. de Nantes et d'Autun. Nantes, Imp. Forest . E. Grimaud, 1879.

trois paroisses, ainsi que celle de Doulon sont placées sous le patronage de S. Médard (Noviomensis Episc. 457-545). Mais ce que l'on ne peut admettre, c'est la confusion faite entre l'évêque de Nantes et un autre saint du même nom, qui abdiqua, dit-on, l'épiscopat, et se retira dans une solitude, à Bais, au diocèse de Rennes. Le S. Mars, honoré dans ce dernier évêché, vivait au VIe siècle, et il est plus que probable qu'il est celui dont il est fait mention dans la vie de S. Melaine, mais il n'a rien de commun avec Mars ou S. Mars de Nantes. Celui-ci n'est connu que par les catalogues, sans qu'on puisse même assigner une date à son épiscopat. Cependant Travers le fait mourir en l'an 391 (p. 36, t. I). Albert de Morlaix prétend, mais à tort, qu'il fut sacré en 337. Du Paz et d'Argentré ne donnent pas la date de son sacre.

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Arisius, autrement Aristius, Alisius, Alitius. Aritius ou S. Aritius d'après les mss. de la reine Christine fut le successeur de Marsus. Il parait avoir vécu jusqu'aux premières années du Ve siècle. Il ne nous est, du reste, connu également que par les catalogues. Cependant S. Jérôme pourrait peut-être en avoir parlé dans une de ses lettres. En effet, dans celle qu'il adressa à Algasia, dame armoricaine, qui habitait près de l'océan, aux extrémités de la Gaule, et qui lui avait demandé la solution de plusieurs difficultés sur l'Ecriture, il s'étonne de ce qu'elle l'envoie consulter jusqu'à Bethléem, lorsqu'elle avait auprès d'elle le prêtre Alitius capable de résoudre tous ses doutes. « Je ne sais, dit Travers, » lorsqu'il y a tant de ressemblance entre les noms d'Arisius » et d'Alitius, si Arisius, évêque de Nantes, n'est point l'évêque que S. Jérôme désirait que sa dame bretonne eut

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