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dit à ce propos, p. 85, que « les fantômes associés à un endroit, une chambre par exemple, qui sont vus par toute personne y couchant pourvu qu'elle ne soit pas trop réfractaire aux influences fantastiques de ce genre, sont d'une étude difficile et peu satisfaisante. Les témoignages en faveur de l'existence de ces apparitions fixées dans un endroit déterminé sont sérieux, mais ils ne sont pas concluants; ces apparitions ne sont pas comprises dans les fantômes des vivants, ni dans les hallucinations dues à l'action télépathique d'un blessé ou d'un mourant ». L'exemple de hantise d'une chambre par un paquet montre que l'action télépathique d'une personne habitant la maison ou peut-être, dans d'autres cas, une maison voisine, peut parfaitement suffire pour créer une apparition.

On remarquera que, dans tous les cas cités jusqu'ici, la transmission de l'agent s'est faite tout à fait inconsciemment. C'est la règle générale, mais il en existe d'autres de transmissions et même d'apparitions expérimentales volontaires dont il sera question plus loin, ce chapitre étant réservé aux cas spontanés.

2o CONDITIONS NATURELLES DE TRANSMISSION
ET DE RÉCEPTION

Ayant été amené par expérience directe à rejeter la première partie des conclusions de VASCHIDE, c'est-à-dire que les hallucinations télépathiques véridiques sont dues seulement au parallélisme psychique, je me suis demandé si, en approfondissant l'étude comparée des cas spontanés publiés par les auteurs anglais et par FLAMMARION et aussi par Charles RICHET (enquêtes au front), on ne pourrait pas rechercher si ces phénomènes obéissent à des lois qu'une statistique ferait apparaître, ce qui aurait pour effet d'écarter définitivement l'hypothèse des coïncidences fortuites, deuxième partie des conclusions de

VASCHIDE. Cela permettrait de plus, dans le cas affirmatif, d'étudier le rôle de l'agent que VASCHIDE a, bien entendu, laissé entièrement de côté, puisque, d'après lui, le phénomène hallucinatoire n'a pas d'autre cause que l'imagination du sujet qui le perçoit.

J'ai donc relu attentivement tous les cas publiés par les auteurs cités, en notant le sexe, l'âge de la personne qui pouvait être considérée comme l'agent, ainsi que du percipient, et leurs états de conscience au moment du phénomène veille, sommeil, coma, etc... J'en ai tiré des statistiques que je résume dans les tableaux I, II, III.

Un coup d'œil sur le tableau Ici-contre montrera que les hommes sont meilleurs agents que les femmes et que, réciproquement, les femmes sont meilleurs percipients que les hommes, d'après les auteurs anglais et FLAMMARION, la statistique sur l'enquête de RICHET au front étant faussée par le fait qu'elle s'adressait particulièrement aux hommes. Les enfants et jeunes gens paraissent meilleurs agents que les vieillards et surtout bien meilleurs percipients (10 fois plus). Les enfants du sexe masculin et les jeunes gens paraissent être à égalité avec les jeunes filles et enfants du sexe féminin. Si on rapproche ces résultats de ceux de VASCHIDE, on remarque qu'il reconnaissait aussi une légère supériorité des femmes sur les hommes comme percipients (dans tous les cas faux et véridiques), ce qui s'explique aisément, puisque, dans l'hypothèse psychologique, la femme laisse son imagination vagabonder plus que l'homme.

Par contre, au sujet des jeunes gens et des vieillards, la statistique de VASCHIDE est absolument inverse de la mienne, ce qui confirmerait ma thèse qu'il classait une multitude de visions absolument différentes des hallucinations télépathiques.

<< Un jeune homme a rarement de pareilles hallucinations (ce que je trouve en effet), tandis qu'une mère, un père, une personne âgée en un mot, les éprouve plus facilement et leur accorde un plus grand crédit. Le fait

TABLEAU I

Rapport du sexe et de l'âge avec le rôle d'agent ou de percipient

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me paraît constant et je l'ai retrouvé dans toutes les classes de la société », dit VASCHIDE.

Malheureusement son terme de personne âgée est un peu vague il paraît désigner l'âge mûr plutôt que la vieillesse, et, dans ce cas, nous serions tout à fait d'accord. Mais il faut marquer quand même que les cas dus aux vieillards sont extrêmement rares.

Cette faculté humaine, quelle qu'elle soit, semble, du reste, obéir exactement aux lois habituelles de la pensée. On sait, en effet, que la vitesse associative des idées augmente avec l'âge jusqu'à la vieillesse, et qu'elle décroît alors pour devenir moitié plus longue chez les vieillards que chez les jeunes gens (ZIEHEN et surtout RANSCHBURG. Voir CLAPARÈDE, L'association des idées, (Oct. Doin, 1903, p. 289). Paul ADAM, dans la Ruse, établit un parallèle entre le développement sexuel et la production intellectuelle.

En résumé, si ce premier tableau ne nous apprend pas grand'chose de nouveau, il nous prouve que la méthode n'est pas mauvaise et que nous ne faisons pas complètement fausse route, ce qui est l'essentiel.

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Le tableau II nous montre que les hommes sont bien meilleurs agents pour les femmes que les femmes pour les hommes, ce que nous savions déjà, et que les hommes sont meilleurs agents pour les hommes que les femmes pour les femmes. Ceci est assez curieux; mais ce qui s'expliquerait le moins par la thèse psychologique de VASCHIDE, c'est que l'influence des hommes sur les hommes l'emporte nettement sur celle des femmes sur les hommes.

Si, au contraire, on admet comme hypothèse d'étude que la télépathie est due à l'influence d'une force émanant du cerveau de l'agent, on comprendra mieux que l'homme mûr émette une plus grande force que la femme, l'enfant ou le vieillard. La rareté du rôle d'agent chez le vieillard semble écarter de suite l'hypothèse d'une transmission purement spirituelle comme celle admise des spirites.

Enfin, on peut chercher à déterminer l'état de conscience le plus favorable de l'agent et du percipient, dès qu'on admet comme possible l'hypothèse de la télépathie.

Les auteurs anglais et FLAMMARION ont classé dans des chapitres différents les cas de télépathie se produisant à l'état de veille et de sommeil chez le percipient, mais n'ont pas insisté autrement sur l'état de l'agent, sauf sur le point que, dans le plus grand nombre des cas, l'agent était au moment de la mort ou dans le coma. Les auteurs anglais font aussi cette remarque que, sur 393 cas environ, dans 35, soit 9 0/0, l'agent s'est noyé, alors que la proportion de statistique des morts accidentelles de ce genre n'est que de 5 0/0 pour la population masculine. Dans 6 autres cas, il s'en est fallu de peu que l'agent ne périsse de cette façon. La mort accidentelle. brusque paraît donc, jusqu'à plus ample information, favorable à la production des « ondes télépathiques »> (Je ne connais pas de cas pour l'asphyxie volontaire ou involontaire par l'oxyde de carbone).

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